B I E N V E N U E
chez Nous Z ' AUT '









Musique d'"Ennio Moricone": "Il était une fois dans l'Ouest...."
ou "Il était une fois en Algérie..."

(En partie) Extrait de Guerre d'Algérie

"Ce n'est pas être Passéiste que de se rappeler..."

1962



***A partir du sommaire de cette page ci-dessous, et en cliquant sur la souris vous pourrez atteindre directement le paragraphe concerne...


SOMMAIRE:

03: MARS 1962

04: AVRIL 1962

05: MAI 1962

06: JUIN 1962

07: JUILLET 1962

08: AOÛT 1962

09: SEPTEMBRE 1962

10: OCTOBRE 1962

11: NOVEMBRE 1962

12: DECEMBRE 1962










MARS 1962

18 Mars 1962

Accords FRANCE/FLN:
De Gaule annonce le Cessez le Feu pour le 19 Mars à midi et le scrutin pour le 8 Avril entre l'autodermination offrant le choix:
- entre le maintiendu statut de Département Français
- ou l'INDEPENDANCE.
le 19 Mars
Libération de Ben Bella, Aït-Ahmed, Boudiaf, et Bitat (FLN).

*Texte des Accords d'Evian:

les Jours suivants ce 19 Mars
Bab-el-Oued, Quartier populaire d'Alger, était devenu un ENFER et un GHETTO avec blocus Ratissage Déportation de la part des autorités Française.

LE 26 MARS:
-Par Solidarité, une foule nombreuse s'est rassemblée pour une MARCHE PACIFIQUE vers ce quartier Populaire en passant par la Rue d'Isly.
Cette manifestation était naturellement interdite.
S'est mise en place un dispositif de Gendarmes, CRS, troupes du contingent et une compagnie de tirailleurs.... musulmans venus des Djebels, transbahutés depuis des jours, fatigués et nerveux, et surtout sans pratiques de maintien de l'ordre en milieu Urbain...

Les armes sont chargés....
-14h50:on tire sur la foule: Bilan "46 morts et plus de 150 Blessés"...

Sans commentaires: un extrait de Wikipedia sur le sujet









AVRIL 1962



Extraits de journaux et commentaires au jour le jour:

Les détails journalistiques sont hélas, des "mauvaises nouvelles" et si trop longues pour vous:
Passer directemnt en bas de page pour le "Bilan AVRIL 1962"



1 Avril 1962
5 attentats, 3 morts, 2 blessés.
6 plastics.
Le centre ville d'Alger, bourgeois, est bouclé et fouillé, nombreuses arrestations.
5 officiers déserteurs du maquis O.A.S. de l'ouarsenis arrêtés.
Pierre Aoustin, pied noir d'Aïn Bassem, disparaît à jamais.
Comme lui, Gilbert Bayard, pied noir d'Alger, employé de bureau est aussi disparu.
A Oran Katz ne communique plus le chiffre des victimes du FLN "de crainte de provoquer la rupture du cessez le feu".
Les gaullistes et le FLN mettent en place une coopération secrète :
Vitalis Cros, préfet de police d'Alger, ne cache pas qu'il coordonnait son activité avec celle du FLN.
"Le FLN était devenu un parti reconnu le 19 mars.
Dès le 30 mars, nous nous sommes concertés de plus en plus régulièrement en accord avec le Rocher Noir et le Président Fares".
Le FLN n'a fait qu'amplifier ses actions après le 19 mars.
Le Préfet précise qu'il participa, dès le début d'avril,
à des "rencontres quotidiennes" avec Omar Oussédik "pour coordonner notre action avec celle des organisations algériennes".
Vers quels buts tendait cette coopération ? Vitalis Cros est relativement imprécis:
"...il s'agissait", dit-il, "d'approvisionner les quartiers musulmans terrorisés et repliés dans leur terreur, de ravitailler les cliniques,
- notamment celle du Clos Salembier
- et d'intégrer peu à peu la force réelle de l'Exécutif et du FLN dans le dispositif général
" Le Préfet fait allusion ici à une activité humanitaire et à une aide apportée à la population.
Cependant ses contacts ne se limitent pas à cela.
"Intégrer peu à peu la force réelle de l'Exécutif et du FLN dans le dispositif général " est une formule délibérément neutre qui peut paraître anodine.
Elle ne l'est pas car elle signifie: participation du FLN à l'ordre public.
Pour cela, il lui faut disposer d'un corps de police.
Sous la dénomination de Corps Urbain, il entre en service dans la capitale au printemps de 1962.
Ses membres sont appelés les A.T.O. (Auxiliaires Temporaires Occasionnels).
A Alger, cette force, de l'Exécutif sera un des fruits essentiels de la coopération de la Préfecture de Police et du FLN.
Ainsi Vitalis Cros nous apprend qu'il devait recruter et former quelque 200 A.T.O..
Ces fameux A. T.O. ne sont donc pas des gens seulement agréés par le FLN mais bien choisis par lui.
On ne peut que les considérer comme une force sous influence,
une milice à son service, bien qu'elle soit, ne l'oublions pas, équipée par les autorités françaises.

2 Avril 1962
L'armée française attaque à l'arme lourde le maquis OAS de l'ouarsenis, elle arrête 44 hommes dont sept officiers.
Les maquisards n'ont pas voulu tirer contre leurs anciens camarades, qui, eux n'ont pas hésité,
ils ont tué le lieutenant Ferrer et le sous lieutenant Moutardier.
A Alger, dix attentats font 7 morts.
A Oran, deux morts, 5 blessés.
A Blida, des parachutistes se heurtent à une foule musulmane hostile, nombreux morts.
A Perregaux, un groupe FLN attaque des militaires français, 4 tués (dont un égorgé), sept F.L.N. abattus.
"Ouverture de la campagne officielle du référendum" devant approuver les déclarations d'intention d'Evian, aucun parti partisan de l'algérie française n'est autorisé à y participer. La campagne ne couvre pas l'algérie, dont le sort est en jeu.
Parmi les plus spectaculaire (et de loin le plus médiatisé) l'attaque par l'O.A.S. d'un P.C. du F.L.N., ancienne clinique, qui servait aussi de centre de torture et de prison.


4 Avril 1962
17 attentats, 9 morts, 5 blessés à Oran.
5 enlèvements à Oran.
Hold up (cent millions d'ancien franc).


5 Avril 1962
Le contingent est désaxé, désarçonné, désemparé.
Le jeu des rivalités et des inimitiés, la haine du pied-noir, les oppositions calculées et provoquées entre cadres et hommes de troupe, entre Légion et parachutistes d'une part, unités "régulières" d'autre part, ont fini par désorienter totalement 1'armée si soudée de 58 et 59.
Si l'intégration de l'Algérie dans la France a été combattue par tous les moyens, la désintégration de l'Armée, elle, a fait son oeuvre.
Aussi, les incidents se multiplient-ils, cachés bien sûr aux yeux de tous et surtout de l'opinion métropolitaine.
Ils n'en deviennent que plus graves, parce qu'ignorés pour la plupart, mais admis et acceptés tacitement par un commandement passif.


6 Avril 1962
r> 41 attentats, 39 tués et des blessés .
Comme d'habitude depuis le 19 mars, ces chiffres ne portent que sur les zones encore contrôlées par les français, et donc ne comprennent pas les réjouissances sanglantes du bled.
Les chiffres d'Oran sont censurés par Katz, et donc non connus.
Dont 18 à Alger, y compris un tir de mortier de l'O.A.S. sur la casbah
Dont 14 à Oran y compris un couple de sexagénaires retrouvés égorgés
. Dont 3 à Relizane où le F.L.N. liquide d'un coup le maire musulman, le secrétaire de mairie et le directeur départemental de la protection civile
La totalité du bureau de la commission de la defense nationale à l'assemblée du même nom démissionne.
Il s'agit de protester contre l'interdiction qui lui est faite d'aller enquêter sur les circonstances du massacre de la rue d'isly, et plus generalement sur la totale opacité des événements d'algérie.
Jamais une telle demission collective n'avait eu lieu.



7 Avril 1962
22 attentats, 17 morts, 17 blessés.
Dont dix morts à Alger,
et 7 à Oran dont un adjudant.
L'armée continue à éradiquer le maquis O.A.S. de l'ouarsenis,
elle arrête 65 personnes dont de très nombreux harkis musulmans, ceux là auront la vie sauve car ils seront transférés en France pour leur procès.
Arrestation de Degueldre, le chef des Deltas d'Alger,
Arrestation à Marseille de 11 activistes, dont 10 étudiants.
Vote au référendum approuvant les déclarations d'intention, baptisées "accords" d'évian.

8 Avril 1962
30 attentats, 26 morts, 67 blessés.
Dont 7 morts à Alger, 20 blessés, 14 plastics.
Le référendum
(dont les personnes vivant en Algérie, y compris miliaires et fonctionnaires, pourtant les premiers intéressés ont été exclues sage précaution, s'ils avaient en majorité voté non?
Approuvant les accords d'évian donne sur 27 millions d'inscrit:
6.573.181 abstentions (24 %),
1.108.982 nuls,
1.794.072 non (6,7 %)
et seulement 17.505.029 oui (65 %),
malgré l'infernale propagande qui l'a accompagné et l'interdiction faites aux partisans de l'Algérie française de s'expliquer.

Au comité des affaires algériennes de ce jour, Joxe déclare:
"il n'y aura pas de retour massif des harkis, c'est de l'intoxication et du bourrage de crânes".
Plutôt des égorgements, semble-t-il.


9 Avril 1962
22 attentats, 20 morts, 9 blessés.
7 plastics à Alger.
Les troupes libérées de la garde des fermes et des ponts du bled livrés au F.L.N. gardent maintenant les banques, pour éviter les hold-up.


10 Avril 1962
10 morts, 23 blessés.
10 plastics à Alger.
L'université et deux collèges fermés par décision de la délégation générale.
10 "activistes" arrêtés à Bordeaux.
Monsieur Massenet, Conseiller d'état,
Président d'une commission interministérielle concernant le "Rapatriement Eventuel des Personnels placés sous le contrôle des Autorités Militaires" remet son rapport.
On y lit entre autre "les musulmans fidèles ont besoin de notre aide et on n'a pas le droit de les abandonner".
Aussi : "Ces gens ont combattus pour nous, ils frappent à notre porte, sous peine de mort.
La question qui se pose est : devons nous les rejeter?"
Ce rapport est bien accueilli par Pompidou, alors premier ministre, mais Joxe sera contre, il dira à Pompidou :
"Ce rapport est inadmissible. Il trouble les esprits" (d'après Massenet, la phase finale de la guerre d'algérie.)
Il ajoute : "il faut scier les pieds à la commission Massenet" qui sera dissoute le 19 avril.

11 Avril 1962
18 morts, 37 blessés.
Obus de mortier O.A.S. sur le palais d'été, 7 gendarmes blessés.
Grenade FLN dans la foule à Bône, 22 blessés, tous civils,
7 officiers, 15 sous officiers, 85 hommes de troupe de la DBFM, stationnée à Oran, rejoignent en corps l'OAS.

12 Avril 1962
13 morts, 26 blessés
Dix plastics
Combats de rue à Alger, 6 morts 12 blessés chez les gardes mobiles, deux civils tués .
Sabotage de la tour de contrôle de l'aérodrome de maison carré.

13 Avril 1962
30 attentats, seize morts, 35 blessés.
Après trois audiences, le général Jouhaud est condamné à mort, à la guillotine que de Gaulle avait dès 1958 épargné aux terroristes F.L.N.
En effet, Jouhaud, condamné par contumace lors du procès du putsch à la dégradation était juridiquement civil.
L'avocat général a été particulièrement virulent
De nombreux témoins ont essayé d'expliquer qu'il est l'emblème des pieds noirs trahis et trompés, et menacés de mort.
Et que sa condamnation est celle de toute une communauté.
Parmi ces témoins, la veuve d'Albert Camus, des officiers, des députés, de très nombreux musulmans.
Ces arguments poussent visiblement le jury à la sévérité,
Ce même jour, Messmer, ministre des armées, publie une instruction à l'armée sur les harkis :
Primo : désarmement immédiat.
Secundo : Licenciement avec prime (six mois de solde minable) ou engagement dans l'armée d'active, (plus tard, devant l'afflux, il sera précisé que c'est seulement pour les célibataires) Le choix doit être effectué immédiatement et est irréversible.
Tertio : Ceux qui n'acceptent pas le licenciement sont regroupés dans des camps spéciaux gardés par l'armée.
Quarto : le désarmement doit être terminé pour le 15 avril. Le regroupement pour le premier mai.


14 Avril 1962
18 morts, 24 blessés.
Grève totale dans les villes d'algérie, à la demande de tous les syndicats.
Pompidou nommé premier ministre, Debré n'est plus utile comme amortisseur.
A Tunis, Ben Bella insiste :
"Nous sommes Arabes, nous sommes Arabes, nous sommes Arabes" répété trois fois.
C'est la guerre non seulement aux chrétiens et aux juifs (c'est pas nouveau) mais aux kabyles.
Une déclaration d'un racisme très pur accueilli avec enthousiasme par les autorités morales françaises.

15 Avril 1962
30 morts, 57 blessés.
Trois jeunes pieds noirs tués à coup de pierre par des musulmans.
Les policiers André Landzman et Germain Graby sont enlevés par le FLN, on n'aura plus jamais de leurs nouvelles.
Plastic au rectorat.
Les enlèvements d'européens recommencent, on en signale à Collo, à Chréa.
Les enlèvements sont les assassinats soft,
Les avocats de Jouhaud présentent sa grâce à de Gaulle qui ne dit rien.

16 Avril 1962
27 morts, 39 blessés.
Dans le train entre Oran et Alger, trois militaires sous uniformes français, musulmans, qui allaient en permission, sont égorgés par le F.L.N. pour l'exemple.
C'est la minuscule partie immergée de l'incroyable iceberg d'exécutions, qui se passent dans le bled dans le silence des médias.
Aït Ahmed, menacé dans sa vie par ses anciens collègues, prend le chemin de l'exil.
(En Suisse où il dispose des fonds collectés en France par le F.L.N.).

17 Avril 1962
49 morts, 21 blessés.
La croix rouge internationale publie un communiqué rappelant que les "accords" d'évian prévoyaient la libération des prisonniers le 7 avril et que le GPRA n'a rendu personne, alors que le gouvernement français a liberé 1840 detenus.
Après de nombreuses démarches sont rendus 9 soldats, 3 à Tunis, 4 à Rabat, 2 à Tizi Ouzou, ce seront les seuls, les français en attendaient plus de 500...



18 Avril 1962
A Alger 18 morts, 18 blessés.
A Oran, 8 morts, un blessé.
La fédération de France du FLN s'indigne que "des opérations de police soient encore menées contre les algériens à Marseille ".

19 Avril 1962
20 morts, 31 blessés.
Bagarre entre communautés au marché Clauzel à Alger, un européen tué, 3 musulmans aussi.
A Oran, bouclage et fouille détaillée du quartier "Plateau Saint Michel " l'opération durera trois jours.
Joxe confirme que la priorité du gouvernement va vers la lutte anti OAS.

20 Avril 1962
8 morts, 2 blessés. Arrivée de deux nouveaux escadrons de gendarmerie, portant à 12.000 hommes les troupes directement affectées à la lutte contre l'O.A.S. Messmer (de l'acadéfraise) et Joxe décident de mettre les ATO (troupes du F.L.N. habillées et armées par les gaullistes) dans les quartiers européens. Ils s'y régaleront. Salan est arrêté à Alger, en compagnie de sa femme, sa fille et son aide de camp, le capitaine Ferandi. Salan et ses compagnons sont immédiatement transférés à la Santé où les nombreux détenus Algérie Française lui font une ovation.
Les gaullistes et les gauchistes anti peine de mort:
se précipitent à la prison de la santé et esquissent un assaut, dans le but avoué de le mettre à mort immédiatement.
La police intervient, 20 blessés.


22 Avril 1962
10 morts, 15 blessés.
Plastics à Alger en particulier dans l'imprimerie de l'écho d'Alger, le concierge en meurt d'une crise cardiaque.
Plastics à Constantine et Philippeville.
A Constantine une bombe anonyme explose dans la villa de Portelli.


Libération de 200 FLN de Fresnes, dont Saadi, condamné trois fois à mort.

Ils vont se ruer en algérie, à la curée.

23 Avril 1962
Dix morts, 20 blessés.

24 Avril 1962
20 morts, 12 blessés.
Enlevement par le FLN du lieutenant de SAS François Le Merre, jamais retrouvé.

25 Avril 1962
34 morts,
42 blessés,
au moins trois enlèvements dont :
-Une femme de 42 ans qui est sortie sur son balcon pendant que les gendarmes patrouillaient, à Alger.
-Un enfant de 17 ans qui collait des affiches, à Alger.
-Une femme de 25 ans, violée, lynchées et abandonnée pour morte dans un quartier en bordure des quartiers d'Alger
que les musulmans ont déjà épurés ethniquement et où le FLN fait la loi.
-Un adjudant et son épouse à Bône ;
De gaulle à Peyrefitte, "Que les français se persuadent qu'il leur faudra bien s'accorder avec le FLN sans que la France ne les protège ou bien il leur faudra rentrer en france."
Un car est attaqué en grande Kabylie, les femmes qui s'y trouvent sont battues à coup de bâton
Une émeute de musulman cherchant à gagner un quartier de maison à Alger est réprimée par l'armée, 200 arrestations.
Un agriculteur enlevé à Oran.

26 Avril 1962
21 morts,
23 blessés,
quatre enlèvements.
Plastic à Maison Blanche, deux avions endommagés.
Nombreuse arrestations à Oran, permettant la saisie de 18 tonnes d'armement et de munitions.
Une voiture piégée explose place du gouvernement à Alger, une vingtaine de blessés(8 morts, nombreux blessés).

27 Avril 1962
15 morts,
40 blessés.
La directrice de l'école communale de Maison Carré violée et battue.
Disparition (certainement enlevé par le FLN) de l'officier de police Georges Uriot.


28 Avril 1962
19 morts,
16 blessés.
Le centre ville d'Oran est interdit (sous peine d'ouverture du feu sans sommation) aux automobiles comme aux piétons.
Grenade dans un café de Aïn -Temouchent, 5 morts
Harkis liquidés à Saïda.
Plastics à Berre et à Avignon

29 Avril 1962
10 morts
6 blessés,
quelques enlèvements, en particulier du sergent chef de l'armée de l'air Gilbert Dubocage,
des égorgements dans le bled passé au FLN,
29 plastics.
Dans le département d'Oran:
On recense 35 enlèvements depuis trois jours.
Les quatre derniers prisonniers du FLN, sont libérés à Rabat, portant à 9 le nombre de soldats français rendus,
le FLN prétendait en avoir plus de 500.
Tous les autres avaient bien entendu été exécutés.


30 Avril 1962
10 morts, 48 blessés,
un nombre non précisé de musulmans engagés envers la France et de pieds noirs enlevés.
Dix enlèvements dans la région de Tlemcen.
Cinq militaires français égorgés dans un poste militaire à Marnia par des déserteurs, espérant ainsi racheter leur vie.
Affrontement entre communautés à Aïn -Temouchent 5 morts (trois européens, deux musulmans) 20 blessés.



Bilan d'Avril 1962

En avril 30.000 personnes ont quitté l'algérie, portant à:
66.000 les départs depuis le début de l'année.
En Avril, il y a eu 184 enlèvements d'Européens

(du 17 au 30, soit en 13 jours il y a eu 154 enlèvements ), un chiffre reconstitué à partir des documents retrouvés dans les archives.



ALGÉRIE FRANÇAISE: DES DISPARUS QUI PARLENT
Roger Vétillard
le 30/12/2011
Il s'agit d'un sujet très sensible. Les recherches sur les disparus européens de la guerre d'Algérie n'ont pas été rares.
Mais elles ont toujours été approximatives, faute de pouvoir recourir aux documents et archives.
Mises à part celles de Jean Monneret, qui a pu consulter quelques archives, la plupart de ces recherches n'ont eu recours qu'à des témoignages parfois imprécis, parfois convergents, mais critiquables car difficilement vérifiables.
En la matière quand on ne sait pas tout, la tendance est à l'exagération ou à la récusation, selon le côté où l'on se situe.
Le travail de Jean-Jacques Jordi, historien universitaire spécialiste de l'Algérie, vient combler les incertitudes.
Il a pu – enfin, avec un demi-siècle de retard
– accéder aux archives du Comité International de la Croix Rouge, des ANOM, du CHAN
–CARAN,du Ministère des Affaires Etrangères, du CAC de Fontainebleau, du SHD, du Cabinet Militaire de la délégation générale du gouvernement en Algérie et du Service Central des Rapatriés.
La consultation de la quasi-totalité de ces archives reste soumise à autorisation dérogatoire.
Il a ainsi pu consulter près de 12 000 dossiers. Plus de morts que l'admet l'histoire officielle
Ce qui est révélé dans ce livre est saisissant.
Ce que beaucoup d'Européens d'Algérie affirmaient, pour l'avoir vécu, est confirmé par les archives, rapports, références précises et témoignages.
L'enquête est très transparente. Rien n'est avancé sans que la source, toujours vérifiable, ne soit précisée.
C'est un travail d'histoire scientifique qui ne peut être contesté. Mais peut-être sera-t-il occulté, ignoré et escamoté?
Ainsi est-il affirmé, preuves à l'appui, qu'au moins 1 583 personnes, dont l'état-civil est précisé, sont présumées décédées, que le sort de 171 autres personnes est incertain et que les corps de 123 autres personnes ont été retrouvés.
Ainsi donc, il n'est plus possible de dire que moins de 1 877 personnes sont concernées par ces disparitions.
Et qui dit disparition veut parler des personnes victimes d'un enlèvement, c'est-à-dire d'une mise au secret, d'une privation de liberté, avec une dénégation complète des responsables de l'enlèvement et une dissimulation du sort réservé à la personne disparue.
On ne parle pas ici des personnes dont le corps a été retrouvé ou qui ont été tuées sans être enlevées. La Vème République a du sang sur les mains
Pourtant, les archives confirment que les autorités françaises savaient que des Européens étaient disparus, que, bien souvent, elles connaissaient les ravisseurs, les lieux de détention et qu'elles ont toujours refusé d'intervenir, en particulier après le 19 mars 1962, période où se situe la plupart des enlèvements et même quand il s'agissait, encore, d'un territoire sous administration française où les forces de l'ordre pouvaient intervenir sans difficultés.
Elles savaient que ces personnes enlevées subissaient des sévices corporels importants, qu'elles étaient parfois, donneurs de sang forcés, saignées à blanc jusqu'à ce que mort s'ensuive, qu'elles étaient torturées puis exécutées, que les femmes étaient violées et parfois enfermées dans des bordels. Dès lors, les autorités militaires et civiles françaises peuvent être accusées de non assistance à personne en danger et l'historien peut rappeler que ces exactions de l'ALN envers les Européens d'Algérie peuvent constituer des crimes contre l'humanité (Commission de droit international - 1995- vol. II -2ème partie).
Et leurs auteurs, parfois parfaitement identifiés (par exemple Attou à Oran), ne sont jamais inquiétés.
Une épuration ethnique
Il faut souligner que, sous couvert de lutte contre l'OAS, c'est, en fait, à une épuration ethnique que nous avons assisté en Algérie, sur un mode "mineur", avant la signature des accords d'Evian (il s'agit de 320 personnes) , d'une façon méthodique après le 19 mars 1962 (cela concerne près de 3 000 personnes) avec parfois le concours de l'administration française ou des "barbouzes" qui n'hésitaient pas à livrer des pieds-noirs au FLN, voire même à remettre à l'ALN des personnes qui avaient réussi à échapper à leurs agresseurs et qui croyaient naïvement que demander la protection de la gendarmerie française leur épargnerait d'être renvoyés vers leurs tortionnaires.
Les noms de ces Français coupables, qui ont laissé faire ce massacre sont cités, de Fouchet à Katz, de Lemarchand à Louis Joxe…
Les archives du CICR et les autres sont éloquentes sur ce sujet.
En effet, à partir du cessez le feu, l'ennemi en Algérie, pour l'armée et la gendarmerie, et bien sûr pour le FLN, c'est l'OAS.
Et comme les Européens sont réputés, dans leur grande majorité, être favorables à cette organisation clandestine, ils deviennent tous présumés coupables d'assistance à organisation terroriste. Et une justice immanente est dès lors légitimée.
Les exactions algériennes se sont poursuivies plusieurs mois après l'indépendance.
On en recense
-1 128, entre le 19 mars et le 1er juillet 1962,
- 1 849 au cours du second semestre de cette année 1962,
- 367 entre le 1er janvier le 30 septembre 1963.
Il est désormais difficile de continuer à soutenir que la guerre d'Algérie a pris fin le 19 mars 1962 et il est impossible d'affirmer que le déchaînement de violence, fin 1961-début 1962, venait essentiellement de l’OAS, comme le soutient Pierre Daum.
Car la stratégie, des commandos du FLN est claire : faire fuir le Français d'Algérie par la terreur.
L'auteur s'attarde, 34 pages durant, sur les massacres survenus à Oran en juin et Juillet 1962.
Ici les documents parlent. Il n'est nul besoin de les commenter.
Ils accablent le général Katz en dépit des interventions de plusieurs officiers qui ont bravé les interdits de leur hiérarchie.
Un général Katz à la mémoire défaillante dans le livre qu'il a publié en 1992, où il contredit ses propres rapports dans cet ouvrage qu'il a osé intituler "L'Honneur d'un Général!"
Il faut lire cet ouvrage de Jean-Jacques Jordi.
Il se situe bien au-delà de ce que beaucoup imaginaient et il est écrit par un historien rigoureux et averti, qui paraît surpris par ce qu'il a découvert. Certains pourront contester quelques détails sur les noms, les commentaires mais le fond reste précisé. Alors Silence d'Etat ou Scandales d'Etats?
Il reste à écrire au moins trois autres études du même calibre concernant les militaires, les civils musulmans et les harkis disparus.


VIDEO (avec chanson...) des DEBUTS de L'EXODE

Quelques photos:



















MAI 1962

Vous avez ci-dessous, au jour le jour, les événements du mois de Mai 1962; mais vous pouvez aller directement aux récapitulatifs en bas de page...



1 Mai 1962 :

Ce mois de Mai 62 fût le pire de toute les événements d'algérie.
En métropole, Mai ne fut pas triste non plus,
le "FLN victorieux" règle ses comptes dans l'indifférence la plus totale des diverses polices et gendarmeries,
de façon à s'assurer sur la "population immigrée", moins facilement contrôlable, le pourcentage de "oui au référendum" convenable.
Il y a eu une trentaine d'assassinat, malgré l'arrêt des opérations policières .



2 Mai 1962 :

"110 morts, 147 blessés entre le 30 avril et le premier mai": chiffre des attentats seulement. Une automobile piégée explose devant le centre d'embauche des dockers sur le port d'Alger, une soixantaine de morts, plus de cent blessés.
Le reste des dockers, furieux, se livre à une piednoirade et tue trois passants, en lynche plusieurs.
L'O.A.S. avait eu l'information par le SDECE que des armes étaient livrées au FLN avec l'accord du gouvernement français, elle décide de fermer le port d'Alger.
Le couvre-feu est avancé à 20 heures 30.
Début des vols systématiques, une cinquantaine de voitures sont volées par des musulmans et emmenés dans les zones contrôlées par le FLN.
Enlèvements, en particulier une jeune femme est enlevé en zone française et emmenée en zone FLN.



3 Mai 1962 :

"14 morts, 25 blessés", enlèvements. - Une dizaine de familles enlevées à Sidi Moussa. Les agriculteurs quittent le bled.
- Neuf français musulmans assassinés à la hache par des FLN, à Sidi Bel Abbés.
- Enlèvements à Aïn Temouchent, d'autres sont égorgés.
- Enlevement du gendarme mobile Gilbert Bourgeois et de l'adjudant chef François Gagnère.
- L'armée déplore de nombreux militaires pas tous musulmans qui désertent.



4 Mai 1962 :

"49 attentats, 37 morts, 59 blessés, enlèvements", Pour gêner les manoeuvres des gardes mobiles, l'O.A.S. enlève les plaques de rue à Alger.
- Louis Alion et Mittelberger,jamais retrouvés.
- Une femme enlevée la veille est retrouvée dans la rivière harrach, près d'Alger, égorgée, nez coupé.
A Chantilly où il réside libre, Messali Hadj lance un appel à une réunion avec le FLN, pour demander une place pour son parti dans l'algérie nouvelle.
Il n'obtiendra rien, ses partisans seront assassinés comme des harkis, il sera toujours interdit de séjour en algérie,
et mourra en France sans y avoir remis les pieds.


5 Mai 1962 :

"22 morts, 15 blessés, enlèvements" - Le F.L.N. reproche au gouvernement français une insuffisante répression de l'O.A.S.,
propose de les aider, et explique comment par la bouche de M'hand Yazid.
- "Chaque européen est responsable du sang des algériens tombés à Alger et à Oran".
(mais l'inverse n'est qu'une abomination raciste.)
- A Oran le quartier juif est l'objet d'une attaque FLN, aux cris de mort aux juifs
- A Issy les Moulinaux, la permanence du parti communiste est mitraillée par l'O.A.S.



6 Mai 1962 :

"9 morts, 6 blessés." - Enlevement de Georges Cousin, fusilier marin, de William Topuchard, sergent et de Thadeux Granat, maréchal des logis.
- Premiére communion à Oran la vedette en est la petite Frederique Dubiton, amputée d'une jambe à la suite d'un mitraillage des aviateurs gaullistes.
Les photographes de presse photographient sa bequille, le lendemain les journaux métropolitains légenderont:
"la petite Dubiton, amputée à la suite d'un plastic de l'OAS", journalisme moderne.


7 Mai 1962 :

"30 morts, 29 blessés, enlèvements," Depuis le 19 mars, 4000 musulmans servant dans l'armée française ont déserté.
L'agence de presse du FLN annonce la couleur : "l'algérie peut se faire sans les européens".
Parmi les assassinats celui d'une veuve et de son fils de 12 ans tués par leur domestique, qui travaillait chez eux depuis 10 ans, à Tlemcen.



8 Mai 1962 :

"43 morts, 72 blessés, enlèvements," Piednoirade à Alger, trois morts, le FLN gagne un nouveau quartier évacué par ses habitants.
A Oran l'O.A.S. et les gardes mobiles mènent une véritable guerre des rues.
Le brave général Katz déclare à un membre de l'exécutif provisoire qui le trouvait pas assez tueur de pieds noirs
"donnez moi un bataillon de L'ALN et je réduirai l'O.A.S. à Oran".



9 Mai 1962 :

"7 morts, 16 blessés, enlèvements," Enlevement du sergent Claude Torrés, du 21 ème RTA.
Parmi les assassinés une femme enceinte, un gendarme et sa famille.
Dans la ville nouvelle d'Oran (un quartier maintenant sous contrôle FLN) une patrouille militaire trouve 41 corps saignés à mort,
la rumeur prétend que les européens enlevés servent à approvisionner les hôpitaux F.L.N. en sang frais.
Pompidou, dans une instruction "le devoir de porter secours à toute personne menacée s'impose à tout militaire".



10 Mai 1962 :

"42 morts, 30 blessés, enlèvements, en particulier du policier Edmond Baldo" - Fouilles systématiques des quartiers habités par les pieds noirs.
- Les automobiles sont interdites de stationner dans les rues d'Oran. Cinquante voitures sont enlevées par l'armée et jetées à la mer.
- Raricaud, enlevé par le F.L.N.
- Le F.L.N. égorge madame Fush et sa fille Colette 18 ans, chez elles, après les avoir abondamment violées.
- 24 morts à Oran. - Cinq musulmans enlevés parce qu'ils se rendaient à l'école française.



11 Mai 1962 :

"35 attentats faisant 30 morts et 19 blessés, Enlèvements,"
Conférence de presse de monsieur Fouchet : tout va bien, les choses sont en main.
1500 policiers musulmans, (en fait FLN) formés en toute hâte (quinze jours) sont lâchés dans les villes pour "lutter contre l'O.A.S.".
Fouchet espérait que Saad Dalhab désavouerait les enlèvements, Saad se contente de déclarer
"il faut se garder de frapper les européens aveuglement", Fouchet s'en contente.
50 Oranais partisans de l'algérie française sont expulsés en France :
- Dans la nuit du 11 mai 1962, les Barbouzes arrêtèrent, sans ménagement,
- quatorze notables, dont les doyens étaient le chanoine Carmouze, archiprêtre de la Cathédrale, âgé de 76 ans et Mr Gardet, 75 ans,
de la Société des transports maritimes "Les Charbonnages".
- Parmi eux, -le docteur Laborde, président de l'ordre des médecins,
- Charles Ambrosino, armateur,
- le pharmacien Henri Santa, Yvon Milhe-Poutingon et Astruc, respectivement président de l'Aéro Club et de l'association des officiers de réserve.
- Du côté de la préfecture: Joseph Larios le sportif, et Gilbert Espinal, le talentueux écrivain satirique et auteur d'une comédie,
"Le patio à Angustias" dont Katz n'appréciait guère l'humour.
Le journal officiel publie un decret punissant de dix ans de réclusion criminelle, sans possibilité de sursis la detention d'armes de guerre ou d'explosif dans les départements d'Algérie.
Le decret, bien sûr, ne concerne pas le FLN ni les forces de l'ordre.
Dans le même J.O., Fouchet est investi de tous les pouvoirs judiciaire,
- muter le personnel, - donner ses ordres aux procureurs,
- et de la transition vers le futur état FLN.



12 Mai 1962 :

"11 morts, 20 blessés, enlèvements,"
- Alger 11 européens enlevés dans les quartiers périphériques, dont Nieto, mécanicien, Cambo, retraité, Mourot, directeur du Monoprix.
- L'enlèvement du directeur du Monoprix, non pied noir mais métropolitain "libéral" soulève une vague d'émotion en métropole.
- Cinq musulmans assassinés dans le centre d'Alger.
- Oran: le conseil municipal est dissous.
- Bône, le chef de cabinet de la préfecture, Vidal, assassiné.
- Tlemcen: six européens et deux musulmans, enlevés par le FLN sont libérés.
- Au rocher noir le haut commissaire Christian Fouchet montre la détermination de la France dans la lutte anti O.A.S.:
"il faut remonter au 16ème siècle pour trouver l'équivalant dans les mesures répressives".
Arrivée à Marseille de 1520 personnes par le paquebot ville de Marseille qui demandent assistance, la plupart n'ayant ni point de chute ni ressource.
Il s'agit pour l'essentiel de gens chassés de chez eux par le FLN et qui ne savent où aller.



13 Mai 1962 :

"8 morts, 16 blessés, enlèvements, massacres d'opposants musulmans"
Enlèvement dans le bled d'un instituteur, trois prêtres et trois colons.
"7 morts et 16 blessés" au cours de règlements de compte entre musulmans pro français et FLN.



14 Mai 1962 :

"29 morts 75 blessés, enlévements,"
- Des commandos F.L.N., armés de pistolets mitrailleurs parcourent la ville d'Alger en voiture en mitraillant tout sur leur passage, faisant "20 morts et 60 blessés."
- Le FLN présente officiellement cette opération comme une représailles justifiée des exactions de l'O.A.S.
- Parmi les représailles, cinq européens, précédemment enlevés sont menés enchaînés rue Albert de Mun et fusillés publiquement.
-Deux enfants israélites sont égorgés par leur domestique.
- Innombrables exactions dans le bled.
-1.500 membres du F.L.N., récemment libérés des camps de prisonniers sont incorporés comme policier de la force locale, et déployés dans Alger.



15 Mai 1962 :

"67 morts et 40 blessés" dans toute l'algérie, dont l'essentiel ("76 attentats, 56 morts, 35 blessés"" à Alger).
La ville d'Alger est maintenant divisée en deux zones:
- l'une "européenne", interdite aux "musulmans" qui s'y font assassiner s'ils s'y aventurent, malgré le lourd quadrillage des forces de l'ordre,
- l'autre "musulmane" où non seulement tout "européen" s'y fait également assassiner,
mais les règlements de compte les plus divers et les plus incompréhensibles s'y multiplient.
- Cette partie est "contrôlée" par la force locale, en fait par des éléments incontrôlés se réclamant du FLN.
- Les morts et blessés de cette partie de l'Algérie ne sont bien entendu pas comptés dans les bilans officiels.
Le couvre feu est fixé à 18 heures à Alger.
Au "rocher noir" les représentants du F.L.N. réclament et obtiennent
- la fermeture de 50 bars à Alger,
-l'expulsion de 254 fonctionnaires dont ils donnent la liste,
- et la relève de l'armée par la force locale dans les quartiers "musulmans".
Un lieutenant est tué dans le bled au cours d'un accrochage avec le FLN.
Le sous préfet du Telagh et trois autres personnes sont assassinés.
Le tribunal militaire condamne des activistes algérois à des peines de prison avec sursis.
Ouverture du procès de "Salan", par un haut tribunal militaire spécifique



16 Mai 1962 :

"55 morts et 67 blessés. Enlèvements,"
- Nombreux enlèvements dans le bled.
- Au Maroc, le FLN libère quatre soldats français prisonniers. Le gouvernement en attendait 500.
Au comité des affaires algériennes du 16 Mai, Joxe change d'avis sur la volonté des harkis de venir se refugier en france.
Un mois avant, le 8 avril, il déclarait que c'était faux. Ce jour il fait écrire: "Les harkis veulent partir en masse.
Il faut combattre cette infiltration, qui sous pretexte de bienfaisance aurait pour effet de nous faire accueillir des élements indesirables".



17 Mai 1962 :

31 attentats font "31 morts et 29 blessés, enlèvements"
Le ministre des armées (Mesmer) décide l'incorporation immédiate de tous les européens d'algérie de 19 ans et plus, sursitaires ou non.
Il s'agit du plan "Simoun".
Les gendarmes et les C.R.S. ratissent les villes et arrêtent tous les jeunes qui sont immédiatement envoyés dans des camps de concentration
puis déportés en france où ils sont dispersés dans des unités, sans conseil de révision ni visite médicale.
Certains s'évadent et sont condamnés comme déserteurs.
Témoignage:
- "Quand en 1962, j'ai quitté l'Algérie grâce au fameux " Plan SIMOUN" des sursitaires, nous avons mes camarades et moi au moment du départ entonné
"Le Chant des Africains" sur l' aérodrome militaire de Maison Blanche.
Immédiatement nous avons été "braqués" par des soldats français.
On nous a déclaré qu'il s'agissait d'un "chant séditieux" et qu'il était interdit de la chanter.
Parmi les morts par attentats, quatre européens.
- Cinq enlèvements dont une femme âgée
- Le F.L.N. attaque des garde mobiles, en blessant huit.
- A Blida, ils mitraillent un car, trois tués dix blessés.
L'exode des européens prend des proportions inquiétantes.



18 Mai 1962 :

"36 attentats, 24 morts, 13 blessés, enlèvements",
L'exode des européens prend des allures de panique.
13 attentats à Alger, un mort.3 attentats à Oran, deux morts.
L'arrivée du "Bachaga Boualam" en France, est un événement, du moins pour quelques jours.
Aussi, dès les premières heures de son installation, il était envahi par des dizaines de journalistes et de reporters de toute la France,
venus dans l'espoir d'un article à sensation.
"Je n'ai rien contre eux, mais lorsque j'avais besoin d'eux, lorsque même la France avait besoin d'eux, je ne les ai pas trouvés."
Les médias étaient déçus, ils attendaient sans doute une déclaration explosive, ils ne l'ont pas eue.
""Bachaga Boualam":
dit, Je pleurais, je n'en ai pas honte, je pleurais de tristesse, d'humiliation, d'impuissance, de rage aussi,
de rage d'avoir été trompé, bafoué."



19 Mai 1962 :

"28 attentats faisant 22 morts et 9 blessés surtout des supplétifs dans le bled, enlèvements,""
- Sept européens enlevés à Alger.
- Madame Sengensen, 86 ans et son fils de 62 ans égorgés chez eux à Cheragas.
- 110 policiers suspendus.
- 116 cafés fermés.
- 30 personnes expulsés en métropole.
- 77 activistes arrêtés à Oran.
- Les fermes de l'oranie sont abandonnées, elles sont brûlées et pillées.
Le maire de Zazall est enlevé.
- Pour une fois, l'armée intervient pour délivrer des européens enlevés et torturés par le FLN, onze sont ainsi libérés à Oran.
- Au "rocher noir", l'autorité provisoire fait le point de la mise en place de la force locale :
les officiers français ont refusé leur mutation, il y a 35.000 hommes dont 23.000 appelés musulmans.
(Le 23 Mai il y a 456 officiers européens et 229 musulmans, la quasi totalité des officiers musulmans, qui demandent à être mutés en métropole).
On annonce les premières désertions en corps constitué de la force locale.



20 Mai 1962 :

"13 attentats font deux morts et 8 blessés, enlèvements,"
Les compagnies aériennes et maritimes annoncent la mise en place de rotations supplémentaires.



21 Mai 1962 :

"20 morts et 12 blessés, enlèvements"
L'administration annonce que la mesure de mise sous les drapeaux par anticipation a touché 6000 jeunes pieds noirs, tous envoyés en métropole.
Des charniers sont découverts dans le quartier de Hussein dey, l'un avec 8 l'autre 5 cadavres.
Un des corps est identifié, il s'agit d'un algérois enlevé quelques jours avant.
Les militaires délivrent deux prisonniers horriblement torturés.



22 Mai 1962 :

"27 morts et 21 blessés, Découverte de 7 nouveaux corps, horriblement mutilés à Hussein Dey, enlèvements"
- A Tipasa un gérant de ferme et un cultivateur enlevés.
- A Marseille, les pouvoirs publics sont débordés par l'arrivée massive des réfugiés d'algérie.
A Paris, Christian Fouchet rencontre De gaulle il lui parle des rencontres Susini Farés, et propose de relancer ces discussions en s'appuyant sur le maire d'Alger, Chevallier.
Le général ne dit rien, il fronce les sourcils, Fouchet en déduit qu'il est d'accord pour essayer. Chevallier (qui s'est refugié à Paris) accepte.

Vidéo sur la participation de Jacques Chevalier au référendum...(En France)!!



23 Mai 1962 :

"38 morts, 53 blessés, enlèvements"
Deux européens enlevés sont libérés par le F.L.N.
Le F.L.N. attaque une patrouille militaire à Oran, les militaires ripostent, 7 morts.
A Valmy, petit village proche d'Oran où rien ne s'était passé , mais un meurtre en Octobre 61 , un jeune lycéen de 18 ans est enlevé et disparaît à jamais.
Tous les habitants comprennent que le fameux slogan "la valise ou le cercueil" est serieux et se résignent à l'exil.
Verdict à Paris du procès Salan, il déclare
- "je revendique ma responsabilité comme chef de l'O.A.S."
- et "le général de Gaulle a remis l'algérie au F.L.N., sa parole a été reniée".
Parmi les témoins, la veuve d'Albert Camus rappelle l'engagement de son mari et déplore l'incompréhension de la métropole,
Juin, Massu, la veuve de Leclerc et celle de de Lattre témoignent en sa faveur.
Quelques officiers ont accepté de témoigner en sa faveur, l'amiral Ploix indique que Messmer, ministre des armées lui a interdit, comme à tous les militaires, de témoigner.
Le général Pouilly, qui a refusé de suivre Challe puis Salan indique que "leur crime est peut-être moins grave que le nôtre".
L'ancien président de la république, René Coty vient repeter ce qu'il disait en 1957:
"Comment la France peut-elle, sans se déshonorer, livrer l'Algérie aux égorgeurs? .
- Les deputés d'algérie viennent témoigner en nombre.
- Les avocats rappellent que Salan a été victime d'un attentat monté par Debré car il était jugé trop républicain.
Le verdict n'est pas la mort, De gaulle est furieux et dissout sa "haute cour de justice spécialement crée pour l'occasion."
Il avait mis Jouhaud en attente de fusillade le lendemain de l'arrestation de Salan,
- soit pour adjoindre Salan à la fête
-soit pour faire fusiller le chef et se donner les gants de gracier le sous chef, de surcroît "pied noir"
Sous le choc de la non condamnation à mort de Salan, il décide de faire fusiller Jouhaud.
Il se heurte à de nombreuses oppositions, du général Partiot qui refuse de désigner le peloton (il sera cassé de l'armée pour mauvais esprit)
à des ministres (Giscard, Pisani, Sudreau, Foyer, garde des sceaux,) et même Pompidou qui met sa démission dans la balance.
De gaulle n'a pour appui dans cette exécution que Michelet, ce saint laïque, qui avait déjà lors du procès exigé la "peine de mort."
Il remet l'affaire à plus tard, il se vengera sur Piegts et Dovecar.
Le 23 mai 1962, Maître Jean-louis Tixier-Vignancour prononçait une plaidoirie de deux heures devenue historique.


2h00 de Plaidoirie au procés du Général SALAN (Tixier Vignacourt )


En effet, contre toute attente, il parvenait à éviter au général Salan la peine capitale, pourtant ouvertement souhaitée par le chef de l'Etat.
A l'Elysée, quand le général De Gaulle apprit le verdict, il ne cacha pas sa colère.
On dit même qu'il brisa de ses mains deux objets du mobilier national.
Le lendemain, un "décret présidentiel" prononçait la dissolution du "tribunal militaire."
Plutôt qu'une plaidoirie de rupture, Me Tixier-Vignancour avait choisi de plaider les circonstances atténuantes.



24 Mai 1962 :

"32 morts, 17 blessés, enlèvements."
5000 personnes attendent un éventuel avion près de l'aéroport d'Alger.
L'OAS ayant interdit les départs, les européens continuent quand même à partir, s'il le peuvent. (s'ils ont assez d'argent pour payer le voyage). En conseil des ministres De gaulle décide de supprimer son "haut tribunal militaire" pas assez obéissant, qui vient d'épargner Salan et crée une "Cour Martiale", supposée plus docile.



25 Mai 1962 :

"38 morts, 18 blessés, enlèvements,"
-19 cadavres dans les charniers d'Hussein Dey.
- Le général de Bellenet, commandant de la zone centre Oran, est blessé à Perregaux lors d'un attentat.
- A Sidi-bel-Abbés, neuf attentats font 18 morts et 3 blessés.
Ce jour s'ouvre à Tripoli la réunion du C.N.R.A. ce qui ressemble le plus au pouvoir suprême du F.L.N.
Il s'agit d'examiner les accords d'Evian et la suite des opérations.
Le CNRA est traversé de courants contradictoires,
- berbères (Belkacem, Aït Ahmed) et Arabes (Ben Bella, fraîchement libéré, Boumedienne),
- armée de l'intérieur (les chefs de willaya) contre armée extérieure accusée d'échec ,
- marxistes version Ben Khedda et modérés version Ferrât Abbas.
Les choses sont assez envenimées pour qu'un attentat contre Ben Bella échoue de justesse.



26 Mai 1962 :

"35 morts, 31 blessés, enlèvements,"
- De gaulle souhaite faire exécuter Jouhaud,
le garde des sceaux Foyer, pour éviter ce nouveau scandale trouve un bais juridique et soumet le jugement à la "cour de cassation."
(appuyé par Pompidou, il met aussi sa démission dans la balance).
- Le "rocher noir" annonce que 40 commissions de cessez le feu ont été mises en place, entre F.L.N. et troupes françaises.
- Une voiture piégée explose devant la chambre de commerce, 4 tués dont un européen.
- Une jeune femme enlevée quelques jours auparavant est libérée par le F.L.N.,
elle est brisée, ayant été violée pendant plusieurs jours par des sadiques déchaînés.
- Les instituteurs de l'Oranais, consultés par leur ministère, demandent massivement leur mutation en métropole.
A Tunis, le F.L.N. accuse l'armée française d'avoir brisé le cessez le feu et d'avoir arrêté un officier et tué huit de ses soldats.



27 Mai 1962 :

"22 morts, 5 blessés, enlèvements, exécutions de musulmans dans le bled."
- 4 morts à Alger, tous européens, plus deux enlèvements.
- 6 à Oran, 10 à Sidi-bel-Abbés, à la suite de heurts entre européens et musulmans.
L'armée française a été obligée d'intervenir brutalement pour dégager des harkis en cours de lynchage.
Le gouvernement annonce que 14.000 prisonniers F.L.N. ont été libérés depuis les accords d'évian.
Les forces de l'ordre arrêtent 250 européens à Bab-el-oued.
La communauté israélite de Constantine décide de quitter l'algérie, pour l'essentiel ils gagnent la france.
A Paris, une ordonnance dissout le "haut tribunal militaire."
Le Conseil National de la Révolution Algérienne, au grand complet compte tenu des libérations effectuées par les français se réunit en séance secrète à Tripoli.
La réunion durera un mois où s'affronteront les clans, se nouerons et se dénouerons les alliances.
Le CNRA est l'organe de commandement du parti, le FLN.
Comme dans tout régime totalitaire, qui contrôle le parti contrôle l'état.
Le fonctionnement du CNRA dépend de son bureau politique de 5 membres.
L'ancien bureau comprenait:
- Belkacem Krim, le bien nommé, représentant les kabyles,
- Ben Khedda président du GPRA,
- Ferrât Abbas, ancien président du GPRA, Ben Tobbal et Boussouf .
- Ben Khedda propose un bureau avec lui-même, Abbas (deux " modérés ")
- Ben Bella (que les médias ont rendu incontournable), Belkacem, et Boudiaf, un compagnon de détention de Ben Bella, un des chefs historiques.
--Ben Bella propose lui-même, Boudiaf, Aït Ahmed (un kabyle) deux de ses copains. Boudiaf et Aït Ahmed refusent.
--Le 6 juin, ben Khedda quitte la réunion, Ben Bella fait procéder à un procès verbal de carence qui sera ensuite la base de sa légitimité.



28 Mai 1962 :

"22 morts, 25 blessés."
C'est la menace de la "terre brûlée".
Un ordre du délégué général Fouquet indique que s'il n'y a pas de limites au nombre de harkis évacués sur la métropole, ils doivent cependant être aptes à un reclassement.
(c'est le début d'une série de circulaires de plus en plus restrictives, émises au fur et à mesure qu'il apparaît que les harkis sont condamnés à mort par le FLN).
- Le départ des chalutiers: Pour tous ceux qui en ont la possibilité, le départ avec leurs outils de travail constitue une appréciable facilité de réinstallation à leur arrivée sur l'autre rive.
- Pour beaucoup d'agriculteurs qui en sont exclus, il faudra se reconvertir dans le commerce ou l'artisanat.
- Par contre, les pêcheurs répartis sur les mille kilomètres de littoral, de Nemours à La Calle, mesurent immédiatement les possibilités ainsi que les dangers d'une traversée sur de petits chalutiers, non équipés pour une telle entreprise.
Le départ avec leur navire leur apporte, en contrepartie, la disposition de moyens de gagner leur vie dès leur arrivée en France.
D'autant plus qu'en raison de la mévente du poisson dans les villes et villages de l'intérieur, dans tous les autres ports du littoral,les chalutiers ne sortent plus depuis le mois d'avril.
L'accueil est variable, la pratique de la langue espagnole facilite bien les contacts.
- Pour ces navires de l'exode, il faut très rapidement mouiller dans un port où ils pourront travailler.
- C'est ainsi que Port-Vendres, La Nouvelle, Sète, le Grau du Roi, Carry le Rouet, La Ciotat, voient sortir de la brume de petits chalutiers dont les équipages sont bien décidés à gagner leur vie en labourant la Méditerranée.
Ce qui n'est pas très apprécié par les autochtones, dont la presse locale répercute des inquiétudes qui se révéleront, par la suite, infondées.
- Debré punit les officiers qui avaient organisé le départ de harkis en france écrivant entre autre
- que "ces officiers ne doivent pas considérer ces hommes comme leur propriété"
- et que "c'est aux autorités d'assurer la sauvegarde de ces harkis".

Le général Partiot refuse de désigner le peloton d'exécution de condamnés à mort O.A.S. et demande sa mise à la retraite anticipée.
Les arrivées massives de rapatriés continuent par tous les moyens de transport disponible, en particulier sur l'Espagne en bateau privé.



29 Mai 1962 :

"30 morts, 13 blessés, enlèvements, massacres de harkis".
Découverte d'un charnier contenant 35 corps à la Bouzarea, près d'Alger.



30 Mai 1962 :

"21 morts, 25 blessés, enlèvements, massacre de harkis."
- Bouclage et arrestations en centre ville d'Alger.
- Le port d'Oran, le terrain d'aviation de la Senia près d'Oran sont encombrés de dizaines de milliers de personnes espérant une place pour fuir cet enfer.
Les pécheurs du petit port de beni-saf s'embarquent sur leur chalutier avec leur famille et prennent la mer en direction des cotes espagnoles
(ces pécheurs et bien d'autres finiront en général à port vendre et dans ses environs).
- Boulin, secrétaire d'état aux rapatriés indique que "seulement 100.000 personnes sont arrivées d'algérie en mai et que cela n'excède pas les chiffres habituels des vacanciers".
- De gaulle surenchérit : "nous avons les moyens de transporter trois fois plus de monde qu'il ne s'en présente..
il n'y a pas d'augmentation des départs, il n'y a pas d'exode..."



31 Mai 1962 :

"17 morts, 4 blessés, enlèvements, massacre de harkis,"
Enlèvements, massacres, attentats individuels un peu partout dans les villes, le bled a été abandonné par les européens et on sait peu ce qui s'y passe (ce n'est qu'ensuite, par les témoignages des rares survivants qu'on a pu reconstituer les horreurs de l'époque).




En Mai, 83000 personnes ont quitté l'algérie,:
portant le total depuis le début de l'année à 160.000.


Il y a eu en Mai 462 enlèvements,:
portant le total à 630.



l'EXODE COMMENCE































JUIN 1962

Vous avez ci-dessous, au jour le jour, les événements du mois de Juin 1962; mais vous pouvez aller directement aux récapitulatifs en bas de page...





1 JUIN 1962 :

"3 morts, 5 blessés," mais ces statistiques n'en sont plus, le gouvernement ne donne plus de chiffres,
il s'agit d'informations parcellaires données par le seul journal qui paraît encore.
Fouchet depuis sa cité interdite du rocher noir, lance un appel à la réconciliation.
- 13 personnes de la SAS de la Baraque disparues entre la SAS et Alger.
- Le couvre feu fixé depuis un mois à 20 heures trente porté à minuit.
- Arrestation à Oran de 30 membres de l'O.A.S.
Beaucoup ont dû tout abandonner et embarquent, laissant, à qui voudra les prendre, leurs fermes, leurs troupeaux, leur matériel.
La vie n'est plus possible dans le bled où le F.L.N. contrôle absolument tout et perçoit des taxes à propos de tout, sous la protection de la gendarmerie.
Vendre, acheter, circuler, demander des papiers à la mairie, tout est taxé.
À La Sénia, aujourd'hui, malgré un plus grand nombre d'appareils, il continue à arriver beaucoup plus de monde qu'il n'en part.
Il y a beaucoup de désordre.
Les gens qui arrivent de l'intérieur abandonnent sur place leurs voitures avec clefs et cartes grises.
On couche toujours sur place aussi, et en plein air dans la nature.
Dans la nuit de mardi à mercredi, quatorze fellaghas se sont approchés en rampant et ont ouvert le feu sur les gens.
La riposte de l'armée fut immédiate.



2 JUIN 1962:

Trois assassinés à Alger.
"Deux jeunes filles violées à Bône,
l'une ensuite assassinée l'autre survit miraculeusement à sa balle dans la tête."
"Enlèvements à Tiaret, Aïn Temouchent."
Il n'y a plus de statistiques des attentats, enlèvements, massacres, cela est nécessaire pour masquer la faillite de la politique gaulliste.
Les informations ci-après sont extrêmement parcellaires;"Début des assassinats sur les route pour se procurer des voitures."
"Un député d'Alger, "De Larminat" nommé président de la nouvelle cour de justice, demande une garantie internationale pour les européens d'algérie, proposition repoussée par le gouvernement. Il se suicidera le 30.



3 JUIN 1962:

Il n'y a plus de statistiques des attentats, enlèvements, massacres, Le journal "Le Monde" daté de ce jour relate les 13 enlevés de la SAS de la barraque du premier, "Assassinat de Monsieur Garby, près de Sidi Bel Abbés, assassiné au volant de sa voiture." A Sidi-Bel-Abbès, un membre de la force locale ouvre le feu sur une auto conduite par un policier européen en civil à côté de qui se trouvaient d'autres Européens.
"Quatorze Musulmans armés ont investi une ferme et l'ont pillée."
"Au Tessalah, un Européen, M. Pascal, a été enlevé."
"Quatre Européens ont été enlevés par des Musulmans dans la région d'Aïn-Temouchent dont le directeur de l'école d'agriculture de cette ville.
"Près de Tiaret, un agriculteur européen a été tué à coups de couteau par un Musulman."
Il s'agit de M. Paul Brun.
-A 20 kilomètres d'Alger, dans la commune de Birtouta, "vingt sept agriculteurs" ont été enlevés dont M. Orfila, chef de l'exploitation, sa femme, son fils, son secrétaire et des ouvriers musulmans.
"Les corps de deux Européens ont été découverts à 60 kilomètres d'Alger, sur le littoral ouest."
Il s'agit de Hervé Pouillet, vingt-quatre ans, et de François Esposito, seize ans, tous deux de Castiglione.
Il est probable que cette liste ne soit pas exhaustive.
Incendies criminelles à Alger, "3 personnes assassinées."
L'armée française libère huit des personnalités oranaises qu'elle avait interné dans un camp de concentration à Arcole, en particulier le président du conseil général, un chanoine, des médecins, le directeur général de l'EDF.
"5 assassinés à Oran."
66 O.A.S. arrêtés à Aïn Temouchent, une bourgade de deux mille européens, 15% de la population mâle en état de porter les armes, nombreuses armes saisies.



4 JUIN 1962:

Les gendarmes mobiles continuent à ratisser les quartiers européens, en particulier à Bab el Oued et à arrêter de nombreuses personnes.
Rien ne va plus dans les discussions entre OAS et FLN,Gardy à Oran refuse tout accord et tient à son "réduit oranais", Perez demande que la force locale soit pour moitié constituée d'européens, Farés a reçu une communication trés seche de ben Khedda l'informant que, mis en cause par les durs, un tel accord était impossible. Godard, de son coté menace de tirer au mortier sur les cités musulmanes.
L'exode se poursuit, les arrivants arrivent sans rien, ils sont parfois injuriés par les communistes, "Deferre," maire de Marseille déclare
"je souhaite que les pieds noirs aillent se reconvertir ailleurs".



5 JUIN 1962:

La censure est totale. Il faut donner aux métropolitains l'impression que tout va bien
"De sa prison Salan demande qu'on cesse les attentats." Rien dans les journaux, et pourtant : Un informateur musulman vint signaler au quartier, que des femmes étaient séquestrées dans une villa et contraintes à la prostitution.
Une action fut engagée aussitôt.
Il se trouve que les commandos de chasse bénéficient, par nature, d'une grande liberté de manoeuvre.
Les officiers vont donc utiliser leur autonomie coutumière pour gêner le FLN.
Ces derniers imposent au secteur un couvre-feu sévère, le retrait des emblèmes algériens, et le rétablissement des patrouilles françaises vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
"Les accrochages avec le FLN furent fréquents dans le secteur et le commando n'hésita pas à user de représailles.
des Européens et des Musulmans étaient retenus en otages.
Libération d'une vingtaine d'otages.
Tous n'étaient pas des gens enlevés, il s'agissait parfois de personnes qui avaient un travail à cet endroit et que l'organisation nationaliste empêchait de repartir.
L'un des Européens possédait un atelier de mécanique et les Musulmans avaient recours à ses services, pour leurs automobiles et pour l'entretien de certaines pièces d'hydraulique.
Cet Européen fut finalement tué sans que les soldats ne puissent le sauver.
Dans le journal communiste l'"Humanité", François Billoux, député, conseille au gouvernement de "Loger les rapatriés dans les châteaux de l'OAS". Il poursuivait "ne laissons pas les repliés d'algérie devenir une réserve du fascisme". Fascisme dans les bouches communistes étant synonyme d'anti communiste



EXTRAITS DU DISCOURS DU BAGHAGA BOUALAM
A L’ASSEMBLEE NATIONALE LE 5 JUIN 1962


Mesdames Messieurs depuis 18 ans ma place était parmi les miens en Algérie.
Pendant ce temps, vous arrêtiez notre destin. Je reviens aujourd’hui vous demander : qu’avez vous fait de nous ?
J’ai servi la France, après mon père pendant 56 ans.
J’ai donné au pays un de mes fils. J’ai été loyal jusqu’au bout. J’ai engagé tous les miens.
Nous avions choisi, nous nous étions déterminés et vous nous exterminez.
Le choix était alors simple : ou nous laisser égorger ou fuir vers la métropole pour sauver nos enfants.
Nous laissions notre sol natal, mais aussi combien d’hommes qui s’étaient battus avec nous.
C’est au nom de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants que je veux vous parler.
Ces hommes qui depuis 7 ans sont en Algérie l’instrument de la France, l’instrument vivant, l’instrument de chair, ces hommes sans lesquels aucun succès de la France n’aurait été possible, la France et son chef ont eu pour politique de les compromettre de façon irrévocable.
Ils constituaient récemment encore, la moitié des forces armées françaises.
On leur avait juré pour toujours et à la face du monde la fraternité.
Rappelez vous ces hommes, ils n’étaient pas, ils ne sont pas un mythe.
Vous les avez vus, tout le peuple de Paris les a vus, les a acclamés, portés en triomphe.
Ce fameux 14 juillet 1958, sept mille d’entre eux, les plus valeureux, venus de leurs villages et de leurs villes, malgré les menaces, drapeaux en tête avec toutes leurs décorations, avaient remonté les Champs-Elysées devant le chef de l’Etat.
Ces hommes, vous les avez appelés vos frères, vos compatriotes.
Vous leur avez demandé, tout le pays leur a demandé de poursuivre le combat jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la victoire, car celle-ci n’était possible que grâce à eux, grâce à leur sacrifice.
Ils ont répondu, ils se sont battus.
Ils ont cru qu’ils avaient gagné. Beaucoup sont morts.
Aujourd’hui dans toutes les villes et les villages d’Algérie, terrés et angoissés, ceux qui demeurent attendent que vous décidiez de leur sort.
Oui de leur sort et de celui de leur famille, car c’est pour eux une question de vie ou de mort.
Depuis les accords d’Evian, le silence est tombé sur ces soldats d’hier, comme si leur existence même était un remords ou peut-être une gêne pour mener à bien une politique qui est, j’aurai le courage de le dire, une politique d’abandon.
Voilà que soudain, depuis quelques semaines on se remet à parler d’eux.
Serait-ce l’annonce par le gouvernement d’un vaste plan de regroupement en Algérie, de transport en métropole et de réinstallation ?
Non, il ne s’agit pas de cela, mais de toute autre chose.
Il s’agit de ceux que leurs officiers ont refusé d’abandonner.
Ecoutez les appels de ces officiers, ils sont tous semblables : "aidez nous à sauver vingt, cinquante, cent familles.
Procurez nous du travail, procurez nous des logements".
Tout ce qui a été fait jusqu’ici est terriblement précaire.
heureuses sont les familles qui sont logées sur le sol de la métropole, dans des hangars, des granges.
Elles ont trouvé la chaleur d’une hospitalité et la sécurité.
Oui bien heureuses, car sur celles qui n’ont pas pu quitter l’Algérie, l’étau se resserre, les représailles s’abattent.
En dépit de ces événements, le 23 mai 1962, le ministre Louis Joxe adresse la directive suivante :
-"Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront en principe renvoyés en Algérie où ils devront rejoindre, avant qu’il ne soit statué sur leur situation définitive, le personnel déjà regroupé suivant les directives des 7 et 11 avril.
Je n’ignore pas que ce renvoi peut être interprété par les propagandistes de la sédition comme un refus d’assurer l’avenir de ceux qui sont demeurés fidèles. Il conviendra donc de d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure.
Mais ce qu’il faut surtout, c’est que le gouvernement ne soit plus amené à prendre une telle décision".
En même temps est rendue publique la note adressée par le colonel Buis à l’inspecteur général des affaires algériennes et qui est rédigée dans le même sens.
Comment avez-vous pu, monsieur le ministre prendre une telle décision à notre égard ?
Et je pense à ce jour, tout proche encore, où arrivèrent à Redon trois familles kabyles condamnées par le FLN et comptant 23 personnes.
Trois familles de cultivateurs bretons avaient répondu à l’appel de l’ancien chef de ces pauvres gens.
Mais au lieu des visages accueillants qu’ils attendaient, ce sont des gendarmes et des policiers, le sous-préfet à leur tête, qui leur annoncent que, dès le lendemain, ils seraient refoulés vers l’Algérie.
Savez vous qu’il a fallu 6 jours d’interventions pressantes pour faire rapporter cette mesure ?
Le 25 mai dernier, paraît un communiqué du commandant supérieur à Alger annonçant que toutes les dispositions étant prises, ces dispositions isolées seront désormais proscrites.
Et ce matin même, 5 juin, un nouveau communiqué du ministre des armées affirme que les harkis menacés et leurs familles, soit 4930 personnes, vont être rapatriés et que le secrétaire d’Etat aux rapatriés est chargé de leur accueil en métropole.
Mesdames et Messieurs le problème est trop grave pour que je sois pleinement rassuré par de simples communiqués de presse.
Aidez-nous à sauver les nôtres, il y va de notre honneur.
En fait, il ne s’agit là que d’une estimation concernant exclusivement les harkis les plus menacés.
Parle-t-on de tous les autres musulmans condamnés par les tribunaux FLN ?
Le chiffre du ministère des armées je ne le considère pas comme valable.
Il cache l’abandon et la mort de milliers d’autres En retirant l’armée, vous livrez nos terres et nos populations à la merci de l’ALN.
Dans le bled, on rançonne systématiquement les serviteurs de la France.
Ailleurs, comme chez moi, l’armée reste l’arme au pied sur ordre des préfets qui reçoivent leurs consignes de l’ALN.

*Les assassinats se poursuivent.*

Autrefois, un seul de ces cas aurait soulevé l’indignation du pays.
Des jeunes filles sont enlevées et partagées entre les bandes de l’’ALN, des familles entières sont égorgées, la vieille mère et les deux frères d’un moghazni de la région de Djidjelli, qui avait pu s’échapper, ont été sauvagement exécutés.
Mais il y a pire encore. Je pense aux prisonniers européens et musulmans.
Dans l’Ouarsenis, tout le monde sait que l’ALN détient prisonniers un officier et 3 de ses soldats.
A Dra-El-Mizan, des moghaznis prisonniers ont été mutilés au bras droit.
Il existe à Rovigo un camp de prisonniers européens et musulmans. Il court aussi ce bruit affreux selon lequel à Alger, en plein cœur de la casbah, des dizaines d’européens sont détenus en des lieux connus des autorités.
Celles-ci ont refusé d’intervenir.
Et le commando Georges, ses hommes après s’être illustrés pendant des années au combat ont été désarmés et massacrés.
Leurs 2 officiers d’active, français musulmans, ont subi une mort ignominieuse. Voilà, mesdames et messieurs, le sort que subiront trop des nôtres.
Je demande au gouvernement :
- Pourquoi n’avez vous rien prévu depuis des mois alors qu’il était encore temps et que l’abandon était décidé ?
- Pourquoi n’avez-vous pas depuis des mois regroupé et protégé tous ceux qui sont désarmés ?
- Pourquoi avez-vous refusé en Algérie les autorisations de sortie vers la métropole ?
- Pourquoi avez-vous décidé de refouler hors de notre patrie ceux qui individuellement parviennent jusqu’à Marseille ?
- Pourquoi menacer de sanctions les officiers qui se sentent jusqu’au bout responsables de la vie de leurs hommes et organisent leur retour vers la France ?
Il est encore temps.
La France sait être grande et généreuse.
Il ne s’agit pas seulement de sauver des hommes, il s’agit dans ce désastre de sauver l’honneur de notre patrie.
(JO du 5 juin 1962)



6 JUIN 1962:

Il n'y a toujours plus de statistiques des attentats, enlèvements, massacres, et il n'y en aura plus par la suite....
L'O.A.S. dans une émission pirate, annonce que la trêve entre elle et le F.L.N. est prolongée pour 48 heures.
Hold up nombreux.
Incendies criminelles.
En banlieue algéroise, une patrouille française est attaquée par des musulmans, un sous lieutenant est tué.
Tel est la version des journaux du 6 de l'incident raconté à la date du 5. 36 O.A.S. arrêtés à Oran.
Découverte de cadavres par ci par là.
Opération anti O.A.S. à Mostaganem, une centaine d'arrestations. (soit 5 % de la population mâle européenne en âge de porter les armes).
Ben Khedda, toujours président du GPRA quitte la réunion du CNRA à tripoli qui s'enlise dans les chikayas, et rentre à Tunis avec ses ministres.
Il y trouve Boumedienne qui considère qu'il n'a plus de comptes à lui rendre et se livre à une intense propagande contre les accords d'évian et l'opportunisme de Ben Khedda.
Les deux clans se dessinent,
- le GPRA avec les willayas 2, 3, 4 (Constantine, Algérois, Kabylie) la fédération de France, la zone autonome d'Alger, les organisations de masse.
- De l'autre, Ben Bella, Boumedienne, l'armée des frontières, les willayas 1 (Aurès d'où vient Boumedienne) et 5 (Oranais, fief de Ben Bella).



7 JUIN 1962:

Comme prévu, Il n'y a toujours pas de statistiques des attentats, enlèvements, massacres,
L'O.A.S. annonce la reprise des opérations, dans une nouvelle émission pirate.
"40 détenus F.L.N. "s'évadent" de la prison d'Alger." "Des cadavres d'européens sont découverts, dont une jeune fille de 18 ans copieusement violée." "Nombreuses disparitions."
Fort chabrol à Oran où sept membres d'un commando O.A.S. sont abattus par les forces de l'ordre.
Exécution à la satisfaction des anti peine de mort de "Piegts (27 ans) et Dovecar (25 ans)."
"Piegts et Dovecar" sont fusillés dans la forêt de Marly, sans doute par discrétion.
Chaque année, la communauté pied noir honore leur mémoire. "Dovecar" était fiancée avec une pied noire, "Michèle Gomez", emprisonnée à la Roquette, également torturée.
Il avait en cours une demande de naturalisation.
La famille Gomez veut mettre des fleurs sur la tombe de Dovecar, les gendarmes l'en empêchent.
Ils profitent de la nuit pour le faire quand même, au matin les gendarmes les piétinent et jettent des ordures à la place des fleurs.

Fin de la réunion du C.N.R.A. à Tripoli , que le premier ministre du G.P.R.A. mis en minorité, a quitté en cours de route.
Le "programme de Tripoli" (le second) résultat de laborieux compromis est surtout une attaque en règle contre le G.P.R.A., ben Khedda et ses réalisations, en particulier les déclarations d'intention d'évian, et un hymne à la fois au socialisme et à l'arabisme.
Le gouvernement français, qui a eu connaissance du document "secret" par plusieurs sources n'y réagit en aucune manière. Cependant, pour ne pas remettre en cause les "acquis" le CNRA ne vire pas Ben Khedda, Ben Bella ronge son frein.




8 JUIN 1962:

L'O.A.S. reprend l'opération terre brûlée, douze hold up, plasticage des facultés causant un violent incendie.
Le couvre feu est ramené à vingt heures.
Deux plastics à Constantine.
Assassinats et enlèvements un peu partout.
"De gaulle" donne une interview pour l'Histoire,
à l'occasion d'une émission de télévision qui fait un historique de la guerre d'Amlgérie; il y dénonce "l'entreprise d'usurpation venue d'Alger, le 13 mai 1958."
"Peyrefitte", en tant que ministre de l'information, s'étonne poliment, De gaulle en rajoute:
"J'ai maté une rébellion militaire...
quelques militaires ont fait cause commune avec les activiste d'Alger pour se rebeller contre le pouvoir civil..."



9 JUIN 1962:

Le consul général de états unis à Oran propose au gouvernement français d'évacuer des français sur les bateaux de flotte américaine, il est traité comme un alarmiste.
La flotte française manœuvre vers Chypre.
Plastic en série à Alger, postes, écoles, contributions, bazooka sur les antennes de radio Alger. Six hold-ups.
Obus de mortier tirés sur un cantonnement de garde mobiles et de CRS, nombreux blessés.
33 O.A.S. arrêtés à Oran.
Nombreux assassinats à Sidi-bel-Abbés, Palissy (le maire), Mostaganem, Tiaret.
De gaulle s'exprime:
- "En 1958, la rébellion musulmane offrait à la communauté française un seul choix pour son avenir: "la valise ou le cercueil."
Mais une fois l'Etat remis debout... la rébellion, renonçant à ses outrances et répondant aux désirs des masses, en venait-elle peu à peu à entrer en contact avec nous pour conclure,
en fin de compte, des accords permettant à l'Algérie d'exprimer sa volonté en toute connaissance de cause ...
"Depuis quatre ans, en dépit des orages ... y ont trouvé leur compte la justice et l'efficacité."
On assiste à la création du mythe "tout est la faute de l'O.A.S.".
"dans 23 jours, pour la france, le problème algérien sera résolu au fond".
Enfin, de jour en jour, il apparaissait que le nombre de places sur les bateaux à destination de la métropole était de plus en plus compté,
en raison de l'afflux des demandes de pieds-noirs (les files d'attente devant les préfectures et sous-préfectures, au mois de juin, étaient spectaculaires dès le petit matin).
Et puis, s'agissant des supplétifs, les autorités Algériennes qui doublaient l'administration française clairsemée et affaiblie, ne voulaient pas laisser partir des proies faciles et intéressantes..,
les discours trompeurs essayaient de rassurer les esprits inquiets!
Dans cette situation, il convenait inévitablement de segmenter les départs.



10 JUIN 1962:

Nombreux plastics à Alger, centre culturel américain, bâtiments publics.
Enlèvements, assassinats.
A Hussein Dey, une patrouille de la force locale, prise de panique, tire sur un immeuble et tue une femme de 61 ans.
Pour contrer l'effet déplorable des charniers découverts dans les environs d'Alger,
le service de presse du FLN publie coup sur coup des témoignages terrifiants,
- d'abord des charniers anciens découverts dans l'est algérien, - (au djebel Felten) dont on laisse à penser qu'il s'agit des restes de l'extermination du 8 Mai 45, - puis après deux trois jours, à Chéria près de Bône, cette fois plus récent, et les noms des officiers français responsables étaient donnés.
- La presse française se repaît de ces fausses nouvelles et les pieds noirs continuent à fuir.



11 JUIN 1962:

Krim Belkacem, vice président du GPRA et négociateur d'évian, quoi que désavoué par le CNRA à Tripoli,
s'installe au rocher noir avec les autorités françaises et celles de l'exécutif provisoire.
Nombreuses destructions à Alger.
Sept européens sont tués par la force locale.
Enlèvements, assassinats.
A Baraki affrontement entre divers clans du F.L.N., 6 morts 15 blessés.
A Sidi yacoub, près de Sidi bel Abbés, la troupe française réclame la libération d'européens gardés par le F.L.N. dans une prison improvisée.
Devant le refus, les militaires donnent l'assaut, 15 F.L.N. tués, 2 militaires aussi, 8 autres sont blessés, six prisonniers sont délivrés dont le curé de Parmentier.
Un puits de pétrole est plastiqué à Hassi Messaoud.
Plastics à Paris et à Nice.
Heurts en région parisienne entre policiers et musulmans, cinq policier blessés, 15 arrestations.
Les algériens ayant bien compris la victoire du FLN demandaient en effet l'extra territorialité de leurs établissements (cafés, hôtels...) et, payant le FLN ne voulaient plus se soumettre aux lois françaises.



12 JUIN 1962:

A Alger, deux assassinats, deux plastics, six incendies criminelles, trois hold up.
Une quinzaine d'enlèvements, des assassinats.
Manifestation FLN à Noisy le sec (19 blessés), aussi à Nanterre, à Briey, (10 blessés).



13 JUIN 1962:

Enlèvements (dont cinq à Belcourt) incendies et plastics, assassinats.
A Oran, le lieutenant colonel est tué par un commando O.A.S.
Pour les museler, tous les jeunes Algérois ont été raflés dans leur quartier, notamment dans les cafés du champ de manouvres,
- embarqués à Alger,
-débarqués en métropole
-et incorporé dans l'armée pour y faire leur service militaire. eventuellmeent par anticipation.
"Cette operation s'est appelée le " PLAN SIMOUN"

EXTRAIT PLAN SIMOUN ou la "Mobilisation anticipée"...

L'initiateur se nommait Christian FOUCHE .
Votre serviteur faisait partie de ce programme et c'est comme cela que je me suis retrouvé incorporé d'office, transferé par bateau à Marseille et par train spécial gardé sous escorte militaire à Lille puis ARRAS et LAON
A Tunis, ben Khedda déclare "nous respecterons les accord d'évian".
Le GPRA demande aux français d'algérie de rester, et leur promet des droits égaux.
Mais en écho aux négociations OAS/Mostefaï, il affirme :
"certains veulent des garanties supplémentaires pour les européens, mon gouvernement exclut catégoriquement une telle possibilité";
On sait depuis que lors du premier congrès de Tripoli (08/61), et à l'occasion du remplacement de Ferrât Abbas par ben Khedda, il avait été décidé de virer systématiquement tous les français d'algérie
et que donc le paraphe par Belkacem et la signature par la france de ces fameuses déclarations d'intention n'engageaient que ces deux là.
Ce n'est que ce 13 juin 1962, soit trois mois après le cessez-le-feu et vingt jours avant le scrutin d'autodétermination, donc vraiment in extremis que la population des juifs du M'zab accède à la pleine citoyenneté française.
Ceci par un arrêté du ministre chargé des Affaires algériennes paru au "Journal Officiel".
C'est grâce à cette mesure que les Juifs du M'Zab, dans leur quasi-totalité,deviennent des citoyens français de statut civil de droit commun
et peuvent de ce fait envisager sans obstacles administratifs leur installation dans la Métropole.
Ils seront parmi les rares à être evacués par le gouvernement français, Un pont aerien est créé entre Marseilles et Gardaïa.
Explication:
En 1962 les juifs du M’Zab et des territoires de Ghardaïa n’étaient pas français.
Par quelle aberration ? Et personne jusqu’à ce jour ne s’en était soucié.
POURQUOI?
Les décrets du 24 octobre 1870 (Décret Crémieux) et du 7 octobre 1871 avaient accordé la citoyenneté française à part entière aux Israélites indigènes d’Algérie.
Mais par « Algérie » il fallait entendre les seuls territoires géographiques des trois départements
d’Alger, de Constantine et d’Oran tels qu’ils existaient à l’époque (1870)
Les territoires sahariens de Ghardaïa et du M’Zab, non encore militairement occupés et pacifiés, n’y étaient pas compris.
Après les funestes Accord d’Evian, les juifs vivant au milieu et en parfaite symbiose avec les musulmans du M’zab et des territoires de Ghardaïa sont paniqués.
Leur affolement et leur panique sont pleinement justifiés.
Depuis un certain temps, de jeunes musulmans profèrent à leur encontre des menaces précises de pillages, massacres, enlèvement de femmes.
Les filles sont bousculées dans la rue, les passages juifs insultés, les élèves juifs battus dans les écoles par leurs petits camarades musulmans.
Des rassemblements d’individus violents et menaçants regroupés autour du quartier juif doivent être dispersés par les forces de l’ordre.
La renaissance chez les musulmans du racisme et de la haine devient évidente, et des faits précis confirment cette hostilité, par exemple :
- Les commerces des juifs sont boycottés.
- Il est interdit à un musulman d’acheter un immeuble appartenant à un juif.
« Les juifs sont venus nus, ils doivent repartir nus »,dit-on.
Les juifs craignent donc de revenir au temps des Kanoun, au statut de Dhimmis.
En outre, ils sont impressionnés par les déclarations faites par Ben Bella début 1962 au Proche Orient, jurant que les troupes de l’Algérie indépendante, estimées à cent mille hommes, se joindront à celles des pays arabes pour anéantir Israël (où 1034 membres de leur communauté ont déjà émigré).
Ils ont donc la conviction qu’ils deviendront un jour des otages à la merci des Algériens.



14 JUIN 1962:

-"L'exode continue."
Comme il est impossible de trouver des cadres de déménagement, et que les services de transport ne fonctionnent plus
de nombreux pieds noirs détruisent leurs possessions avant de partir.
- Cinq personnes d'une même famille qui avaient été enlevés avec cinq militaires sont délivrés à la suite d'une intervention de la commission centrale du cessez le feu.
- Sept pieds noirs (une famille de cinq personnes, leurs deux employés) sont enlevés dans une ferme près de Birtouta.
- Quinze musulmans du MNA enlevés près d'Alger.
- Hold-ups et plastics dans toutes les grandes villes.
Le général Weygand, qui s'est tenu à l'écart de toute politique dans les périodes troublées intervient et publie un communiqué:
"des milliers de français d'origine musulmane ont péri de la façon la plus horrible pour avoir jusqu'au bout voulu demeurer fidèles à la France
*L'honneur de notre patrie, voilà bien la question.*
Si nous abandonnons, sans mot dire, à leur sort affreux les musulmans d'algérie qui ont fait foi à la parole donnée au nom de la France, l'honneur de notre pays sera perdu.
" Les médias en rigolent encore."
Il n'est evidemment pas question de faire venir en métropole des français musulmans d'opinion nationaliste, voir d'extréme droite.
Premier comité interministériel relatif aux rapatriés, devant l'impuissance de l'administration civile,
Mesmer prend l'initiative de mettre les moyens de l'armée à la disposition des anciens supplétifs,: -Il prend en charge avec les moyens de l'armée,
-le transport,
-Il prête les camps militaires,
-Il met à disposition 2300 membres des forces armées.
*A Nanterre, 2000 algériens font la fête, ils réclament l'extra territorialité de leurs établissements ils enlèvent un européen qui ne sera jamais retrouvé.



15 JUIN 1962:

L'O.A.S. applique la politique dite de la terre brûlée, une immense explosion secoue l'hôtel de ville d'Alger, un mort 43 blessés.
Nombreuses incendies volontaires, nombreux plastics dans toutes les villes d'algérie.
Deux européens abattus à Alger par des policiers de la force locale.



16 JUIN 1962:

*Les campagnes abandonnées par l'armée française sont les témoins d'ignobles massacres, et de pillages systématiques. *
Les informations sont pratiquement impossibles à obtenir.
Les foules se pressent aux ports et aux aéroports.
Krim Belkacem a été consulté au sujet des négociations Susini-Mostefaï, il a couvert ce dernier, malgré l'opposition de Ben Khedda.



17 JUIN 1962:

La presse métropolitaine signale un attentat déjoué contre "De gaulle".
Il se serait agi d'une tentative à Vesoul, le 15, lors d'une tournée de propagande, menée par des deltas ayant fui l'algérie.
France Soir explique que des chiens piégés et dressés devaient entourer le chef de l'état et exploser.
Coté OAS, personne n'est au courant de rien, Auto-intoxication des policiers ou manipulation politique pour faire oublier les images des réfugiés sur les quais d'Alger et d'Oran?
La police arréte quand même puis relachera un certain nombre de personnes connus pour leurs opinions.
Deux cafés morts mitraillés en région parisienne, 8 blessés graves.
Depuis Tunis, l'agence de presse du FLN annonce la découverte de charniers, ce qui émeut considérablement les amis du FLN.
Après enquête, et comme d'habitude, il s'agit de règlements de comptes entre factions FLN mis en avant pour contrebalancer l'effet des charniers (bien réels ceux là) des environs d'Alger.
Mostéfaï intervient à la télévision pour expliciter les accords Susini/Exécutif provisoire.:
-il reconnaît l'OAS comme representant des européens.
- l'amnistie est totale pour tous
- la force locale comprendra des européens.
Au conseil des ministres de ce jour, Boulin réitère,
"Ce sont bien des vacanciers, ils ont avancé leurs vacances d'un mois, il faut que la preuve du contraire soit apportée".
50.000 "vacanciers" errent sur les quais de Marseille, sans un sou, ne sachant où passer la nuit.



18 JUIN 1962:

Mostefaï, de l'exécutif provisoire, dans un discours sur radio Alger cherche à calmer la panique des européens, mais depuis le caire, Aït Ahmed le desavoue
et à Alger Azzedine le patron de la zone autonome affirme qu'il n'engage personne et que c'est pure propagande pour diminuer les attentats de l'OAS.
Des rumeurs de négociations O.A.S./F.L.N. circulent à Alger.
Une émission pirate de l'O.A.S. ordonne le cessez le feu et la fin de l'opération terre brûlée dès le soir.
Dans une émission à Constantine, l'O.A.S. - Est désavoue ces négociations. - Des assassinats à Alger, Oran.
- Des plastics à Bône et Philippeville.
- Le reste, attentats divers, exécutions de musulmans pro français, enlèvements, vols est masqué par la censure.
C'est M. L'abbé X. qui arrive le premier avec soixante-dix habitants de Perrégaux.
Ils sont complètement affolés et doivent embarquer samedi. Ayant tout abandonné, ils n'ont que leurs valises.
Et l'abbé nous supplie de trouver voitures et camions pour aller sur l'heure chercher tous ceux qui n'ont pu partir.
Son village de Belgique sera ravi, pense-t-il, d'accueillir tout ce monde.
- À Perrégaux, les Arabes seraient sur le point d'envahir et de massacrer.
- C'est l'enlèvement de cinq hommes hier, divers viols et le conseil très pressant de l'armée française paralysée qui ont déclenché cet exode.
- De partout les gens arrivent sans places retenues et vont avoir à attendre quinze jours un moyen de transport.
Il suffirait de mettre en ligne quelques courriers d'Orient de deux mille places.
On en parle; mais on ne s'y décidera jamais.
La panique règne dans beaucoup de bleds.
Des sous-préfectures, comme Saïda, sont fermées et le personnel parti. Il n'y a personne pour s'occuper des gens.
Bien des médecins, pharmaciens, commerçants ont été obligés de partir.
Dans toutes les familles il y a des séparations brutales qui sont tragiques en ces circonstances.
Perdus dans la diaspora, se retrouvera-t-on un jour?
Fort heureusement, le personnel du Secours Catholique est à la hauteur du drame.
Il garde son sang-froid avec un très remarquable esprit d'initiative' d'organisation et de dévouement.
Pour l'instant tout passe bien.
Mais ce cher abbé X., mort de fatigue physique et morale, est complètement à bout.
Il a ramassé tout monde et surtout les plus déshérités: infirmes, boiteux, vieillards, et bien des familles nombreuses.
Ils se sont assis sur la valise familiale, la smala autour du père, et pleurent tous ensemble.
Il est vrai qu'il devient impossible de tenir compte des priorités.
Tout le monde est prioritaire; les femmes enceintes ou malades, les vieillards, les familles nombreuses. Tous les cas sont tragiques.
Les gens des services d'accueil n'ont plus de larmes à verser.
De temps en temps seulement l'accumulation du malheur les submerge.
Ils se dégonflent alors dans une oreille amie ou dans un coin tout seuls. Les enfants, eux, sont ravis.
Beaucoup n'avaient jamais quitté leur village, ni vu un bateau, ni la mer .
Le P.C. du Secours Catholique est maintenant installé ici et bien organisé pour diriger ses cinq centres d'accueil, et les nourrir
La ligue arabe déclare apporter son soutien au GPRA (les grandes manœuvres entre clans du F.L.N. ont commencé).
Aït Ahmed, ("moderé" rallié à Ben Bella) depuis Tunis, refuse d'accepter les accords FLN/O.A.S. signés à Alger
- Trois cafés maure mitraillés à Alger.
- Trois harkis disparaissent à Paris, enlevés par le FLN, ils ne seront jamais retrouvés.
Toute une série de cafés sont mitraillés dans la banlieue parisienne,
-à Issy les Moulineaux, à Aulnay,
-à Nanterre,
-à Paris rue de la croix nivert, rue d'aubervilliers, rue petit, rue de Lyon, rue Polonceau,
- en tout un mort 20 blessés.



19 JUIN 1962:

Susini dans une émission pirate demande la mise en application immédiate des engagements de Mostefaï.
De Tunis, ben Khedda déclare ne pas désavouer les accords d'Alger entre OAS et FLN.
Le reste, attentats divers, exécutions de musulmans pro français, enlèvements, vols est masqué par la censure.
Selon le préfet de police Vitalis Cros (dans son livre) il y eut à Alger seulement depuis le 10 Juin,
14 opérations de fouilles et de bouclage, concernant 5242 perquisitions, 21249 personnes contrôlées, 845 arrestations, 500 armes saisies.
Bien entendu contre l'OAS, Vitalis Cros était l'allié du FLN.



20 JUIN 1962:

Le colonel Gardes confirme que les accords ont bien été passés entre le F.L.N. et l'O.A.S.
"Chevallier" l'ancien "maire d'Alger" déclare qu'il faut voter "oui" au référendum du premier juillet.
Le travail reprend tant bien que mal dans les administrations et certaines usines.
Le reste, attentats divers, exécutions de musulmans pro français, enlèvements, vols est masqué par la censure
De Bruxelles l'ancien premier ministre Georges Bidault qui a créé avec Soustelle le conseil national de la résistance, (il était également le président du conseil national de la résistance après l'arrestation de Jean Moulin) demande le report du scrutin pour laisser se rétablir le calme en algérie.
- Les pieds noirs s'enfuient : Un véritable chaos règne sur les quais d'Alger.
- Des foules attendent, en plein soleil, le passage d'un paquebot.
- A l'aéroport, des masses non moins compactes s'entassent dans des halls surchargés et aux alentours.
L'attitude des militaires envers les réfugiés est variable:
certains aident les plus faibles, transportent les malades, voire donnent des biberons.
D'autres témoignages font état de brimades et de brutalités.
Il semblerait qu'en juin, des unités blindées aient fait mouvement autour de Maison Blanche pour dissuader les automobilistes de venir s'agglutiner aux embouteillages déjà existants.
Des officiers n'hésiteront pas à menacer d'écraser les récalcitrants sous les chenilles de leurs chars.
"Le désarroi de ceux qui ont vécu ces minutes alors qu'ils espèrent encore recevoir l'aide de leur armée est indicible.
Le spectacle du hall était horrifiant."
Plusieurs milliers de personnes s'y compressaient.
Il était difficile de s'y frayer un passage.
Rares étaient ceux qui avaient pu profiter d'un siège ou d'un coussin.
Hommes, femmes et enfants étaient assis par terre, les familles formant un cercle étroit, en raison de la nécessité de faire place aux autres.
Les haut-parleurs avaient répété qu'il était inutile de se présenter aux guichets et que la foule serait prévenue, lorsque des avions pourraient assurer son évacuation.
Rien à faire, dans ces conditions misérables.
Bien entendu, le restaurant était fermé
On ne pouvait se procurer au bar, rien d'autres que des sandwichs de pain dur et des canettes de bière chaude.
Quant aux toilettes, engorgées, souillées à ne pouvoir y mettre les pieds, elles étaient repoussantes, au sens le plus strict du terme:
on renonçait à y rentrer.
*Cette foule était accablée, au point d'être presque silencieuse:
aucun éclat de voix, aucun brouhaha ne s'y manifestait.
Rien d'autre qu'un demi- silence, morne et désespéré.*
En fin de soirée, les haut-parleurs annoncèrent que quelques avions assureraient le départ le lendemain matin,
et invitèrent les personnes déjà admises dans le hall à se présenter aux guichets de la délivrance des places.
- Les occupants dormaient repliés sur eux-mêmes.
- Deux ou trois familles de harkis avaient réussi, par miracle, à s'introduire à l'aéroport.
- Tous ces corps à terre donnaient une impression écrasante d'humiliation.
Ils étaient surveillés par des gardes mobiles, mitraillette au poing"
*Et on ne dit pas, car ça va de soi, que chacun doit payer sa place.



21 JUIN 1962:

En conseil des ministres "Boulin" estime que la situation des départs d'algérie est "normale", qu'il y a "assez de moyens de transport",
et que s'il y a des problèmes c'est la faute à l'O.A.S. qui a interdit les réservations
Le 21 juin, alors que le chiffre cumulé des enlèvements pour toute l'Algérie approche de 1.107,
"Louis Joxe" fait au Conseil des Ministres une communication optimiste:
"Déjà se multiplient les signes d'un retour à la vie normale".Les attentats meurtriers ont pratiquement cessé:
certains Européens qui avaient été enlevés ont été libérés "
Toutefois le chiffre des Européens libérés n'est que de 190. Celui des manquants est de 789 auquel s'ajoutent 128 tués soit un total de 917 victimes, total qui va encore doubler pendant l'été.

Rien de tout cela n'autorise véritablement l'optimisme.
"Robert Boulin" est d'ailleurs moins confiant que son collègue et, à cette réunion, il parle "d'exode".
Un exode qui, d'après lui, "vient de l'O.A.S.".
Le Ministre admet d'ailleurs que ses services ont cherché à le ralentir.
Compte tenu de la situation sur place et de l'insécurité qui règne, cette démarche peut paraître bien inconsidérée, car les "enlèvements de juin dépassent officiellement ceux de mai."
Mais ceci n'empêchera pas "M. Boulin" d'affirmer le 27 juin à un nouveau Conseil des Ministres que les pieds-noirs réfugiés
"sont bien des *vacanciers* jusqu'à ce que la preuve du contraire soit apportée".
La situation économique est devenue incohérente, suite au départs de beaucoup, au non renouvellement des stocks des commerçants, à l'exode des agriculteurs et des habitants du bled.
La censure de la presse est supprimée, mais l'écho d'Alger n'est pas rendu à son légitime propriétaire.



22 JUIN 1962:

La population européenne qui continue à envahir les aéroports et les quais en espérant trouver un départ pour la métropole. Le bled a été complètement abandonné, des échos de pillage et d'exactions massives des partisans de la france parviennent en ville, ce qui ne fait qu'accentuer la "panique."
De nombreux enlèvements en particulier de jeunes femmes et de jeunes filles ont lieu dans toute l'algérie. Les européens sont autorisés à participer à la force locale, qui a dans sa totalité rejoint le F.L.N. L'executif provisoire recherche 225 policiers européens. - Guérilla entre MNA et F.L.N., nombreux morts à Alger. - Explosion, incendie à la mairie d'Alger.
- Trois européens libérés au Telagh.
- Quatre plastics à Paris.
- Trois activistes arrêtés à Marseille.
Le capitaine Favarel, patron de la SAS de Mostaganem a réussi à affréter un bananier qui emporte vers le camp du Larzac 150 familles de harkis de la région, presque mille personnes.
Favarel est connu pour son engagement auprès de l'O.A.S.
(il a giflé le préfet de Mostaganem qui lui demandait de faire poser par ses harkis les affiches encensant les déclarations d'intention d'Evian).
De retour chez lui après le départ du paquebot il est victime avec sa famille d'un attentat organisé par la force locale (qui dépend théoriquement de l'autorité provisoire) et ne doit la vie qu'à l'aide que lui apporte un ancien tirailleur.
Plus tard, il sera arrêté en Allemagne où il a été muté parce qu'il s'était amusé à mettre dans le couvert de "De gaulle" et de ses commensaux un carton "avec les compliments de l'O.A.S.",
crime plus impardonnable que tout le reste.
- Les pieds noirs continuent à partir :
-Les choses ne sont guère différentes pour ceux qui empruntent la voie maritime.
Serge Groussard, le journaliste de L'Aurore s'est imposé de prendre, avec les réfugiés, un bateau pour Marseille. Son témoignage rejoint le précédent.
"J'ai soif je suis l'un des vingt-cinq mille candidats à l'exode, qui piétinent debout depuis une moyenne de quarante-huit heures, bientôt largement davantage et qui sont empoignés par la sueur, la fatigue, la faim et par dessus tout la soif . Mais il n'y a pas de roulantes pour l'infortune. On rôtit, immobile, presque sans bouger.
Heureusement, les pieds-noirs ne souffrent guère des outrances d'un climat auquel de longues générations les ont adaptés, et ils résistent particulièrement bien à la soif, à la fournaise... On s'est entassé pendant des jours et des nuits.
La solidarité naît vite entre tous ces réprouvés.
S'ils commençaient à se battre pour un rang dans la queue, un coin de sol pour leurs affaires, alors ce serait l'enfer sur cette immense surface surpeuplée où le béton lui-même, pourtant protégé par nos corps, chauffe sous les pas.
Il y a, quotidiennement, plus d'une cinquantaine d'évanouissements, et une moyenne de trois décès "naturels"" Bien entendu Groussard, comme tous les autres a payé sa place.



23 JUIN 1962:

Le porte avion Lafayette débarque 1200 harkis à Marseille.
Dans la Monde du 22 juin, le journaliste Goué signale qu'à Perregaux, qu'il y a eu 10 enlèvements en 15 jours. C'est pourquoi Perregaux voit sa population pieds-noirs passer de 9.000 à 2.000 âmes au premier juillet.
Il en est de même à Arzew où le journaliste constate que nul ne se préoccupe du "réduit Oranais" cher au général Gardy,mais uniquement d'organiser son déménagement. Il faut dire qu'en arrivant dans les zones rurales, les troupes de l'ALN n'ont pas eu pour souci principal de tranquilliser les Européens. Gérard Marin interroge pour Le Figaro des réfugiés qui, dans un entassement indescriptible, attendent à l'aéroport de Maison Blanche, des avions qui ne viennent pas ou rarement.
A la question de savoir pourquoi ils n'ont pas tenté l'expérience de la cohabitation, en s'en remettant aux "garanties" et aux "accords", un instituteur qui a fui le bled, lui répond (Le Figaro du 21 mai 1962) :
"Le FLN n'a rien fait pour nous rassurer.
Le toubib est parti et une trentaine d'autres avec lui.
Depuis, les enlèvements se multiplient.
Dernièrement deux des nôtres ont été enlevés: une infirmière et un homme. Ils ont été relâchés moyennant la libération de cinq membres de FLN et la remise de l'armement saisi. Et l'intérieur de l'Algérie voit partir tous ses Européens.
Des campagnes, ils gagnent les bourgs, des bourgs ils gagnent les villes. Souvent ils sont arrêtés en chemin, contrôlés et dépouillés par des militaires de l'ALN.
Car les témoignages sont unanimes:
- les militaires algériens fouillent les bagages, fouillent les voitures et conservent tout ce qui a de la valeur: argent bien sur, mais aussi bijoux, appareils électriques ou électroniques.
- Un drame s'est joué dans le Sud Algérien.
Là, les Européens étaient rares: quelques milliers d'Israélites vivant principalement à Ghardaïa.
Il faut dire que la région était restée très calme tout au long de la Guerre d'Algérie.
La perspective de l'Indépendance et la rapidité du "dégagement" menaçaient de les placer brusquement dans une situation délicate. - On assiste à une véritable disparition de l'administration française qui, à partir du mois de juin, tend à s'amplifier.
Comme le disent au Monde du 20 juin, les personnes qui quittent Perregaux: l'administration est décimée: il n'y a plus de sous-préfet, plus de maire, plus de commissaire de police.
Ajouté à la volatilisation du corps médical et du corps enseignant, le phénomène est impressionnant.
Il s'explique par des causes simples. Il est évident que les employés administratifs ne sont pas les derniers à prendre peur . Le fait de bénéficier de possibilités de reclassement et même pour certains de "primes de retour," les portent à organiser leur départ par anticipation.
- Les premiers à le faire sont les policiers, nombreux en Algérie, et à qui l'on a indiqué que "la France ne doit plus avoir de responsabilités dans le maintien de l'ordre après l'autodétermination".
Ceci les oblige à présenter très tôt leurs demandes de mutation et à préparer leur voyage.
Or, c'est le mouvement du fil et de la pelote; les policiers partent les premiers, les autres suivent, persuadés que leurs tuteurs et leurs protecteurs naturels les quittent.
"Tous les échelons de la hiérarchie administrative se trouvent progressivement entraînés."
Parmi les causes du départ des fonctionnaires européens, il en est une que l'on oublie aujourd'hui.
Peu de Français veulent se retrouver en position d'autorité après l'Indépendance par crainte de polariser l'hostilité du FLN.
Ceci est évident pour le maintien de l'ordre, mais concerne aussi les postes de gestion. L'ensemble de ces mouvements accentue le chaos et disloque l'Algérie.
Le ''général De gaulle'' dira au Conseil du 25 juillet que les fonctionnaires étaient des "déserteurs" et "qu'ils avaient fui comme des lapins" mais leur anxiété s'explique.
Georges Pompidou signalera ainsi le 8 août que, "certains fonctionnaires retournés en Algérie auraient été enlevés".
Les Algériens sont-ils prêts à prendre la relève ? En général non. Ca et là, des fonctionnaires sont nommés.
De jeunes intellectuels musulmans apparaissent qui prennent la suite des Français.
Aux observateurs, ils apparaissent pleins de bonne volonté mais aussi terriblement inexpérimentés (Le Monde du 28 juin 1962). Ils n'ont guère d'autorité et devant les troupes de l'ALN qui surgissent en ville et dans les zones rurales, ils ne peuvent que s'incliner.
La conclusion de tout cela s'énonce très simplement:
- chez les Européens, l'angoisse de se retrouver en tête à tête avec le FLN après l'Indépendance grandit.
- Le chiffre des départs triple donc en juin, mois que Bernard Tricot qualifie de "désastreux".
Monneret, " la phase finale de la guerre d'algérie ",
-"De gaulle" assiste au mariage d'une connaissance, à Rebrechien, près d'Orleans. "Bastien Thiry" s'y invite et monte un attentat sur le parcours de la voiture présidentielle, "De gaulle" arrive en hélicoptére.



24 JUIN 1962:

Le drapeau F.L.N. est hissé au rocher noir (le siège de l'exécutif français en algérie) par anticipation, les parachutistes le descendent en vitesse.
Calme à Alger, mais les enlèvements continuent, on recherche ce jour les nouveaux enlevés, vingt personnes dont six jeunes filles.
Un jeune homme a été enlevé rue Michelet, le centre de la ville européenne, symbole de la main mise du F.L.N. sur l'ensemble de la ville.
Il semble que le F.L.N. cible les barbus, les barbus se rasent.
A Oran l'O.A.S. annonce la reprise de la terre brûlée, quinze plastics dans la ville visant les bâtiments publics, en particulier la préfecture (on rappellera que Chevenement y était et qu'il raconte cette période sans complaisance dans un de ses livres).
A Constantine, la ville est abandonnée par pratiquement tous les juifs, qui obéissent aux consignes de leur consistoire.
Le Kérouan, paquebot de 1200 places, débarque 2630 personnes à Marseille.
Un bananier qui dispose de 12 couchettes en débarque 245.



25 JUIN 1962:

Alger est envahi par les musulmans venus du bled dans l'espoir de pillage, les appartements vacants sont occupés, parfois avec les animaux domestiques. (s'agit ni de chiens, ni de chats, ni de canaris).
A Oran l'O.A.S. pour marquer l'échec de son accord avec Katz, fait sauter les citernes d'essence du port, elles brûleront plusieurs jours, de très nombreuses explosions détruisent des bâtiments publics.
Le reste, attentats divers, exécutions de musulmans pro français, enlèvements, vols est masqué par la censure ou inconnu, le bled étant entièrement sous contrôle FLN.
Consternés par les dissensions au sein du F.L.N. apparues au grand jour au congrès de Tripoli, les chefs des willayas lancent un appel commun à l'unité qui ne sera pas entendu. Prévoyant un affrontement entre elles et les troupes de l'extérieur, qu'elles méprisent, les wilayas se renforcent au maximum en phagocytant la force locale.
Lorsque l'armée française quitte Sétif, les harkis en fuite se rendent en taxi et en chemin de fer à Alger ou Bône, et prennent le bateau pour Marseille.
La surveillance s'est relâchée, ils trouvent des complicités dans la population, certains sont hébergés par leur famille à Alger.
La légion étrangère de Mascara prend ses quartiers à Bonifacio, sous les acclamations de la foule.



26 JUIN 1962:

Les membres du FLN qui vivent au rocher noir dénoncent les accords Susini Farés comme contraire aux déclarations d'intention d'évian.
Ils attaquent en particulier le fait qu'un statut particulier serait accordé à Alger et Oran.
Les départs se poursuivent, Oran est à moitié vide, l'accès au port, encombré de dizaines de milliers de personnes cherchant à fuir est interdit au public.
"Monsieur Boulin" confirme que "tout est normal sur les quais" et dans les "aéroports d'algérie," que 169.000 personnes seulement sont partis en juin alors qu'il y en avait eu autant en juillet 61 et que donc cela prouvait seulement que les pieds noirs avaient avancé leurs vacances d'un mois.
Le maire de Tlemcen (le nouveau, nommé par le F.L.N.) indique que 90 % de la communauté juive est partie.
Tout (les enlèvements minimisés, les incidents entre armée et FLN passés sous silence, le massacre des harkis nié, l'exode des pieds noirs qualifié de départs de vacanciers) se passe comme si le gouvernement nie tout ce qui peut montrer que les déclarations d'intention d'évian n'étaient que du vent.



27 JUIN 1962:

Une émission pirate (en fait organisé par l'administration française) de Susini demandant aux pieds noirs de rester en algérie et à ceux qui sont partis de revenir reste lettre morte.
Les compagnies de navigation acceptent enfin d'embarquer sans paiement ceux qui arrivent sans rien aux ports, ayant tout abandonné (il s'agit en particulier de personnes vivant dans le bled et qui ont dû fuir en catastrophe les pillages du F.L.N., ou de gens dépouillés sur la route.)
Le gouvernement français assiste sans mettre un seul bateau ou un seul avion supplémentaire pour assurer cet exode.
De bébés meurent de déshydratation sur les aérodromes, les C.R.S. interdisant tout contact entre les files d'attente et le reste de la population.
De gaulle à Peyrefitte :
" le rythme de départ correspond au mois de juillet de l'année passée, ce sont les vacanciers qui partent avec un mois d'avance… "

Un groupe d'"amis, de la région de Mostaganem, campe à l'aéroport de La Sénia en attendant un avion, recit:
"Notre ciel de lit: ce sont les étoiles.
Heureusement il faisait bon la nuit, en juin, dans notre belle province! Le matin arrive notre ami Robert, le prêtre dit la messe.
Après les remerciements des militaires, il est invité à prendre le café avec eux et là, il a la présence d'esprit de refuser, prétextant qu'il lui était difficile de manger alors que ses amis n'avaient rien à se mettre sous la dent.
"Bien joué Robert!" grâce à toi nous avons eu des sandwichs jusqu'à notre départ.
Nous sommes donc mardi matin et rien dans le ciel. La journée se passe toujours sans rien sur la piste. Le ciel est encore noir à 18 heures. Les installations portuaires brûlent toujours. Il n'y a plus beaucoup de pompiers à Oran.
Une nuit de plus à la belle étoile à La Sénia et, heureusement les sandwichs des militaires ... Mercredi matin le 27 juin, à 8 heures du matin, un bruit significatif qui réjouit nos oreilles se fait entendre. Miracle! C est un avion qui se pose sur la piste. On le rejoint dare-dare.
En rentrant dans l'aérogare de Bordeaux - Mérignac les "flics" nous attendaient et ultime vexation nous avons eu droit à une fouille au corps, vêtus simplement d'un slip. Notre ami Robert, le prêtre, comme les copains, aurait pu cacher des armes dans sa soutane! Pour moi, j'étais en short, chemisette et espadrilles. D'un air goguenard je n'ai pu m'empêcher de leur dire que mes armes étaient restées de l'autre côté ...
Et malheureusement comme tout a une fin, nous nous sommes séparés après avoir essuyé une larme et tous ensemble promis de nous revoir un jour.
Si Dieu le veut.
*Nous venions de tourner une page de notre histoire, celle écrite de sang et de larmes ... !*
En ville, les gens font tous des pronostics sur la semaine prochaine et se partagent en deux catégories.
- Ceux qui croient à l'envahissement avec massacre,
- et ceux qui croient à l'envahissement sans massacre.
Curieuse impression, assaisonnée d'un sentiment nouveau, d'abandon et de coupure du monde entier depuis les derniers sabotages des P.et T.
La Légion et l'armée n'ont pas marché.
*Adieu, Algérie.*
Il n'y a plus qu'à partir." Après-midi plasticage de la "Maison du colon."
L'Espagne a envoyé deux navires de guerre chercher les Espagnols.
les policiers de la Sûreté Nationale sont tous mutés en France et viennent de passer trois jours à brûler tous les dossiers concernant les Européens compromis en quelque chose.



28 JUIN 1962:

Que peut-on dire qui ne soit pas derisoire quand tout un peuple essaye de quitter sa patrie, dans l'indifférence de ses compatriotes?
*L'Algérie est morte. Adieu Algérie! Et que soit faite la volonté de Dieu!".* Le Monde constate qu'à cette date, 38 000 des 40 000 européens de Constantine sont partis, que 90 % des fonctionnaires restant ont demandé leur mutation, et que sur 20.000 juifs il en reste mille.



29 JUIN 1962:

Une émission de la radio gouvernementale donne la parole à Susini qui appelle à voter oui au référendum sur l'indépendance de l'algérie.
De même à Oran, le "colonel Dufour" demande d'arrêter la politique de la terre brûlée, et informe que le jusqu'au boutiste Gardy a quitté Oran.
A Marseille débarquent d'un paquebot des grands blessés en cours de traitement évacués des hôpitaux d'Alger.
"Degueldre" est condamné à mort par la cour militaire de justice (ne pas confondre avec le haut tribunal militaire) il sera exécuté le 5 juillet 62, service rapide, cette cour n'ayant ni recours, ni grâce.
Dans le même esprit d'élimination definitive des vaincus, Djouani Saïd indicateur de la FPA en 1960 et début 1961, quand la police auxiliaire était implantée dans le 13 ème arrodissement de paris, est retrouvé assassiné après tortures à Orly.



30 JUIN 1962:

"Fouchet" annonce que "…personne ne doute du résultat du référendum, ce sera la collaboration avec la france…".
L'armée commence à évacuer les militaires et les familles d'officier avec ses moyens, dans d'excellentes conditions de confort et de sécurité.
En particulier un paquebot chargé à mort de pieds noirs est vidé manu militari pour laisser la place à une unité qui quitte le bled.
*Plus personne n'est à même de compter les meurtres et les enlèvements, souvent pour voler la voiture des assassinés ou des enlevés.*
- Aucune administration ne fonctionne, c'est la panique la plus totale, dans l'indifférence de l'armée.
Un bilan fait en janvier 63 indique que dix mille musulmans (hommes femmes et enfants, soit environ 2000 chefs de famille) ont été rapatriés par les moyens officiels.
- Sur plus de 200.000 hommes adultes, plus d'un million de personnes, qui se sont engagés aux cotés de la France.
- Sur les six premiers mois de l'année, 1377 harkis seulement ont désertés, dont 503 en mars et 550 en avril.
- Dans la même période, 6055 appelés et engagés ont désertés, et 25000 armes ont été remises à la force locale qui les a porté au FLN.
Trois cafés maures mitraillés à Paris, les règlements de compte entre musulmans s'exaspèrent à l'approche de l'indépendance.
Dans une tentative pour conserver le pouvoir malgré les décisions du congrès de tripoli
Ben Khedda destitue Boumedienne de son poste de chef des forces armées de l'extérieur.
Boumedienne déclare cette décision illégitime et conserve son poste, ses officiers ne mouftent pas.
Finalement deux clans s'affrontent,
le GPRA peut compter sur certaines willayas
-la 2, la 3 (Kabylie) la 4, la 6 et la 7 (métropole),
la zone autonome d'Alger,
un certain nombre d'historiques dont Boudiaf,
une partie des modérés (Farès, Mostefaï, Yazid, tous kabyles).
Ben Bella et Boumedienne ont l'armée des frontières, les willayas 1 et 5 (dont les chefs, depuis longtemps ne vivaient plus en algérie), quelques modérés (Abbas, qui n'a jamais pardonné à Ben Khedda de lui avoir piqué le poste de premier ministre, Francis, Boumendjel). Ces deux groupements sont hétéroclites, et il s'agit bien plus de luttes de clans que d'opinions.



328.000 personnes ont quitté l'algérie en Juin, portant à 490.000 les départs depuis le début de l'année,et à 6900.000 depuis le début de la guerre.
Il reste à peine 300.000 pieds noirs, dont beaucoup dans les aéroports et les ports.


Il y a eu (au moins) 471 enlèvements en Juin 1962, portant à 1107 leur nombre depuis le début de la statistique de la signature des accords d'Evian d'Avril 1962. et:
1583 depuis le début des événements du 1° Novembre 1954

Réf: "Un silence d'état" de Jacques JORDI d'aprés dossiers du Ministère des Affaires Etrangères....



Ci-dessous des photos:





















JUILLET 1962

Vous avez ci-dessous, au jour le jour, les événements du mois de Juillet 1962; mais vous pouvez aller directement aux récapitulatifs en bas de page...

Conformement aux déclarations d'intention d'Evian, la fameuse autodétermination pose la question suivante:
"souhaitez vous l'indépendance de l'algérie en coopération avec la france", oui ou non.
Le non visiblement n'implique pas le maintien sous la souveraineté française, mais l'indépendance sans coopération, c'est bien ainsi que les gaullistes et le FLN l'entendent.
Aussi les partisans de l'algérie française qui disposent d'isoloirs (une minorité) votent nul ou blanc.
Ce référendum est un succès inattendu, six millions de oui sur quatre millions cinq cent mille inscrits au dernières listes électorales de 1961, dont des militaires qui n'avaient plus le droit de voter et des pieds noirs qui s'étaient réfugiés en métropole.
Sans doute le vote du million cinq de martyrs, ressuscités pour l'occasion.
En tout cas le chiffre des inscrits sera rectifié à 6,1 millions, tout baigne, mais 99% de oui alors que les pieds noirs se sont enfuis,
ça fait quand même totalitaire..
La bonne presse (le Monde l'Humanité, Libération, la Croix) saluent avec émotion ce nouveau triomphe de la démocratie.

Les pieds noirs qui sont restés, désireux de cacher tout ce qui pourrait énerver les fells, jettent leurs drapeaux français dans les poubelles.
Il reste environ 370.000 européens en algérie à cette date, dont beaucoup d'hommes qui ont mis leur famille à l'abri le temps de voir venir.
Si les choses s'étaient bien passées, sans doute la communauté pied noire permanente de l'algérie indépendante aurait compté au moins un demi million de personnes.
Mais ça ne s'est pas bien passé :
Il n'est pas simple de raconter l'horreur.
Elles paraissent une offense à un ordre et l'horreur est réellement cette injure.
Elle est cauchemar dont la mémoire ne garde souvenir qu'à travers des traînées de sang.
La force militaire F.L.N. qui campait depuis six ans derrière les barrages installés le long des frontières de la Tunisie et du Maroc, ne s'était aventurée qu'avec beaucoup de précautions dans le chaos algérien livré aux clans armés.
Et dans sa prudente progression, elle avait instinctivement retrouvé les chemins des antiques invasions tracés par les cavaliers aux âges dorés de l'Islam.
Car dans cette bataille que l'Orient et l'Occident
se livraient en Afrique depuis plus de trois mille ans, - l'Occident abordait la vieille terre par les rivages déchiquetés de la mer et l'Orient l'envahissait par les steppes qu'embrasait le perpétuel incendie du soleil.
A l'approche du 1er juillet 1962, apparurent les premières patrouilles par l'Aurès et le Hodna à l'est, et par les monts Amour et Tlemcen à l'ouest.
Sur l'immense territoire algérien évacué par les Français, surgirent en une génération spontanée que la France a connue en 1944, les combattants de la dernière heure, impatients de fêter dans le sang leur baptême de combattants et de se parer d'états de service de pillages et de tueries.
Leurs bandes anarchiques trouvèrent partout des complices dans les populations anxieuses de se faire pardonner dans des sauvageries inédites, les longues années d'hésitation entre les Français et les rebelles et les mille trafics que suscitent les guerres.
Partout ces foules primitives devinrent troupeau de bêtes féroces fouettées par des bestiaires sanguinaires.
Partout elles connaissaient les hommes qui avaient accepté de recevoir des armes des mains des Français pour défendre
leur hautaine dignité d'hommes libres;
ou les harkis et les tirailleurs qu'une démobilisation honteuse avait rendus à leur famille et qui étaient naturellement revenus sur le rocher natal ou la steppe où ils avaient erré enfants derrière les troupeaux.
Elles se ruèrent sur eux.
A Iri-Llali, des hommes furent enterrés jusqu'aux épaules, et sur ces têtes posées au ras du sol, les femmes furent invitées à jeter des pierres; meute de mégères vêtues de robes rouges ou vertes, marquées de ces décorations géométriques qui disent le souvenir de Carthage.
La scène s'enfonçait dans les âges barbares, ressuscitant de vieux supplices d'Arabie.
Certaines victimes, le crâne fracassé du premier coup, cessèrent vite de souffrir. Mais d'autres mirent des jours à mourir.
Leurs terribles plaintes effrayaient les troupeaux de chacals qui rôdaient flairant le sang.
Quand elles s'éteignirent enfin dans le silence des "djebels", il restait sur la terre piétinée des têtes posées sur des jabots et des collerettes de sang et dont les yeux vides regardaient la grande débâcle des nuages sur les crêtes.
Dans les Aurès, on coupa les mains et on creva les yeux des harkis et des tirailleurs abandonnés par les Français.
A Tiaret, on les attacha à des poteaux plantés sur les places publiques et on les fit écorcher lentement, à coups de canif, par des bambins, au centre d'un cercle d'hommes et de femmes qui battaient des mains.
Les gosses assez forts pour blesser, mais trop faibles pour tuer, frappaient et venaient essuyer leurs mains rougies aux robes des mères qui les renvoyaient au carnage et les tenaient parfois dans leurs bras pour leur permettre de porter plus haut que les jambes des coups plus douloureux.
Partout on fusilla, on mura dans des bâtisses de pierre, on brûla sur des bûchers de branches, on ébouillanta, on roua de coups des victimes enfermées dans des sacs, membres liés. Dans le Nord-Constantinois, des femmes tuèrent des captifs à coups de dents.
Ni Mauriac, ni Sartre ne s'émurent, ni l'archevêque d'Alger...
Quand l'armée F.L.N. se fut rendue approximativement maîtresse de l'Algérie, elle collecta les survivants épars dans les bagnes et les poussa sur les anciens barrages où des milliers de mines restaient enterrées.


" 1er juillet.

- Les drapeaux sont ostensiblement jetés aux ordures, sur les poubelles, par tout le monde, vainqueurs et vaincus.
Fête du Précieux Sang qui rachète et purifie le monde et qui donne sa valeur à celui des hommes.
Qu'en son nom soient lavées les flaques sombres de nos rues. Messe extraordinaire au milieu de gens crucifiés, exténués de souffrances, de fatigues et d'émotions, dont les réponses sont des sanglots, mais la sueur celle de l'acceptation et de l'offrande.
À la fin, impressionnantes litanies du Précieux Sang.
Soirée hier, longue et bruyante. Concerts musulmans de casseroles, dans certains quartiers, défilés et réjouissances.
L'amertume de ce jour historique est encore accrue par la dispersion des familles.
-Les uns, les moins suspects, sont en France.
-Les autres, ceux des commandos et des maquis, commencent en Espagne et ailleurs une vie de parias.
-Certains croient pouvoir obtenir un jour le pardon des Arabes et revivre ici.
-Personne ne songe à un pardon de la France et si on y va, ce ne sera que pour combattre.
-Après la vie de bête traquée embrassée pour l'honneur, la honteuse perspective du camp de concentration à perpétuité garde très vive la plaie des familles.
"Le moindre voleur signalé a la main coupée."
Les musulmans font des défilés en voitures et tournent en rond, brandissant leurs drapeaux, le rouge, celui de l'A.L.N. et le vert, celui du F.L.N.-G.P.R.A.
Pour l'instant, on brandit encore les deux dans la même voiture, un à chaque portière.
Des jeunes Européens n'appréciant pas le manège se resserrent par groupes.
L'armée n'est pas très chaude pour obéir aux préfets musulmans. Il est bien temps de faire le difficile.
Toute la matinée, défilé de klaxons musulmans. Chacun son tour. Algérie Ya-Ya.
Des groupes de jeunes, brandissant des drapeaux algériens et hurlant, passent, accrochés sur des voitures, des camions et des vélos.
Les Européens sont submergés, certains encore suffoqués par la promptitude du dégel.
La plupart, au fond, sans l'avouer, sont, je crois, contents. Et n'importe qui, sauf bien sûr la radio pourrait vérifier une fois de plus qu'il n'y a pas tellement de racisme en eux.
Mais c'est très pagaille, et sans aucune police ni service d'ordre, et toujours à la merci du fou qui tirerait un coup de feu.
Les musulmans sont assis dans les squares, debout dans les bars et aux guichets des postes, badaudant partout, et, somme toute, leur aspect n'est pas tellement misérable.
Cet air de détente et de kermesse donne une envie folle d'aller se promener à la campagne, de voir des champs, des bêtes, du calme.
A Paris le FLN prend le contrôle de la population immigrée, il a ses hommes portant armes et brassard apparent dans les rues, il encadre les votants, qui votent dans des lieux aménagés spécialement, ses tribunaux siègent sans désemparer de façon ouverte, et condamnent sans répit, y compris à mort, les algériens qui ont été tièdes ou ennemis.
Longtemps après Ben Bella s'en plaindra :
"cette fédération séquestre dans les caves ; elle soumet à la torture ceux qui se refusent à payer leurs cotisations ; elle continue à employer en temps de paix les méthodes de guerre."
Il est vrai que la fédération de france était pro GPRA contre lui, Ben Bella et le groupe de Tlemcen.

" 2 juillet.
Le général de Larminat s'est suicidé dans la nuit. Compagnon de la libération (grand chancelier de l'ordre) il devait présider le tribunal nouveau (cour martiale de justice) qui remplace le haut tribunal militaire, jugé trop aimable avec les factieux.
Larminat n'avait pas présidé la première séance qui avait condamné une semaine avant de lieutenant Degueldre à mort, pour raison de santé.
Malgré diverses hypothèses autres, l'opinion générale est que de Larminat n'a pas voulu participer à cet hallali judiciaire.
En algérie, le bled débarque dans les villes, les appartements des européens sont pillés, leurs voitures volées, ceux qui protestent assassinés ou "enlevés".
Les statues et autre monuments aux morts sont détruits (très particulièrement la statue de Jeanne d'arc sur le forum d'Alger, qui est coupée en morceau, souillée et ridiculisée) (aussi le monument aux morts- toutes religions confondues- d'Alger coulé dans le béton, il y est toujours, les morts pour la france camouflés) , les églises sont profanées, un vice-consul de france à Alger est sodomisé en public par plusieurs personnes, ainsi que quelques soldats français qui étaient sortis.
Les français de métropole partent en vacances, ce qui encombre les bords de mer, et oblige le gouvernement à envoyer dans le nord et l'est les plus démunis des réfugiés débarquant à Marseille.
On publie le bilan de l'O.A.S., 900 tués, essentiellement musulmans.
Le F.L.N. a tué par attentat (en dehors des actions de guerre)
**10.000 européens,
**50.000 musulmans
et il est en train de liquider 3000 autres européens et 150.000 autres harkis,
on voit bien qui était le plus fort et méritait de gagner.

" 3 juillet.
Le GPRA s'installe à Alger (au rocher noir) et entre immédiatement en conflit avec Ben Bella, Boumedienne et les militaires (le clan de Tlemcen) .
De gaulle reconnaît officiellement l'indépendance de l'algérie,
et d'un trait de plume supprime les mandats des 102 députés et sénateurs
élus d'algérie, violant ainsi une fois de plus sa propre constitution qui soutient que "les élus sont les élus de la nation".(et pas d'un territoire).
Innombrables manifestation de joie dans toute l'algérie, les foules en délire hissent le drapeau sur tous les bâtiments publics,
- les femmes françaises sont violées, les hommes enlevés, les militaires chargés de protéger
- la population européenne restent dans leurs casernes, les musulmans partisans de la france
sont assassinés dans des délires d'imagination (à la tenaille, au gros sel, on leur fait manger leurs décoration, on les enterre vivant et on passe une moissonneuse batteuse sur les têtes qui dépassent, on les attache et on les laisse mourir de faim et de soif, ceux qui viennent les soulager sont tués à leur tour, on les fait bouillir dans des fûts de 500 litres,) bref une fête pas croyable et particulièrement pittoresque.
Les troupes de Boumedienne qui soutiennent Ben Bella entrent en algérie depuis le Maroc et la Tunisie, et, selon les régions, se heurtent aux fidèles du GPRA, des accrochages ont lieu.

" 4 juillet.
Dans le chaos qui a marqué les derniers jours de l'algérie française et les premiers jours de l'algérie indépendante il est impossible de donner une chronologie ou des faits précis, les systèmes de recueil d'information ont disparu, les villes et villages sont abandonnés, les meurtres (plus de 150.000 personnes assassinés pour leur engagement politique ou pour leurs opinions- près de 10 % de la population mâle adulte, une saignée du même ordre de grandeur que 14/18 pour la france) les enlèvements
- (plus de 5.000 français d'algérie ont disparu après l'indépendance, dont 200 militaires, jamais rendus
-mais jamais officiellement réclamés) ne sont pas connus au jour le jour.
Les chiffres officiels de ce drame, en ce qui concerne les militaires, sont les suivants :
- 1.101.000 appelés ont servi en Algérie.
- 379 d'entre eux sont passés au F.L.N.
- 7000 ont été tués au combat (l'essentiel dans les troupes de choc, paras, troupes du barrage, légion), y compris les 192 prisonniers exécutés par le FLN.
- 13700 ont été blessés au combat ou dans des attentats.
- 16800 ont été blessés par accident.
A Paris l'assemblée se prépare à exécuter Bidault, ancien successeur de jean Moulin à la tête du conseil national de la résistance, Il s'agit de le priver de son immunité parlementaire, la commission d'enquête du parlement n'avait que des délits d'opinion à se mettre sous la dent, aussi elle rejeta le chef de "prétendus rapport entre l'O.A.S. et le président Bidault".
Elle demandait au gouvernement, "s'il traduisait Bidault en justice, qu'il le fût devant un tribunal normal et non d'exception" comme c'était la règle à l'époque pour les "fachistes".
Mais De gaulle ayant éliminé les députés de l'algérie française avec celle-ci a enfin une majorité pour punir son adversaire, qui disait "nous verrons de notre vivant De gaulle en haute cour".
Encore un homme qui n'avait pas mesuré les méfaits des médias sur la démocratie.



" 5 juillet.
le JUILLET et le massacre d'ORAN')...

Livre de Guillaume ZELLER sur le 5 Juillet à Oran...


Le cinq juillet 1962 marque la détermination formelle de toutes les tendances F.L.N. de faire partir les français d'algérie, contrairement aux déclaration d'intention d'évian, mais conformément à toutes les déclarations de ses dirigeants ("la valise ou le cercueil").
En effet, Oran, ville en grande majorité européenne (la seule en 1962) peuplée pour beaucoup de descendants d'espagnols n'ayant aucune attaches en métropole, entièrement contrôlée par l'O.A.S., n'avait pas subi l'exode de la plupart des villes d'algérie.
Il était donc nécessaire de faire peur à ses habitants, comme en son temps l'irgoun terrorisait les palestiniens.
Fin Juin, les autorités militaires du général Katz, qui menait depuis plus d'un an une guerre exclusive contre l'O.A.S., faisait proclamer par hauts parleurs: "Oranais, oranaise, n'écoutez pas ceux qui vous mentent,...
l'armée est ici pour trois ans pour protéger vos biens et vos personnes...
" La lutte de Katz avait été un plein succès politique, les commandos de l'O.A.S. s'étaient repliés en Espagne.
Au point de vue administration, c'était le vide complet, l'exécutif provisoire mis en place lors des déclarations d'intention d'Evian avait passé théoriquement le pouvoir aux représentants du Gouvernement Provisoire, toujours conformément aux déclarations d'intention d'Evian, mais dans la pratique personne ne les remplaçait et ils demeuraient (du moins ceux qui ne s'étaient pas déjà réfugiés en france) dans leur bureaux, sans consignes et surtout sans moyens d'action.
Les luttes d'influence au sein du FLN étaient considérables, Ben Khedda, revenu à Alger, lance un appel à manifester pour le trois juillet, date officielle de la proclamation des résultats,
comptant balancer les militaires par le poids de la foule.
Un certain nombre de manifestations et de défilés eurent lieu, en particulier une partie de la "force locale" ralliée au FLN, mais divisée entre les différentes tendances.
A Oran le FLN, apparemment rallié à Ben Bella, enfant du pays, installé à Tlemcen, fait défiler 6 katibas (moins de mille hommes), pour l'essentiel de la force locale ralliée.
Boumedienne de son coté avait décidé de faire franchir les barrages ouverts par l'armée française sur ordre de de Gaulle (contre la demande de Ben Khedda) à ses armées du Maroc et de la Tunisie.
L'armée du Maroc avait atteint Tlemcen, Ben Bella et Boumedienne y étaient installés et des éléments avancés, en particulier le groupe operationnel de Cheir-Belkacem se trouvaient dans la proximité d'Oran le cinq juillet, date anniversaire de la reddition du bey d'Alger en 1.830, et de la fin de la régence.
Ben Khedda, de plus en plus inquiet, relance une manifestation dans toute l'algérie pour le cinq, qui reste cependant un jour ouvré.
Pour le 5 aussi, à Oran, le capitaine Bakhti (en fait Némiche Djelloul, ex postier à Oran, pilote écrit Harbi de l'équipe qui fit le hold up de la poste d'Oran en 1950) F.L.N. rallié au groupe de Tlemcen, a demandé une manifestation destinée à "concrétiser la réconciliation des européens et des musulmans".
La foule musulmane qui envahit le centre d'Oran est tout à fait calme quand vers 11 heures du matin des coups de feu partent.
Immédiatement, des éléments FLN en civil mais armés ameutent la foule au cri "c'est l'O.A.S., c'est l'O.A.S., défendez vous" et tirent non sur les toits, mais sur des sentinelles des troupes françaises qui se trouvaient là. Celles-ci ripostent, des hommes en uniforme de l'ALN se joignent alors aux civils et déclenchent la "piednoirade" que l'on sait
(2.500 morts ou disparus)
et l'exode de ceux qui avaient décidé d'essayer de rester.
On rappellera que ces massacres n'ont pas seulement été le fait de la foule mais que les autorités (en particulier au commissariat central et au petit lac) y ont contribué de bon coeur.
Immédiatement, "pour garantir l'ordre" les troupes de l'armée des frontières viennent en masse occuper Oran elles nomment maire et préfet, donnant une base territoriale solide aux ambitions de Ben Bella et (comme l'avenir le montrera) de Boumedienne.
A qui profite le crime suffirait à pointer les soupçons vers les hommes de Boumedienne, mais il y a d'autres présomptions.
- à Alger, les 24 et 25 juillet un processus semblable a été mis en place, sans succès, et les auteurs de coups de feu, eux arrêtés étaient des membres de la depuis célèbre sécurité militaire de Boumedienne.
- de nombreux européens avaient été avertis par des amis musulmans de ne pas sortir ce 5 juillet, ceci étaye l'hypothèse d'une action concertée.
- l'arrivée de l'armée des frontières à Oran avait été organisée bien avant le 5.
- le FLN a trouvé comme bouc émissaire un incertain Attou, chef de bande incontrôlé, l'affaire a été médiatisée par le commandant Bakhti, ami de longue date de Ben Bella et organisateur supposé de la provocation.
Bouteflika, à l'époque, était conseiller militaire de l'armée du Maroc la conception de cette manipulation par lui est tout à fait hypothétique, mais il s'agit là typiquement d'une action dans son champs de compétence.
Pour le reste, l'action engagée par les familles des victimes à l'égard du général Katz (qui disposait de 18.000 hommes et les a empêché de secourir les européens assassinés au faciès) (comme pendant toute la durée de la guerre) a été reportée au niveau européen, la justice française ayant rejeté la plainte au prétexte que les crimes contre l'humanité sont une spécificité de Nuremberg et que de toute façon, la loi française ne s'applique qu'en france et que les faits se sont passés dans un état indépendant.
Qu'en outre ces crimes "de guerre" sont couverts par l'amnistie, il oublie que la guerre est officiellement terminée depuis le 2 juillet, date à laquelle de Gaulle reconnaît la validité du miraculeux référendum et remet le pouvoir au FLN.
La cour européenne de justice a "jugé" en 2.001 que, l'algérie n'étant pas signataire de la convention des droits de l'homme elle n'était pas compétente.
Elle oublie que la plainte est contre Katz en particulier et la France en général, mais bon, les vaincus n'ont pas droit à la justice, sinon où irions-nous ?
La mort de Katz ne supprime pas les actions en cours, car elles attaquent toute personne ayant aidé à ce comportement passif (on pensait à Messmer, hélas lui aussi décedé).
Par ailleurs les avocats insistent sur les enlèvements de cette journée, d'innombrables personnes dont on est toujours sans nouvelle ce qui fait qu'il n'y a pas prescription, tant que les corps ne sont pas retrouvés.
Il faut encore une fois rendre hommage au capitaine Kheliff, qui, désobéit aux ordres de Katz et sauva la vie de nombreux compatriotes.
Le capitaine Kheliff finit sa carrière, en france, comme capitaine.
Le général Katz a accumulé toutes les étoiles et les décorations.
Quel est le bilan ?
Le seul chiffre officiel est celui du directeur (F.L.N.) de l'hôpital général, le docteur Naït, qui indique, 25 morts européens, 80 morts musulmans et 163 blessés. Une cinquantaine de corps ont été découverts courant 1963 au lieu dit "petit lac" lors d'opérations d'assainissements, mises en scène par le F.L.N. Les Oranais ont, en outre, recherché dans les jours immédiatement suivants 448 "enlevés" dont Gérard Pasquier, maître à la marine. Ceux là estiment que le bilan est de 2 à 3000 personnes. Ce même jour se tenait à Paris un des deniers "Comité des affaires algériennes".
De gaulle indique "la vie des européens peut être en jeu, dans ce cas il faudra intervenir et les ramener vers les ports";
aussi "il faut trouver devant nous des gens qui appliquent Evian".
Terrible aveu d'échec.

" 6 juillet.
Les foules algériennes nous intéressent parce que nous étions liés à elles par une longue affection teintée de beaucoup de sollicitude et parce que toutes les communautés humaines nous sont fraternelles.
Elles ont trouvé leur châtiment dans leur misère et celle-ci ne nous touche que parce qu'elle nous émeut.
Mais avec l'armée, l'existence même de la nation est en jeu et, au-delà de cette famille, une manière d'être et de penser qui est l'un des fondements de ce que nous appelons la civilisation.
Nous voici châtiés avec elle.
Il reste à dire que la défaite des foules algériennes n'est qu'un corollaire de la capitulation militaire.
Dans ce domaine celui qui détenait la réalité du pouvoir est le seul responsable de tous en dernier ressort.
Aux humiliations d'une honteuse retraite s'ajoutent ici, pour l'armée, les remords que ne peut pas ne pas lui infliger le sort de millions d'hommes dont elle avait la charge parce que, à un moment du combat, elle avait sollicité leur aide en échange d'une promesse formelle de protection.
J'entends le cri d'un Français d'Algérie rencontré à Séville:
"Notre malheur serait allégé si nous savions que l'énormité du sacrifice qui nous a été imposé a assuré le bonheur des Algériens. Nous savons hélas! qu'il n'en est rien et que nos épreuves ne sont qu'une réplique des leurs... "
Il est difficile d'imaginer plus totale faillite.
A Oran, le général Katz sable le champagne avec le chef de la willaya 5, c'est la dernière fois qu'on verra en public ce chef boire de l'alcool.

" 6 juillet.
- Dès 6 heures ce matin, les gens se comptent et se recherchent.
Beaucoup ont passé la nuit, bloqués ou cachés dans quelque coin.
Certains manquent à l'appel.
La plupart de ceux qui ont été arrêtés hier par l'A.L.N. et conduits au commissariat central ont été relâchés sans sévices.
Certains ont souffert de la bagarre lors de l'affolement général du premier moment où chacun se croyait attaqué.
Mais surtout beaucoup ont souffert d'atrocités conscientes et en sont morts comme celui qui a été écrasé peu à peu contre un mur par un camion de l'A.L.N. au ralenti.
Un autre, près d'ici, a été criblé de chevrotines tirées à 15 mètres.
Ce matin, tout est fermé.
On reste prudent.
Nouvelle affluence, ce matin, de gens qui ont été bastonnés hier, d'enfants dont les parents ont été tués et qui pleurent.
Des groupes d'Arabes se reforment dans le quartier.
À 11 heures, brusquement on s'affole. Puis, rien ne se passe et on se calme.
Un prêtre voisin s'est avancé hier entre nos deux maisons au moment de la fusillade.
Les A.T.O. lui ont tiré dessus du bas de la rue. Deux balles ont frappé le mur près de sa tête.
Nos murs aussi ont reçu hier encore plusieurs balles.
Le Kairouan étant parti hier en pleine fusillade et couvre-feu, les gens n'ont pu embarquer.
Il était à moitié vide.
La radio va triompher et supprimer encore des bateaux "inutiles".
L'exode total est pourtant bien décidé maintenant dans l'esprit des gens.
Reviendront-ils encore sur cette décision ?
On attend de savoir sous quelle dictature nous serons organisés ici, celle des militaires de l'A.L.N. déjà aux commandes en ville, ou celle des civils du F.L.N. Ils se sont tapés dessus hier.
Espérons qu'ils sont calmés et d'accord.
Couvre-feu à midi.
Mais je viens quand même sans histoire à midi 30 à Saint- Eugène où les enfants ne sont plus que quinze et où les hommes font le guet au coin des rues.

" 7 juillet.
- Le Secours Catholique précipite un peu sa fermeture.
En tant que section française, il n'a plus de raison d'être.
C'est une Caritas algérienne en gestation qui le remplace en principe.
D'autre part, ayant rendu tant de services à tout le monde, il risque de devenir suspect aux méchants s'il y en a, et n'a aucune protection.
Enfin, parce que l'armée, qui continue à s'abriter derrière des ordres impératifs pour ne rien faire, lui envoie ses cas difficiles, qui sont des nids à histoires.
Les gens sont maintenant dans la terreur.
C'est nerveux.
Pour arranger les choses, grève des marins.
Katz a ordonné de rouvrir le Centre d'accueil du port et de le confier à l'armée devant le flot de personnes que nous avons délibérément envoyé envahir le port avec bagages et smalas.
Ici, on maintient farouchement la décision de fermer demain. on pouvait penser qu'au port l'armée nourrira les gens.
Il n'en est rien...
Si le Secours Catholique ne s'était pas décidé à y organiser les repas, c'est que pendant trois jours personne n'avait rien donné aux gens. Tout le quartier défile maintenant en pleurant, pour avoir encore des places.
Le Secours Catholique permet encore de dépanner.
Il ne peut se résoudre à ne plus agir et accomplit des prodiges de charité.
Le plus ennuyeux dans la bousculade qui nous presse, c'est l'expédition des vieillards.
On les adresse à la Croix Rouge,
Les autobus ont des drapeaux verts et souvent des peintures sur les côtés:
À droite, Vive le F.L.N.! et, à gauche, vive Ben Bella!
Et je fais le tour d'un véhicule pour être sûr de ne pas me tromper.
On ne peut rencontrer personne aujourd'hui sans se replonger dans le deuil, les larmes, l'angoisse et l'horreur.
On est sidéré d'entendre à la radio que tout va bien.
On a dû fermer la morgue, tant était insupportable tout ce qu'on a ramassé sur les trottoirs: mains et bras coupés, foies, etc.
On apprend peu à peu que le plan de cette tuerie devait être généralisé dans toute la ville.
Des essais ont été faits un peu partout.

" 7 juillet.
Au petit matin le lieutenant Degueldre, le chef des deltas d'Alger, est passé par les armes avec l'approbation unanime de tout ce qui compte en matière de consciences douloureuses à chaque condamnation à mort, en particulier Sartre et Beauvoir, Badinter et autres anti-fascistes et adversaires résolus de la peine de mort.
En tant qu'officier il a droit à un peloton de 12 hommes qui sont des appelés.
Trois officiers successivement désignés pour former le peloton, Jean de Balby de Vernon, Michel Cabanes, Michel Martet, ayant refusé cet ordre sont mis aux arrêts de rigueur et rayés des cadres.
Le quatrième accepte.
Les 12 hommes tremblent de trouille, contrairement à Degueldre qui a enlevé sa veste pour ne pas la salir et tient un drapeau qu'il a fabriqué lui-même.
L'adjudant chef du peloton est vert de peur.
Au commandement feu, onze des douze balles s'égarent, une seule touche Degueldre au ventre, une blessure non mortelle.
Degueldre est conscient, il s'est écroulé, ses avocats manquent de réaction et laissent l'adjudant sortir son pistolet pour donner un coup de grâce qui en fait est la bonne vieille balle dans la tête version Mao.
Tremble tellement, l'adjudant, qu'il démolit la mâchoire de Degueldre, une blessure non mortelle, et au second coup, son pistolet s'enraye.
Les avocats racontent les choses, beaucoup les critiquent de n'avoir pas réagi pour essayer d'obtenir une grâce, les journaux sont discrets, qui peut avoir pitié d'un salaud de fachiste, ancien Franc Tireur Partisan de surcroît?
Voici la déclaration de Tixier Vignancourt :
" Le 7 juillet, les avocats arrivent à Fresnes en même temps que l'avocat général Gerthoffer et l'aumônier de la prison.
À 2 h 30, les défenseurs et le magistrat entrent dans la cellule où Degueldre dort paisiblement. Le condamné comprend immédiatement qu'il touche à l'instant suprême.
Sans broncher Degueldre revêt sa tenue kaki d'officier parachutiste et coiffe son béret vert de la Légion.
Avant de franchir le seuil de sa cellule, le condamné s'adresse d'une voix calme à ses défenseurs :
- Je vous demande de dire à mes camarades officiers que suis fier d'aller jusqu'au bout et de mourir pour avoir tenu le serment que tout officier combattant a prêté au moins une fois : Ne jamais livrer l'Algérie au FLN.
Je vais rejoindre mon chef le colonel Jeanpierre qui m'a donné l'exemple.
Dites aux généraux Salan et Jouhaud que je suis fier d'avoir servi sous leurs ordres.
Se tournant vers M. Gerthoffer qui le 28 juin, avait revêtu l'uniforme de général de division pour requérir contre lui, il dit simplement :
- Je ne vous garde pas rancune, mais je vous plains.
Le convoi escorté par une vingtaine de motards, arrive à vive allure au fort d'Ivry.
Il est 3 h 45.
Le peloton d'exécution formé de douze soldats en treillis kaki attend l'arme au pied.
Le condamné, qui avait refusé qu'on lui bandât les yeux, serre sur son coeur un drapeau tricolore.
Au moment où on le met en joue, il crie: "Vive la France!" et commence à entonner la Marseillaise.
Les échos d'une salve saccadée retentit, il est 3 heures 56.
L'heure légale du lever du soleil en ce jour de sainte Lucie.
Mais les soldats devant cette cible tricolore tirent mal ou tirent en l'air:
Degueldre n'est atteint que d'une seule balle.

" 8 juillet.
Un bilan des évolutions des officiers pendant la guerre d'algérie montre que trois officiers ont été condamnés à mort (une exécution) 170 condamnations à des peines criminelles, 324 à des peines correctionnelles, 530 sont dégagés des cadres, 1300 démissionnent.
Ensuite, de 63 à 67, 7172 officiers quittent l'armée.

" 10 juillet.
Le capitaine Bakhti, l'homme de Boumedienne, celui qui avait demandé une manifestation à Oran le 5,
pour fêter la réconciliation entre chrétiens et musulmans, et qui avait depuis disparu, réapparaît.
Il montre à la presse ravie de cette détermination une centaine d'hommes dans un camp près d'Oran, tous musulmans, déclare que ce sont eux qui ont procédé au massacre du 5 et annonce leur prochaine condamnation.
La presse morale (le monde, libé, l'express...) est ravie de cette prompte justice, mais elle n'oublie pas que la faute est à l'OAS.

. " 12 juillet.
Depuis Tlemcen où il vient de s'installer ce jour, Ben Bella anathématise Ben Khedda et le GPRA qui sont au rocher noir.
" A la villa Rivau qui surplombe Tlemcen, Ben Bella pèse ses chances. Il souhaiterait s'installer au grand hôtel occupé, très provisoirement, par l'armée française, mais les lieutenants de Boumediene l'ont "encaserné" dans ce nid d'aigle où les uniformes des garçons d'étages jusqu'à celui du maître d'hôtel lui rappellent qu'il est l'hôte de l'A.L.N.
Boumediene lui a recommandé chaudement un membre du C.N.R.A. dont on a peu parlé jusqu'alors, mais qui, dans l'esprit de Boumediene, pourrait être un stimulant pour Ben Bella, voire même un concurrent.
Il s'agit d'Hadj Ben Alla, adjoint politique de l'ancien chef de la Wilaya d'Oranie, Larbi Ben Mehdi, figure martyre de la révolution. En réalité, Hadj Ben Alla va en remettre en traitant publiquement Ben Khedda et ses acolytes de "valets du capitalisme au service de l'armée française" et M. Bourguiba, de "fossoyeur de l'unité maghrébine".
Tout cela n'empêche pas l'Algérie de continuer à vivre, mal si l'on en juge par la ruée des chômeurs vers les panneaux proposant quelques emplois, par le nombre sans cesse croissant des Volontaires de la Brigade du Travail qui se pressent devant la Maison du Peuple, siège de l'U.G.T.A., où l'on distribue sur présentation des cartes du syndicat et du parti un bon qui donne droit de "travailler" trois heures au nettoiement des rues.
Des banderoles ont été apposées dans les grandes artères:
"N'oubliez pas que la propreté et la blancheur sont les symboles de l'Islam."
Ce conseil n'est pas un luxe si l'on en juge par les tas d'ordures, d'immondices qui, quotidiennement, grossissent devant les maisons.
Ben Bella est reçu en grande pompe, dans le quartier général des troupes françaises à Oran, par le général Katz.
Ce dernier lui presente les amitiés du saint laic Michelet , ex-garde des sceaux, qui a tant fait pour le bonheur de Ben Bella quand il était retenu en métropole, puis demande à serrer la main du colonel Othman, chef de la willaya 5, l'organisateur présumé de la "piednoirade" de la semaine passée.
Il prend ainsi position dans la querelle entre le GPRA et l'ALN, en faveur de l'ALN, on ignore encore s'il s'agit d'une manifestation officielle (De gaulle ou Pompidou), à la demande de Michelet, ou de sa propre initiative.

" 14 juillet.
Nouvelle crise d'hystérie policiére, une rumeur concernant un attentat contrte De gaulle lors du défilé du 14 juillet, dix mille hommes en uniforme et en civil quadrillent la foule.

" 15 juillet.
De gaulle ayant viré les députés d'algérie,
il a enfin la majorité pour faire voter le levée de l'immunité parlementaire de Bidault, successeur de Jean Moulin au conseil national de la résistance, premier chef d'état à la libération, plusieurs fois premier ministre, ministre des affaires étrangères inamovible de la quatrième.
La gauche unanime ayant porté ses voix aux gaullistes, l'immunité est levée par 241 voix sur 480, un désaveu de sa commission d'enquête
(mais les députés d'algérie étaient toujours députés et certains d'entre eux membres de cette commission).
Bidault fût pourchassé dans toute l'Europe par les forces jointes des polices parallèles et de la diplomatie, bien mieux et bien plus énergiquement que ne le furent les chefs FLN.
Adenauer qui créa l'Europe avec Bidault et Gaspieri autre vieil ami refusa de l'entendre et le fit expulser au Brésil.

" 16 juillet.
Les chefs des willayas proches du GPRA se rendent à Tlemcen proposer un règlement de la crise qui oppose le groupe d'Oujda (ou de Tlemcen) au GPRA, ils proposent une nouvelle réunion du CNRA, Ben Bella refuse.

" 17 juillet.
Les réalités algérienne parviennent à se frayer un passage jusqu'au au niveau de De gaulle.
Au comité des affaires algériennes de ce jour, il déclare :
"Il n'y a plus de gouvernement ni d'autorité locale, il y a même plusieurs ALN.
Nos militaires peuvent accorder leur concours, mais avec prudence.
Si la situation s'aggrave, protéger les français et les mener au port."
Mesmer explique qu'il ne reste plus que 400 points de l'armée au lieu des 4000 précédents.
"Le regroupement est nécessaire dit De gaulle, partout où il n'y a plus d'européens, il faut partir.
Si aggravation, protéger le regroupement des français, et, au besoin, leur embarquement."
Fourquet signale qu'on a repéré un camp de concentration avec des français.
Que faut-il faire?
De gaulle tempête.
"que font les commissions de concertation, que font les chefs de secteurs? si la situation s'aggrave il faudra prendre des mesures".
En d'autres termes, pour le moment, rien. Les instructions données ce jour à l'ambassadeur de France sont les suivantes:
"(...) s'attachera surtout, à permettre, dans la période actuelle, grâce au concours de fonctionnaires français, le maintien ou le rétablissement des structures administratives essentielles (...)"
Ben Bella donne un long interview au Monde, On n'y parle ni des massacres des harkis ni des enlevements des européens, toutes choses qui battent leur plein, mais de l'avenir de l'algérie.
Alors que les chikayas sont le seul sujet des nouveaux maîtres, le Monde enterine Ben Bella comme le futur patron de l'algérie.
Parmi les fulgurantes prévisions du Raïs, figure le rôle de l'armée:
"l'A.L.N. vient des militants elle est nourrie par le peuple.(...)
beaucoup parmi eux aspirent à retrouver leur foyer, à reprendre leurs ocupations.(...)
J'affirme donc que le danger militariste n'existe pas (...)
si un jour le danger militariste devait se presenter, je m'y opposerais (...)"

" 18 juillet.
Susini, vêtu d'une soutane, s'embarque à Alger pour l'Italie, conscient que la chance qu'il a tenté de maintenir une communauté pied noire en algérie avec l'appui des kabyles est enfuie.
Au conseil des ministres du jour, Joxe est content, "à part quelques enlèvements, le calme revient peu à peu".
Par contre, en france il y a des risques "Les pieds noirs vont inoculer le facisme en france.
Dans beaucoup de cas, il n'est pas souhaitable qu'ils retournent en algérie, ni qu'ils s'installent en france.
Il vaudrait mieux qu'ils aillent en Argentine ou au Brésil".
De gaulle n'est pas d'accord et fait preuve de sa connaissance des hommes habituelle:
"tous ces gaillards, plutôt que d'aller à Lille, ils prefereront revenir à Oran. Il ne faut pas jeter le manche après la cognée. C'est une substance française que nous n'avons pas le droit de perdre! Il est souhaitable qu'ils reviennent en algérie et que ceux qui y sont y restent"
.Comme ça va mieux, il essaye de renvoyer les fonctionaires à l'enlevement et au viol:
"En conséquence, les fonctionnaires et agents des services publics qui ont quitté l'Algérie sont invités à vérifier sans délai auprès de leur administration d'origine en Algérie et, en cas d'impossibilité absolue, auprès de leur ministère de rattachement s'ils se trouvent ou non dans une situation régulière.
Dans le cas où ils seraient en contravention avec les dispositions de l'ordonnance du 30 mai dernier, ils s'exposeraient à ne plus recevoir d'affectation et à ne plus percevoir de traitement.
Les fonctionnaires et agents des services en cause devront donc rejoindre l'Algérie ou prendre contact avec leur administration en métropole.
Ils relèvent notamment de l'Education nationale, des services publics financiers et des services publics sanitaires."
Mesmer, qui est informé par les militaires qui restent signale que "l'anarchie s'installe partout, des chefs locaux apparaissent qui n'obéissent à personne."

" 19 juillet.
Le gouvernement suspend le transfert des harkis en France, les camps d'accueil sont saturés.

" 20 juillet.
Max Clos, correspondant du Figaro à Alger publie un quatrième article
(qui vaudra au Figaro d'être saisi pour la quatrième fois à Alger) dans lequel il décrit (le seul des journalistes présent à Alger)
la situation sans fard
"elle est pire que jamais",
"les enlèvements continuent"
"ils sont suivis de sévices et de torture"
"ils ne sont pas le fait des incontrôlés".
A chaque fois il conclut que les autorités française doivent faire quelque chose.
Les disparus: Le 20 juillet 1962,l'opinion publique fut alertée sur ce drame et Michel Goulé relatait dans Le Monde daté du 21, en gros caractères, l'information suivante:
"Les enlèvements d'Européens en Algérie. La dispersion et l'impuissance des autorités locales compromettent l'action de l'Association de sauvegarde.
Elle se borne à enregistrer les plaintes et à créer des dossiers."
Et aussi: " Les enlèvements continuent.
La Croix-Rouge estime que les deux tiers des enlevés sont vivants mais en général détenus dans des sortes de camps, souvent ceux des anciennes SAS ou des postes militaires abandonnés."
Ainsi, reconnaissait-on que des enlèvements avaient lieu en Algérie.
Et qu'ils continuaient à la date du 20 juillet 1962.
"Là, Européens et musulmans ayant servi la France sont internés, dans des conditions atroces.
Les femmes et les jeunes filles, européennes en particulier, servent au plaisir des soldats de l'ALN avant d'être achevées quand elles sont rendues à l'état de loques humaines", disait en substance l'article.
Pour que nul n'ignore…..

" 22 juillet.
Ben Bella crée le Bureau Politique organe de direction du F.L.N.
Il en désigne les membres.
Il s'en nomme président.
Il préside la première réunion.
Le bureau politique désigné par Ben Bella se déclare "habilité à assurer la direction du pays". Et hop.
La marine française était dans le port de Béni-Saf, mais elle n'est pas intervenue pour nous libérer.
C'est l'ALN qui nous a libérés, mais a gardé les harkis.
Un homme au grand coeur de gauche (et au gros portefeuille) Gaston Deferre accueille miséricordieusement les français d'algérie qui sont arrivés par bateaux entiers dans sa ville de Marseille:
"Français d'algérie, allez vous faire réadapter ailleurs..."
D'ailleurs, ce sont les services de la ville qui entretiennent les grands panneaux posés par la CGT sur les quais où abordent les paquebots,
"le fachisme ne passera pas, pieds noirs retournez chez vous, les pieds noirs à la mer".

" 23 juillet.
Ben Bella a tenté de renouveler à Alger le coup du 5 juillet à Oran.
Une équipe d'hommes qui lui sont fidèles, menés par Yacef Saadi, a tiré en plein centre d'Alger sur des militaires F.L.N. de la zone autonome (partisans du GPRA), les militaires réagissent durement, mais n'abattent que 7 européens.
(les rares européens restés ont appris à se méfier et à raser les murs).
Beaucoup pensent que cet incident a été monté sur le modèle du 5 juillet à Oran, pour permettre à l'armée des frontières de venir "maintenir l'ordre" à Alger, comme elle l'avait fait à Oran.
Mais le FLN d'Alger est bien tenu en main par Ben Khedda, Saadi est en pays hostile.

" 24 juillet.
De gaulle (d'après Peyrefitte) n'est pas dupe:
"les algériens vont s'étriper, ils ne savent pas faire autre chose. Le vide algérien est effrayant."
Peyrefitte, porte parole du gouvernement lance un coup de semonce:
"le gouvernement envisage d'intervenir, si la situation venait à s'aggraver".
Ca calme le F.L.N. quelques jours, mais affole l'ambasadeur Jeanneney,
Le gouvernement est parfaitement informé du sort subi par ses ressortissants, en particulier la villa de l'ambassadeur de france est située juste en face de l'ancien siège du deuxième bureau où le F.L.N. a installé un centre de torture.

" 25 juillet.
Ben Bella et Boumedienne commencent à liquider le GPRA et ses amis par les armes :
la willaya 2 (Constantinois) est conquise, un commandant arrête son chef, des troupes de la willaya 1 entrent à Constantine et tuent les opposants, une centaine de morts, des centaines d'arrestation. En parallèle l'armée venant de Tunisie occupe Bône et Philippeville.
A El Millia l'affaire prend la forme d'une vague de terrorisme, mais qui cible les amis du G.P.R.A. et les nouveaux fonctionnaires nommés par lui.
Boumedienne nie toute participation (encore des "incontrôlés ").
Ben Bella qui voit venir les ambitions de Boumedienne, décide de ne plus accepter de tels débordement, et le fait savoir.
De gaulle se plaint en conseil des ministres les fonctionnaires sont des "déserteurs" ils ont "fui comme des lapins".
Boulin explique que les pieds noirs de Marseille "ne veulent pas travailler".
"Des harkis et des fonctionnaires se disent menacés. D'où des demandes qui viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il faut définir une position de principe" souhaite M. Messmer.
Les réponses du Chef de l'Etat et du Premier ministre laissent entendre que l'un et l'autre sont mal informés.
Elles méritent d'être citées:
"On ne peut accepter, dit le Général, de replier tous les musulmans qui viendraient déclarer qu'ils ne s'entendront pas avec leur gouvernement. Le terme de rapatriés ne s'applique évidemment pas aux musulmans.
Dans leur cas, il ne saurait s'agir que de réfugiés.
Mais on ne peut les recevoir en France comme tels que s'ils couraient des dangers."
"Quand ce sont des musulmans isolés, ajoute M. Pompidou, on peut à la rigueur refuser de les embarquer.
Mais quand c'est un douar entier que l'on voit arriver pour prendre le bateau, c'est plus difficile ... Deux camps militaires ont été installés.
Ils sont submergés.
Ces gens ne veulent pas travailler.
Ils se trouvent très bien au Larzac sous leurs tentes".
Et le général De gaulle de conclure:
"il faut les mettre en demeure ou de travailler ou de repartir".
"Plusieurs collègues, observe M. Peyrefitte, baissent la tête".

" 26 juillet.
Joxe calme les députés:
"justice sera rendue aux français d'algérie privés de leurs biens" (on attend toujours)
. "nous avons l'assurance que les français actuellement emprisonnés seront libérés
". Assurance mensongère.

" 27 juillet.
Le rapport le plus véridique est celui du sous-préfet d'Akbou, M. Robert, resté en place après l'indépendance. Il observe que jusqu'au 27 juillet 1962, "l'ALN fut d'une correction parfaite, rassurant les harkis et élus...
Leur disant que le passé était totalement oublié, qu'ils étaient tous frères, que la France était seule responsable de leur action, et que les promesses d'amnistie et les accords d'Evian seraient scrupuleusement respectés...
Il était cependant précisé que quitter l'Algérie serait une trahison qui ne pourrait être admise.
La répression va s'abattre soudainement.
Une cinquantaine d'ex-supplétifs ou de civils furent tués par l'ALN dans les villages les plus éloignés. Mais surtout, 750 personnes furent arrêtées et regroupées dans trois centres d'interrogatoire...
Dans ces centres où l'on entendait très loin à la ronde les cris des torturés, près de la moitié des détenus furent exécutés...
Un conseiller général dont le président du comité FLN m'avait dit qu'il avait toute l'estime de la population
a été arrêté le 1 août puis il fut enterré vivant le 7 août, la tête dépassant et recouverte de miel... Son agonie, le visage mangé par les abeilles et les mouches, dura cinq heures".

" 28 juillet.
Lors du comité des afaires algériennes de ce jour, il est noté que les harkis sont en france menacés par le F.L.N.
Il faut donc les regrouper dans des lieux isolés. Il faut créer de nouveaux camps. Le dossier est confié au prefet Perony.

" 29 juillet.
Ben Bella convoque la presse internationale à Oran et fait constater que depuis le 21 (huit jours ! !)
pas un seul enlèvement d'européens n'a eu lieu.
Les journalistes sont époustouflés de cette remise en ordre.
Ni les uns ni les autres ne parlent des harkis, des pillages, de l'éventualité d'un retour des pieds noirs et de toutes ces choses qui fâchent.
Ben Bella se forge ainsi à bon compte l'image d'un homme de bien.

" 30 juillet.
Boudiaf, un des chefs historiques du F.L.N., pro GPRA, arrêté à M'sila par Zbiri, chef de la willaya I, alors qu'il tentait une mission de conciliation. Boumedienne le fait mettre en prison.
Si Hassan, chef de la willaya 4, occupe Alger où s'ébattaient la zone autonome pro GPRA et les hommes de Yacef Saadi, qui ne se mettaient d'accord que sur le dos des européens.
Mais il le fait avec l'accord de tous, le clan de Tlemcen comme le GPRA.
Harki capturé par le F.L.N. en Juillet 1962 après l'indépendance et mis en prison par le F.L.N.,

" 31 juillet.
Encore 60.000 départs en juillet (cette fois surtout à partir d'Oran, suite à la piednoirade du 5 juillet.,)

Bilan:
soit 540.000 depuis le premier janvier et 740.000 depuis le début de la rébellion.

Il reste à peine 250.000 personnes, en majorité des hommes seuls ayant envoyé en métropole leur famille, pour voir comment les choses se passeront.


Aussi au moins 961 enlèvements en juillet (dont les 400 et quelques d'Oran) au total 2068 depuis le premier janvier






AOUT 1962

"1 Août 1962.

La willaya 3 menaçant de descendre dans le sud libérer Boudiaf les armes à la main, Boumedienne le libère.
Témoignage, harki pendant trois ans au 37e B.G., 21e compagnie, Guelma:
" Le chef F.L.N, accompagné de quatre hommes, tous en tenue, s'est présenté chez moi dans la nuit (le 1er août). Ils m'ont emmené ainsi que ma femme. Nous avons été attachés et battus. Ils m'ont pris toutes mes économies.
Ma femme a subi les pires violences. Sous mes yeux elle a été violée par quatre hommes. Ma femme a vingt-neuf ans. J'ai eu mon oncle paternel et deux cousins harkis égorgés par les rebelles le jour même de mon évasion. Nous avons réussi ma femme et moi à nous sauver et nous nous sommes mis sous la protection de l'armée… " Récit, harki depuis 1955 au 15/1 R.I. de Guelma:
Soixante-quatorze autres harkis au total de la région de Guelma ont été assassinés .
"Le colonel du bordj de Guelma avait interdiction de sortir troupes et véhicules pour aller sauver les familles menacées."

"2 Août 1962.
Un accord est trouvé entre le clan de Tlemcen et le GPRA, tous effrayés par les ambitions de Boumedienne. Suivant cet accord,
- Ben Bella s'installe à Alger,
- le GPRA organise des élections à l'assemblée constituante,
- le CNRA se réunit une semaine après cette élection et choisit le nouveau bureau politique qui est donc accepté comme un nouvel organe du F.L.N.
Témoignage harki durant six ans à Sidi-bel-Abbès:
"Des rebelles en armes, d'autres en civil, sont venus m'arrêter dans la nuit du 2 août 1962. "Pourquoi n'as-tu pas déserté avec armes selon le mot d'ordre rebelle?"
J'ai été attaché et laissé nu, et blessé par courant électrique dans plusieurs parties du corps. Au bout de deux jours j'ai réussi à me libérer et me sauver. Je me suis mis sous la protection de l'armée. J'ai laissé ma femme et mes deux enfants prisonniers du F.L.N. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus."
Le 2 août 1962, vingt harkis de la S.A.S. de Maginot (Médéa) ont été enlevés par l'A.L.N. Aucune nouvelle n'en a été donnée ''Début août, le général Debrosse imagine qu'il pourrait devenir Inspecteur des Gendarmeries du Maghreb et souhaite maintenir en place les 450 Brigades territoriales, alors qu'elles ont cessé toute activité en juillet, qu'elles sont en butte à des vexations et à des brimades, et que les dirigeants algériens "excluent toute participation française à la création d'une Gendarmerie algérienne".
Le général de Brebisson, qui a succédé au général Fourquet, doit donc lui imposer le repli de 330 brigades. Les 120 brigades restantes, inemployées, doivent être reconverties en Gendarmerie prévôtale. Il n'est pas étonnant que les archives de la Gendarmerie ne contiennent que de très rares bulletins de renseignement après le 1er juillet 1962

"3 au 5 Août 1962.
Rappel: 21 septembre 1961, fin du procès dit du "Complot de Paris". Parmi les vingt deux inculpés, sept militaires dont le général Faure, le colonel Vaudrey, quatre commandants et un capitaine. Quinze civils dont le préfet Léger, les docteurs Cathala et Calvet, un cinéaste J. Dupont, trois ingénieurs dont Serge Jourdes.
Le nombre de civils incarcérés à la prison de la santé, durant les années 1961/1962, était de plus de 2000 Henri Wolf, pied noir dont les ancêtres ont quitté l'Alsace en 1870 pour venir en algérie est directeur d'une école modèle à Oued Fodda, dans la région d'Orleansville. Cette école a 2500 élèves, presque tous musulmans, il distribue chaque jours 700 repas à 25 centimes (anciens) par repas grâce aux subventions qu'il a su réunir, il a fait construire une piscine, il est considéré comme un ami de tous, une sorte de saint Vincent de Paul. Ni lui ni sa famille n'ont même envisagés de quitter l'algérie.
Or il est enlevé au volant de sa voiture.
Sa voiture est vue en possession des soldats de la willaya. Son corps sera retrouvé en Octobre.
Le F.L.N. aime les voitures et pratique la récupération individuelle.
Tous les européens d'Oued Fodda quittent le village, d'autres qui n'ont pas entendu parler de l'affaire restent jusqu'à ce qu'une affaire semblable leur ouvre les yeux sur le racisme du F.L.N. et la prise au premier degré du slogan "prenons aux pieds noirs ce qu'ils nous ont pris".

"6 Août 1962.
Le gouvernement français est ravi, il est content de voir la willaya 4 (GPRA) venir mettre de l'ordre dans la zone autonome d'Alger (Ben Bella- Boumedienne), livrée à l'anarchie par les chefs qu'il avait lui-même ramené en Algérie dans le cadre de la lutte anti O.A.S., il déclare "à l'automne, la majorité des rapatriés regagneront l'Afrique du Nord".
Pour bien montrer sa reprise en main, les nouveaux chefs d'Alger organisent une libération des européens emprisonnés. Cette cérémonie aboutit à l'inverse du résultat recherché, comme le bruit s'en était répandu, plus d'un millier de pieds noir assaillent la caserne, seules 20 personnes sont rendues, les parents des autres ont l'occasion de raconter aux journalistes français et étrangers conviés leur désespoir, les journalistes n'en reviennent pas.
Bien entendu, après quelques jours où l'ordre moral règne, la corruption gagne les hommes de la willaya 4, les appartements des pieds noirs sont pillés, les voitures volées, l'impôt "révolutionnaire" exigé, bref, rien ne change…

"8 Août 1962.
Louis Joxe, ministre de l'algérie, marque sa satisfaction de l'évolution de la situation en algérie depuis l'indépendance, "sur le millier d'enlèvements, il y a eu une centaine de restitutions".
1000 enlèvements, sur les deux cent mille pied noirs restés en algérie,
De gaulle à Peyrefitte, moins optimiste:
"Les algériens se conduisent très mal, ils sont incapables de faire un gouvernement, d'assurer l'ordre… "
Ben Bella qui vient de reprendre officiellement la suite de l'autorité provisoire de Farés fait son premier discours:
il fustige les français et en particulier ceux d'algérie:
"ils sont responsbles de l'absence des structures qui rend impossible la socialisation rapide du peuple algérien, les instituteurs ont fui leur poste, abandonnant à leur triste sort des milliers d'enfants musulmans (...) hé bien nous arabiserons toutes les activités de l'algérie".
Les journalistes français approuvent.

"9 Août 1962.
Prenant apparemment au sérieux la menace de De gaulle, rapportée par Peyrefitte le 24 juillet "si la situation s'aggravait, la france interviendrait directement pour protéger ses nationaux",
Ben Bella et le GPRA trouvent une position moyenne, qui tient compte du ralliement au groupe
- de Tlemcen (Boumedienne- Ben Bella)
- de Constantine (après de durs affrontements, qui voient une centaine de morts et l'arrestation du colonel commandant la willaya et de ben Tobal, ministre du GPRA)
- et de la willaya d'Oran, envahie par l'armée du Maroc sous prétexte d'éviter le renouvellement des massacres d'Oran.
Parmi les éléments de la situation figurent la disparition de 31 soldats du contingent, enlevés ni plus ni moins que les européens ( au total, 80 auront été enlevés, mais 50 cas ont été "élucidés" on ne sait combien d'assassinés dans ces élucidations, ni combien ont été rendus). Il est vraisemblable que le sort des harkis ne figurait pas dans les éléments d'appréciation d'une situation qui risque de s'aggraver. Ben Bella s'est installé à Alger .
Les chefs de la zone autonome (si Azzedine et Oussédik) sont mis en prison.
Les fellaghas de la willaya quatre entrent à Alger pour y "maintenir l'ordre", ils ne se montreront pas moins violents, voleurs, violeurs et assassins que les terroristes de la zone autonome.
Ben Bella se rend à Constantine où il sépare les responsabilités militaires (un ami de Boumedienne) et civiles, qu'il confie à l'ancien chef de la willaya.
Il croit ainsi arriver à neutraliser l'un par l'autre.
Un détachemet de légionnaires, non armés, est arreté par l'A.L.N. près de Laghouat Les fells leur demandent de descendre de leur véhicule, les légionnaires refusent, les fells en tuent quatre dont un officier.
L'armée française cache l'"incident" jusqu'au 14, entre temps une négociation permet d'obtenir que l'A.L.N. s'engage à poursuivre et châtier les coupables...

"10 Août 1962.
La femme du consul de suède à Alger est violée devant son mari.

"11 Août 1962.
Le général commandant en chef rend compte, comme chaque semaine des tortures et autres massacres de harkis.
Le gouvernement reste de marbre, les journaux aussi.
La seule réaction date du 6 Août, le ministre demande aux armées d'assurer la sécurité des camps de regroupement de harkis, les camps d'accueil en métropole étant saturés.
Ils sont partis du Cap Falcon le 11 août 1962.
Vers 21 heures, les quatre bateaux,
- Marie Thérèse (lamparo),
- Le Saint Michel (bonitier),
- le Saint-Antoine (bonitier),
- et le Sacré Cœur de Jésus (bonitier),
après avoir été baptisés par le curé.
Après 15 heures de haute mer, les navigateurs n'ayant pas calculé la dérive, ils se sont retrouvés au large d'Almeria. Un gros chalutier leur demanda alors par radio, de rentrer au port, un grand vent d'Est avec houle étant annoncé. Vers 19 heures, le 12 août 1962, ils atteignaient Carthagène, où ils ont été bien reçus, pour une escale de deux jours. Continuant leur route vers Alicante et Valence, ils arrivaient sans escale le 15 août, à Peniscola, qui les abrita durant deux jours, à cause du mauvais temps.
Le 18 août, nouvel arrêt d'une nuit à Villanueva.
Le lendemain, ils étaient au large de Rosas et de Port-Vendres et arrivaient à Port-la-Nouvelle le 22 août 1962.

"12 Août 1962.
Les anciens moghaznis du village de Lamartine (le centre des beni boudouane, la tribu de Boualem, ancien député, ancien vice président de l'assemblée nationale) sont convoqués au centre du village, dans l'ancienne maison du bachaga, transformée en PC de l'armée algérienne.
Beaucoup se réfugient dans la montagne, ils seront peu à peu retrouvés et égorgés.
Ceux qui se rendent à la convocation sont ligotés et traînés dans les rues du village pendant plusieurs jours, frappés à coup de pierre et de bâton, laissés la nuit sans boire et sans manger, jusqu'à la mort.
Le dernier avait tenu huit jours.
Un sort particulier fut réservé aux personnalités, le sergent Chaïeb, ancien de l'armée d'Afrique, campagne d'Italie et de france, fut mis à nu et jeté vivant dans un feu de joie, où il était rejeté chaque fois qu'il arrivait à s'en échapper. Le caporal Mansi ben moktar fut découpé au couteau puis enterré sous un tas de fumier.
Comme il gémissait encore au matin, il fut déterré, et égorgé.
Un moghazni, Ali, fut découpé et ses morceaux jetés aux chiens qui les mangeaient devant lui.
Il mourût vidé de son sang à la nuit.
Les harkas des beni boudouane comportaient mille hommes, les deux tiers étaient morts fin 62, en général avec leurs enfants mâles de plus de onze ans (précaution traditionnelle pour éviter la vendetta), parfois avec leurs femmes.

"13 Août 1962.
Le sénateur Hakiki est assassiné à Perregaux.
Pour une fois les journaux français en parlent.
Cet assassinat d'un "modéré" éclaire (à peine) les partisans résolus du F.L.N. que sont les journalistes et les dirigeants français sur la réalité de l'épuration ethnique en cours et des liquidations systématiques de tous ceux qui n'avaient pas fait allégeance au FLN .
Ben Bella promet (comme d'hab) que les coupables seront châtiés, ça rassure les bonnes consciences.
Il en profite pour annoncer (pour la première fois depuis qu'il a quitté sa prison) qu'il respectera les déclarations d'intention d'évian.
Cette déclaration (purement tactique) enlève un poids considérable au gouvernement français qui peut désormais observer d'un œil tranquille les luttes entre les deux clans F.L.N., tous deux ayant l'intention affichée de respecter les déclarations d'intention d'évian.

"14 Août 1962.
Nouveaux affrontements à Constantine entre partisans de ben bella/boumedienne et du GPRA. Il s'agit d'un litige entre le colonel Salah Boublider et le commandant Si Larbi sur la liste des futurs candidats (et donc élus) aux legislatives.
Au moins cinquante morts officiellement il y en a 12. Ben Bella donne un interview aus journaux français , il renouvelle son engagement de respecter les déclarations d'intention d'Evian.
L'après midi, autre interview, cette fois au journal italien l'Unita dans lequel il définit ses options:
- rassurer les européens.
- éliminer les "éléments troubles qui ont gâché la fête de l'indépendance".
- remettre l'algérie au travail, en particulier l'ALN (l'armée).
- bâtir un socialisme à l'algérienne (c'est à dire, mais il ne le dit pas, arabe).
Il souligne que la france est "une peste neo coloniale, qui est responsable des difficultés intérieures algériennes". De plus en plus, Ben Bella apparaît comme le seul homme d'état de l'algérie indépendante.

"15 Août 1962.
Bataille rangée à Constantine entre les anciens de la willaya, chargés par Ben Bella des affaires civiles et l'armée des frontières

"17 Août 1962.
Dans la ligne des pillages qui sont le lot quotidien de l'algérie depuis l'indépendance, des militaires FLN pénètrent dans l'institut Pasteur d'Alger, dans la nuit du 15 au 16, partent avec les machines à écrire et autre matériel, dont la voiture de l'institut avec son chauffeur, monsieur Michou.
Son corps sera trouvé à El Biar, criblé de balles.
Le 16 au matin les "policiers" reviennent et blessent briévement le second chauffeur, pour l'empecher de parler. Le 17 dans la journée, nouvelle "perquisition" le professeur Sergent est menacé, un garçon de laboratoire monsieur Saourine est enlevé et ne sera jamais retrouvé.
Le directeur décide la fermeture du centre.
Compte tenu de l'aspect symbolique de l'institut Pasteur (où fut mis au point la lutte contre le paludisme) et pour en eviter la fermeture definitive, l'ambassade de france fait protéger l'institut par l'armée française, seule et unique occasion où la clause des déclarations d'intention d'évian donnant aux français le droit de protéger ses citoyens aura été appliquée.

"18 Août 1962.
La commune de Teffreg est sous les ordres du chef rebelle Guettari, libéré en Mars 1.962 d'une prison parisienne.
Il fait régner la terreur dans toute la région.
Il a fait brûler vif couper en morceaux massacrer à coups de pioche lardé de coups de couteaux, exposé dans les WC et traîné au bout d'une corde.
Tous les harkis de bordj bou arredidj ont été enfermés dans la maison cantonnière et massacrés.

"19 Août 1962.
La willaya 4 (Alger) pratiquement le dernier soutien du GPRA et des kabyles déclare l'état d'urgence.
Il s'agit de mobiliser les esprits au cas où Boumedienne voudrait prendre Alger par la force comme il l'a fait à Constantine.
En réponse, le bureau Politique (nouvel organe créé par Ben Bella et Boumedienne) appelle à une grande manifestation populaire le 23, sur le thème "l'armée dans les casernes" et multiplie la création de "comités de vigilance". 92 harkis (et familles) sont évacués de Er Rich par hélicoptére par le colonel Bernard.
Le FLN porte plainte pour enlévement.
Soustelle, reconnu à Milan, est expulsé en Autriche.

"22 Août 1962.
Ca s'engueule ferme au conseil des ministres à Paris, le gouvernement commence à comprendre ce qui se passe réellement en algérie, il aura fallu l'enlèvement des deux pontes du CNPF pour qu'ils s'en rendent compte.
Mais dans une certaine mesure, il s'agit encore d'une victoire du F.L.N. car on ne met en cause que la willaya 4, c'est à dire le G.P.R.A. sous-entendant que le clan Ben Bella/Boumedienne est plus respectueux des accords d'évian.
Le soir, gagnant l'aérodrome en passant par le petit Clamart, De gaulle est victime de l'attentat qui lui fera le plus peur et qui fera le plus parler de lui. C'était, raconte Demaret, la dix-huitiéme tentative du groupe de Bastien Thiry.
L'attentat échoue car les tireurs au fusil mitrailleur n'ont pas vu le signal que leur a donné Bastien Thiry (un journal déployé) non plus que le chauffeur de la voiture qui devait se mettre en travers de la route du convoi présidentiel.
Le feu est ouvert trop tard sur une voiture qui roule, malgré deux roues crevées.

"23 Août 1962.
Fidèle à son engagement en faveur du F.L.N., le Monde publie un article dans lequel il dénonce la "lamentable campagne de soi-disant menaces envers les harkis".
Il prétend qu'ils ne sont que quelques centaines à réclamer le retour en france (et non quelques dizaines de milliers). Il souligne le danger de ces hommes qui pourraient mettre leur expérience à la disposition de l'O.A.S.

"25 Août 1962.
Georges Suire, chef de SAS, disparait à jamais.
Discours révolutionnaire de Ben Bella. Il attaque la willaya 4, l'accuse de piller et de tuer et d'enlever, d'avoir pris en main radio Alger, etc.…
Depuis Bou Sada, Khider, frais rallié, lit une proclamation redigée par Boumedienne, annonçant que l'Alger de la willaya 4 ne depend pas du bureau politique.
La presse française commente la note du 25 juillet de Joxe qui avait affirmé que "en juillet la croix rouge d'Oran a reçu des demandes de recherche pour 280 personnes
. Au total sur l'ensemble de l'algérie, le chiffre ne dépasserait pas 500", cherchant ainsi à minimiser le massacre d'Oran.
Quarante ans après quand les archives s'ouvrent, on sait que les chiffres du deuxième bureau de l'époque (qu'une indiscrétion communique à la presse) se montent à 2.068, chiffre que Joxe ne peut ignorer.
Ensuite les enlèvements ont continué, la meilleure estimation est de trois mille personnes de souche européenne, (en tout trente mille morts ou enlevés) et de 150.000 de souche nord africaine.

"27 Août 1962.
Les élections sont remises à date ultérieure, ce que tout le monde interprète comme un nouveau pas dans la crise qui oppose le clan de Tlemcen (Boumedienne, Ben Bella et l'armée des frontières) et le GPRA (ben Khedda, les kabyles, la willaya 4, la fédération de france).
A Marengo, un camion militaire français venu aider un fermier à demenager tombe dans une embuscade de l'A.L.N., trois morts.

"28 Août 1962.
Un affrontement violent et armé oppose dans la casbah les troupes de la willaya 4 à des commandos dirigés par Yacef Saadi qui depuis quelques semaines, regroupant les anciens de la zone autonome qui lui sont restés fidèles (et juste libérés) agite Alger pour justifier l'arrivée des troupes de Boumedienne, qui ont réussi à Oran à se donner l'image de mainteneurs de l'ordre.
Le colonel Mohand ("le vieux") patron de la willaya 3 vient à Alger soutenir le G.P.R.A.

"29 Août 1962.
Un bulletin de renseignement de l'armée française (que l'on peut trouver dans les archives depuis qu'elles sont ouvertes) indique que TOUS les harkis du Constantinois ainsi que leurs enfants mâles de plus de douze ans ont été raflés et emmenés sur le barrage tunisien pour le déminer à la main.
Pratiquement aucun n'en reviendra. Ces renseignements sont depuis vérifiés, et reconnus pour avoir été parfaitement exacts.
Bataille à Alger entre des partisans de Yacef Saadi, et l'ALN de la willaya 4, il s'agit de justifier l'intervention de l'armée des frontières à Alger.
C'est recommencer l'opération qui a échouée le 23 Juillet.
Depuis quelques jours, Ben Bella s'est prudemment réfugié à Tlemcen, sachant le coup de force qui se prépare.
Les hommes de la willaya 4 ripostent en perquisitionnant la casbah, puis ils organisent une conference de presse devant un amoncellement de fusils mitrailleurs et bazookas saisis. Le lieutenant Allouache dénonce les aventuristes qui se livrent au trafic de drogue.

"30 Août 1962.
Le 2éme classe Jean-Pierre Desvergnes, du GT 520 est enlevé par le FLN et ne sera jamais retrouvé.
A Castiglione, la foule envahit la ferme des Larosa, mutile le mari, viole puis égorge la femme.
Sur les quais d'Alger, toujours autant de monde pour prendre le bateau, mais cette fois ce sont les musulmans qui vont tenter leur chance en métropole.
Boumedienne donne l'ordre tant attendu d'envahir la willaya 4 (c'est à dire Alger), mettant la dernière main à la prise de pouvoir du clan de Tlemcen.
La willaya 4 hâtivement renforcée par tous ceux qui se sont précipités au secours de la victoire, et armée de frais par les armes données par l'armée française au titre de la force locale et des ATO de l'exécutif provisoire résiste de son mieux.
En particulier, les combats de Boghari ont fait au moins mille morts. Dans de nombreuses villes, la foule crie "sept ans ça suffit".

"31 Août 1962.
BILAN:

Encore 50.000 départs en août, portant à 600.000 depuis le début de l'année et à 850.000 en tout le nombre de départ d'algérie (hors militaires).
Encore 407 enlèvements en août (depuis le 3 juillet, la france ne comptabilise que les français, c'est à dire les non musulmans) portant à plus de 2.500 les chiffres officiels.

-**Si vous voulez lire la situation de l'exode dans le VAR:

- Sources :
La presse locale,
La République 2ème et 3ème trimestre 1962.
Nice- Matin Juin- juillet 1962.
Le Petit Varois juin-juillet 1962.
Paris-Match, juillet 1962.
Il est à noter que la presse nationale, Le Monde ou Combat ne consacre pas leur Une à des événements aussi importants que les débarquements du La Fayette de juillet 1962 et les massacres d’Oran, ces mêmes événements étant traités superficiellement en page intérieure
Aux Archives Départementales de Draguignan, côte 1351 W 39 à côte 1351W47.
Aux Archives Municipales de La Seyne, les délibérations du Conseil Municipal de 1962, 1963, le recensement de 1968,
le Bulletin Municipal, mars 1965, 1967.
A noter que, curieusement les collections complètes de cette revue sont introuvables.
Outre les sources bibliographiques citées en notes ci-dessus,
- Jordi, J. Jacques, De l’Exode à l ‘Exil, éditions l’Harmathan, 1993.
- Peyrefitte Alain, C’était De Gaulle, tome 1, éditions Fayard, 1994.

"Gérard CRESPO"



-**Et aussi dans les Alpes Maritimes et NICE:

Source Institut d'Histoire du temps présent (IHTP) du CNRS.







SEPTEMBRE 1962

"1 Septembre 1962.

Ben Bella veut visiter Tiaret, la population s'oppose à son arrivée, il lui faut faire donner la troupe de Boumedienne, nombreux morts.
Les troupes de la willaya 6 , renforcées par l'armée des frontières entrent à Boghari, territoire de la willaya 4, baroud d'honneur, puis les troupes fraternisent.

"2 Septembre 1962.
A Romainville, la section CGT d'une usine de mécanique générale organise une grève pour exiger (et obtenir) le licenciement d'un harki qui avait été embauché pendant les vacances, le F.L.N. avait porté plainte.
La casbah d'Alger est transformé en camp retranché, les hommes de la willaya 4 donnent l'assaut, on tire au fusil mitrailleur.
L'ambassade dement que ces affrontements aient concerné l'armée française.

"3 Septembre 1962.
Ben Bella, furieux, décide d'investir Alger par la force. ("ordre est donné de passer à tout prix")
Les combats font rage le lendemain, le 4 entre les tous nouveaux recrues de la willaya 4 (engagés après le 19 mars, les fameux marsiens) et l'armée des frontières.
Des soldats de la willaya 3 viennent renforcer la 4. Ni les uns ni les autres n'avaient pratiquement encore combattus.

"4 Septembre 1962.
Boumedienne encouragé par la bonne tenue de ses troupes dans cette nouvelle guerre civile, où elles ont sans état âme massacré les fells de l'intérieur dans le sud, à Constantine, à Tiaret, les lance à l'assaut de la willaya 4. (Alger).
Violents combats dans la vallée du Chelif et à Orleansville.
Aussi à Aumale, à Brazza, à Boghari On parle de milliers de morts.
Le cessez le feu est signé ce 4, Ben Bella rentre à Alger;
le compromis a consisté à mettre Saadi et l'A.L.N.au repos et à placer Alger sous la protection de la police.

"5 Septembre 1962.
Malgré le "cessez le feu" l'armée de Boumedienne essaye de balayer les troupes de la willaya 4 à Orleanville.
Le colonel Hassan y part régler le problème, investi par Ben bella qui ne souhaite ni combats trop furieux, ni victoire trop manifeste de Boumedienne.
Début septembre, le 2ème Bureau fait le point des camps d'internement connus.
Une cinquantaine sont localisés, certains avec précision :
4 dans l'Algérois, 3 dans le Constantinois, 4 chantiers de déminage .

"6 Septembre 1962.
Clandestinement, des lettres émouvantes, écrites par des Musulmans à leurs anciens patrons, parviennent en France.
D'aprés le livre du bachaga Boualem, "l'algérie sans la france" éditions france empire, 1964. "8 Septembre 1962.
Nouvel accord de cessez le feu entre la willaya 4 et l'armée de Boumedienne, completé par une nouvelle liste de candidats qui fait une part aux hommes des willayas 3 et 4.
La willaya 3 (Kabylie) prend provisoirement le contrôle d'Alger, le temps pour les troupes de la willaya 4 de disparaître tranquillement. (mais pas sans les voitures des pieds noirs ni leurs meubles…)
Les kabyles réquisitionnent le reste, ils avaient bien droit à une part du butin.

"9/10 Septembre 1962.
Boumedienne entre à Alger, Ben Bella s'installe villa Joly, mettant un terme (provisoire) à la lutte pour le pouvoir après l'indépendance.
Les "laïques" c'est à dire les communisants type Ben Khedda ou les intégrés type Ferhat Abbas sont éliminés, ainsi que leurs alliés kabyles, le pouvoir est aux "islamistes socialistes", une voie à l'algérienne qui conduira à la catastrophe économique et à la dictature des militaires.
Le Journal Officiel publie un decret autorisant les préfets à réquisitionner les locaux vacants depuis plus de deux mois.

"12 Septembre 1962.
Les personnes qui demeurent en Algérie ont pris la tragique habitude de se jeter sur le journal "Dépêche d'Algérie", à la rubrique "Recherches dans l'intérêt des famille"
... Là, entre deux déclarations de leaders politiques, s'étale le drame des Français d'Algérie.
Voici ce qu'on peut y lire. En tout, ce jour une vingtaine de disparus.

"13 Septembre 1962.
Six agriculteurs européens assassinés près d'Alger, six mois aprés la signature des déclarations d'intention d'évian.
L'épouse du commandant de bord, monsieur Viguezzi, de la compagnie Aerotec qui ce jour pilotait le prince Ibn Seoud enlevée, violée, puis la tête écrasée par des pierres

"14 Septembre 1962.
La police qui a mis des moyens considérables, qui a déjà arreté de nombreux membres du commando qui a tenté d'assassiner le général De gaulle au petit clamart, met la main sur l'organisateur,;
il s'agit d'un jeune colonel des fabrications d'armement, Jean Bastien Thiry, polytechnicien de la promotion 1947.

"15 Septembre 1962.
Pour contrebalancer l'effet désastreux provoqué sur l'opinion internationale par les enlèvements et les meurtres à Alger, le FLN, outre les charniers soi-disant laissés par l'armée française opportunément découverts, avait monté en Avril 62 toute une opération de diffamation des médecins pieds noirs.
Ils avaient en particulier enlevé un enfant soigné à Mustapha, le grand hôpital d'Alger et l'avaient amené dans une clinique contrôlée par eux, au Clos Salembier.
Là ils avaient fait défiler tout le gratin journalistique, expliquant que le malheureux avait exprès été amputé de son estomac, pour le plaisir et par pure haine des musulmans, par un médecin pied noir.
Les fonctionnaires du rocher noir en la personne de Monteil sont convaincus, mais même le correspondant du Monde tout en assurant une vaste publicité au spectacle insinue qu'il pourrait s'agir d'un montage.
Le président de l'ordre des médecins de France mène une enquête et, ce jour, six mois après, alors que tous les médecins en cause ont dû quitter l'algérie, publie ces conclusions :
" … le F.L.N. accusait le corps médical d'Algérie de refuser ses soins aux blessés musulmans, voire même de les achever, et conseillaient à ces derniers de ne plus aller à l'hôpital de crainte d'y être malmenés. L'enquête menée sur place me permet de rejeter ces calomnies ".
Bien sûr et comme d'habitude le mal est fait, tout le monde se moque des rectifications, la propagande FLN reste dans les esprits.
Quant au gamin opéré (et que le transfert a achevé) il avait été victime de polypose juvénile et l'objet d'une colostomie, traitement habituel.
Le commandant Niaux, impliqué dans le réseau de soutien au comando du petit clamart se pend dans sa cellule du Dépôt.
La veuve porte plainte pour assassinat, après plusieurs années de procédure la justice jouant les Salomon concluera au suicide mais allouera des dommages et intérets sous pretexte de "négligences".

"17/18/19 Septembre 1962.
Assassinat prés de Boufarik d'un européen 18 19 Septembre 1962
Une tête d'européen, scalpée, est retrouvée près de la statue déboulonnée de Jeanne d'Arc, en plein Alger.
Pour la première fois depuis l'indépendance du 3 Juillet, l'ambassade de France à Alger proteste auprès des autorités algériennes contre les massacres des nouveaux algériens qui furent français et partisans de l'intégration.
"20 Septembre 1962.
Elections législatives (enfin ) en algérie, elles ont lieu avec deux collèges, retour à la situation d'avant 58, musulman et autres, il y a une liste unique par collège dont les membres ont été désignés par les partisans de Ben Bella, il n'y a pas d'isoloirs, il y a (paraît-il) 99 % de votants et 80 % en faveur de ses listes, le contrôle de Ben Bella (et Boumedienne) s'avère total sur l'ensemble de l'algérie et du Sahara.
Les listes de candidats uniques ont été remaniées suite à la victoire de l'armée de Ben Bella sur la willaya 4, il y en a 80 % venant du groupe de Tlemcen.
Une lettre du bachaga Boualem, ancien vice président de l'assemblée nationale au journal le Monde racontait ces événements du 20 septembre 1962, concernant le sort des anciens supplétifs de Maillot {Grande Kabylie):
- Mebarki, émasculé et dépecé vif.
- Zerkak a subi le même sort.
- Meziane Daou, 63 ans, ancien harki, garde champêtre d'Ouled Brahim, arrêté, relâché, puis repris, a été exécuté, en août, à coups de bâtons, dans la cave de l'ancien Dar el Askri (maison des anciens combatants) à dix mètres du 22 ème BCA, après "jugement".
- Zaïdi, sergent, ancien combattant d'Italie de France et d'Allemagne, muté dans la force locale a subi le même sort.
- Merouane Amar, père de famille nombreuse a été torturé; il a été ramené chez lui pour qu'il indique où il cachait son argent.
Sa maison à Maillot était à cent mètres du P.C. du 22 éme B.C.A. Il a été abattu ensuite à Chelirfa.
Au mois d'août, les locaux de la S.A.S. servaient journellement de lieu de torture et d'exécution.
- Moualid a été torturé, il a été amené chez lui pour qu'il indique où il cachait son argent.
Sa maison à Maillot était à cent mètres du P.C., toujours occupé, du 22éme B.C.A, qui n'a pas bougé. Il a ensuite été abattu à Chelirfa. (Son neveu Ahmed s'est suicidé.) Moualid laisse une femme et neuf enfants, de 2 à 14 ans.
- Boucherit, sergent-chef, qui avait deserté, a été promené dans la vallée de la Soummam au bout d'une corde fixée à un anneau lui traversant le nez.Roué de coups, abreuvé seulement d'eau salée, il a finalement été abattu.
- Les chefs de village des Beni-Hamadou ont eu les lèvres et le nez coupé.
- Les anciens harkis et chefs de village de la région de Beni Hamdoune (5 kms au nord ouest de Tazmalt) ont eu les lèvres et le nez coupés avant d'être exhibés dans les douars voisins.
- A Iril n'Zerouine seraient detenus plusieurs dizaines de harkis.
Il y a des charniers à ciel ouvert sur la route d'Aumale.
Le Monde avait des choses plus urgentes ce jour là, et les jours suivants, ses lecteurs n'en ont rien su. "21 Septembre 1962.
Discours de Ouzzegane, futur premier ministre de l'agriculture : "les européens pourront rester pour gérer les terres, offrant ainsi leurs compétences techniques". Il s'agit de gérer les terres, pas leurs propriétés.
Le Monde pleure sur les résultats de la politique qu'il a voulu sans discontinuer depuis 1956.
C'est à l'occasion de la découverte des corps de techniciens de chez Berliet, dont la plupart étaient des coopérants, amis du Monde, venus remplacer des pieds noirs, le Monde n'a jamais versé une larme sur les pieds noirs dont il approuvait le sort.
Bien sûr ce sont des incontrôlés mais "il ressort des propos tenus par les fractions extrémistes du F.L.N. qu'il existe un plan tendant à éliminer systématiquement, notamment par la terreur, les agents de l'activité économique européenne en Algérie (…) Il s'agit de couper court au néocolonialisme économique dont les accords du 19 Mars seraient la charte ".
Bien entendu le Monde, bien informé, n'ignore pas qu'il s'agit là de la simple application de la charte de Tripoli, et que les chefs de cette "faction" sont Ben Bella et Boumedienne.
Mais bon toute vérité n'est pas bonne à dire brutalement.
En outre quand les activistes disaient ça, ils étaient traités de racistes, faut assurer la transition en souplesse.

"22 Septembre 1962.
Quelques uns des pieds noirs enlevés arrivent à s'échapper, tel est le cas de quelques unes des trente personnes regroupées au camp Labat à Maison Carrée et conduites à Orly par un avion militaire, (Le Monde du 22 septembre 1962).
Ces témoins racontent qu'ils ont été retenus prisonniers dans des localités perdues de l'Atlas blidéen.
Dans la journée, ils étaient exposés en plein soleil sur la place publique.
L'un d'eux fut lié à un poteau et lapidé par les femmes et les enfants d'un douar (L'Aurore du 15 septembre 1962).
Un autre prisonnier raconte son calvaire en ces termes:
"On m'a traîné de village en village, enchaîné, les menottes aux poignets, on m'a battu, insulté. Les femmes m'ont couvert de crachats et j'ai finalement été soumis au supplice du pal à l'aide d'une bouteille. Enfin, on a simulé mon exécution par fusillade, mais le peloton a volontairement tiré à côté" ( Paris-Jour du 21 septembre 1962).
Les fiches du Deuxième Bureau contiennent de nombreux renseignements sur les camps de l'ALN où sont détenus des Européens dans l'Algérois.
C'est le cas du camp de Romili près de l'Arba à trente kilomètres d'Alger au pied de l'Atlas.
D'autres camps sont signalés dans ce secteur. Par exemple, le village de regroupement du Techt entre l'Arba et Rivet.
Bien entendu, de peur de troubler le climat politique, l'armée française n'intervient pas.
Jamais l'armée n'est allée dégager ces camps, l'action du gouvernement français s'est bornée à demander des enquêtes de la croix rouge, qui n'a été autorisée à visiter ses emplacements qu'en novembre, une fois les corps soigneusement dissimulés. Ces corps sont ressortis quarante ans après et généreusement attribués à l'armée française sous les acclamations médiatiques.

"24 Septembre 1962.
Un des derniers "comité des affaires algériennes", le véritable centre de décision sur l'algérie, présidé par De gaulle lui-même, dont Debré n'était pas membre permanent et où figuraient les responsables locaux, Delouvrier puis Fouquet.
Ses archives sont maintenant ouvertes, elle éclairent cruellement les décisions prises à l'époque On s'y félicite que l'armée française ait pu sauver des nationaux isolés sans autre réaction du F.L.N.
Pompidou enjoint à l'ambassadeur de "faire pression pour qu'il soit mis fin aux enlèvements de ressortissants français (rappelons que les harkis ne sont plus français à cette date), que les personnes appréhendées soient relâchées, que les auteurs de crimes commis à l'encontre d'Européens soient recherchés et châtiés".
On augmente encore le découvert autorisé à l'algérie, porté à un milliard deux cent millions.
On libérera par anticipation les enseignants sous les drapeaux acceptant d'aller en coopération en Algérie.

"25 Septembre 1962.
L'exécutif provisoire remet ses pouvoirs à Ben Bella.
Les déclarations d'intention d'évian prévoyaient que ceci se passerait fin juillet après le référendum et l'élection d'une assemblée nationale constituante.
Les luttes internes des différents clans du FLN ont demandé deux mois de plus.
Ferhat Abbas est élu président de l'assemblée, Ben Bella premier ministre, Boumedienne ministre des armées, l'intérieur à un ami de Ben Bella, le petit jeune Bouteflika est à la jeunesse et au sport.
A part Ben Bella, pas un seul ministre du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) avec qui De gaulle a négocié ne figure dans le nouveau gouvernement…
Cette assemblée (élue sur liste et candidature unique…) comporte, conformément aux déclarations d'intention d'évian des représentants des pieds noirs.
Choisis par les Ben Bellistes, ce sont pour la plupart des soutiens du F.L.N. une exception notable, Puech Samson, industriel de la cigarette, compagnon de la libération, il a rompu avec De gaulle en 1960, a été élu député Algérie Française de Mostaganem, a rejoint l'O.A.S. est resté à l'indépendance pour sauver les meubles.
Comme tous les pieds noirs qui ont tenté de rester après l'indépendance, il est contraint de rejoindre la métropole en 1964. (Voir au sujet des tentatives faites par les pieds noirs pour rester en Algérie mon excellent bouquin "pieds noirs en Algérie après l'indépendance, l'harmattan,)
Un agriculteur européen et sa femme assassinés dans la Mitidja. Trois autres enlevés à Orleansville.

"26 Septembre 1962.
Une note de l'état major de ce jour demande de mener une politique à l'égard des français musulmans des forces armées:
"la politique menée à leur égard doit aboutir au premier novembre, à leur disparition de nos forces en algérie, soit par mutation en métropole, soit par résiliation du contrat".
Toujours les susceptibilités FLN à sauvegarder, ils n'acceptent pas que des français nés en algérie et de confession musulmane y demeurent encore.

"27/28 Septembre 1962.
Le camarade Boumaza, ancien chef de la fédération de france, le plus fidéle soutien du G.P.R.A. e t de Ben Khedda s'est rallié, il ne quitte plus Boumedienne il semble promis aux plus hauts postes.
Ben Bella constitue son gouvernement, une seule consigne,
"personne qui ait eu la moindre responsbilité dans le G.P.R.A." c'est oublier que depuis ses chateaux français il en était le vice président.
Nimier Roger se tue au volant de sa voiture de sport. Après la mort de Camus, lui aussi dans un accident de la route, la mort de Nimier prive la droite française de ses éléments les plus reconnus.
Si on ajoute la mort de Valentin, aussi dans un accident de voiture, on voit que Allah souhaitait que l'algérie soit livrée à Boumedienne.
Ou que les archives des services secrets n'ont pas encore livré tous leurs secrets. Deux jeunes instituteurs venus au titre de la coopération, et le docteur Ruffino qui avait signé lui aussi un contrat de coopération sont assassinés à Philippeville.

"25 Septembre 1962.
Une note de Messmer fait le deuil (implicite) des déclarations d'intention d'évian :
"La protection des populations européennes est l'élément principal de votre mission. Le cas échéant, il faut protéger leur repli vers nos garnisons, et préparer la défense de zones refuges autour des ports et des grands aérodromes, en vue de leur évacuation".
Pas un mot sur les supplétifs dont le sort est pire encore...

"30 Septembre 1962.
La rentrée est effectuée, les comptes sont faits:
BILAN:
Depuis le début de l'année, 800.000 pieds noirs ont quitté l'algérie, soit près d'un million depuis le débutdes "évenements" il en reste à peine 200.000
, ils ont été remplacés par 40.000 coopérants, surtout enseignants, attirés par l'importante prime accordée.
407 européens ont été enlevés en septembre, portant à plus de 2.500 le nombre d'enlevés depuis le cessez le feu

(les consulats français ne comptent plus les musulmans, même s'ils se présentent pour être protégés, ou si l'un ou l'autre leur indique les enlèvements ou les massacres).
De même les consulats comptabilisent 800 morts depuis le 6 juillet (ainsi on évite de se mouiller sur le bilan du massacre du 5 Juillet à Oran, chiffré par les pieds noirs à 3000).
Dans ses mémoires, Ben Bella indique qu'à fin septembre "7000 des 22000 agriculteurs n'étaient pas rentrés, bien qu'en accord avec le gouvernement français, j'avais indiqué dans mes discours que ceux qui abandonnaient leur terre ne seraient pas indemnisés".
Dans un souci de justice, ceux qui n'ont pas abandonné leur terre n'ont pas été indemnisés non plus. Le bilan complet des actions de l'O.A.S. tel qu'établi par le gouvernement gaulliste, qui lui en prête avec générosité est de :
- 279 plastics en métropole, visant 206 personnalités politiques , 51 journaux ou journalistes, et 22 installations surtout installations de retransmissions de radio ou de télévision.
- 34 assassinats généreusement attribués à l'O.A.S. par le gouvernement.
- 9 à 12000 plasticages en algérie.
- Environ un millier d'assassinat de musulmans, sous espéce statistique, y compris les ratonnades que pourtant l'O.A.S. a essayé d'empêcher dans toute la mesure du possible.









OCTOBRE 1962

"1 Octobre 1962.

Le cadavre d'une européenne retrouvé à Voltaire.
Témoignage:
"Le lieutenant BOUMEDIENNE Mouloud (A.L.N.) a fait égorger trois Harkis
Six autres ont été attachés, arrosés d'essence et brûlés vifs en plein centre de Tizi-Ouzou.
J'ai été caché dans un hôtel tenu par une Européenne. C'est elle qui m'a aidé à me sauver dans la nuit et j'ai rejoint l'armée.
Des Européens ont voulu nous protéger et nous cacher, mais eux-mêmes ont été menacés de mort si pareille chose se reproduisait."

Autre témoignage:
" Camp de Beni-Douala (département de Tizi-Ouzou): Aux Beni-Doula, un camp de représailles et de tortures a été ouvert dans les locaux de la S.A.S.. Les harkis de la région y ont été internés.
Certains, ont eu les paupières cousues, ont été maquillés et habillés en femmes et promenés dans le village. a été vu aussi, le nez transpercé d'un fil de fer auquel était suspendu un poids, exposé à la foule. L'entrée coûtait 500 francs. Des coups de canne lui ont été administrés.
Il est mort au bout de trois ou quatre heures"

Témoignage oculaire :
" Voici ce qui s'est passé, en Algérie, à Trolard Taza après la libération:
Le F.L.N. a reconstitué les deux petites unités de harkis qui avaient mené le combat dans les rangs de l'armée française. Devant un grand concours de population, il les a disposées face à face, dans une arène improvisée, et leur a imposé une rencontre au poignard.
Comme la combativité des malheureux était médiocre, en dépit de la promesse de laisser la vie sauve à l'unité victorieuse, l'A.L.N., pour stimuler les énergies, a abattu sur-le-champ quelques harkis.
Le combat eut lieu, âpre, sauvage ... Et les survivants furent abattus, tous, par l'A.L.N. et leurs corps abandonnés sans sépulture pendant plusieurs semaines."

"Au cessez-le-feu les rebelles nous ont mis en confiance. Ils nous ont fait déserter.
J'ai moi-même déserté. Ils nous ont regroupés dans des camps, pris notre argent, nos armes, nos bijoux ... ils ont formé des camarades choisis parmi les plus jeunes et les plus courageux pour aller combattre l'O.A.S.
Après le 1er juillet nous avons compris notre erreur. Nous avons manifesté notre mécontentement.
Une vingtaine d'entre nous ont été exécutés immédiatement.
La surveillance relâchée après plusieurs jours nous nous sommes révoltés.
Les cimetières chrétiens de Philippeville et d'Affreville sont profanés, il s'agit de récupérer les dents en or et autres cercueil de bonne qualité.

"2 Octobre 1962.
Récit de moghzani
Son père mutilé de guerre, officier de la Légion d'honneur, faisant fonction de garde champêtre, a subi le même sort.
Dans le même village de Lentia, un Harki a été taillé en lambeaux devant sa femme et ses enfants et a agonisé pendant quelques jours devant la porte de sa maison.
Quelques jours après, a été tué à coups de bâton dans les jardins.
Nous avons réussi à rejoindre la France; nous sommes arrivés à Clermont-Ferrand où mon camarade s'est fait prendre par le F.L.N., a été torturé puis égorgé.

"3 Octobre 1962.
Procés fait à Jacques Perret:

"4 Octobre 1962.
Alors que les rapports les plus précis sur le sort des enlevés s'accumulent depuis mars 62, la croix rouge internationale commence seulement son enquête en algérie, le F.L.N. ayant mis tous les bâtons possibles dans les roues.
40 enquêteurs se partagent le territoire algérien.
Leur rapport ne sera divulgué que récemment, ils recherchaient 80 militaires et 1264 civils (sur les 3000 répertoriés) tous européens
(le gouvernement français de l'époque - comme celui d'aujourd'hui- n'en avait rien à foutre des harkis) ils sont tous déclarés décédés.
Le gouvernement français continue à payer le budget algérien.

"5 Octobre 1962.
Une centaine de personnes encadrées par des A.T.O. envahissent la cathédrale d'Alger.
Ils fouillent partout.
Le Monde explique que c'est normal puisue la cathédrale est à l'emplaement d'une mosquée détruite en 1844.
Le vicaire qui était présent déclare: "ils étaient curieux, ils ont voulu voir avec les mains. Leurs intentions n'étaient pas mauvaises.
Le sous officier A.T.O. qui est monté en chaire faire un discours a même fait l'éloge de monseigneur Duval.
" En tout cas le message est clair, la cathédrale est déssacralisée, les clés remises fin Octobre, la mosquée est inaugurée le 2 Novembre.

"6 Octobre 1962.
Deux agriculteurs européens assassinés à Djelfa.
Pour une fois le gouvernement algérien proteste (uniquement pour les prêtres).
Le gouvernement français regarde ailleurs et continue à payer les dépenses de l'algérie, conformément aux déclarations d'intention d'évian.

"9 Octobre 1962.
De gaulle met fin à l'état d'urgence qu'il avait décrété le 23 avril 1961.
Il continue à payer les fins de mois du F.L.N.
Un agriculteur européen disparaît à Saint Denis du Sig.

"15 Octobre 1962.
A Akbou, à 11 heures du matin, l'ancien maire, ancien combattant de la guerre 42/44 est lynché par la foule ameutée par une section de l'ALN. 5 harkis qui essayent de le défendre sont abattus.
La foule excitée par la vue du sang se répand dans les douars environnant et massacre 17 harkis.
Le maire de ce village, ancien harki lui aussi doit assister à la mort dans d'horribles souffrances de toute sa famille, 25 personnes, avant d'être massacré à son tour.
Cette histoire montre bien qu'il ne s'est pas agi dans le massacre de nos malheureux compatriotes de vengeance de la foule mais bien d'une opération de froid génocide organisée par le F.L.N.
En effet les accords d'évian ont sept mois, l'independance trois mois et demi.
Ici comme dans beaucoup d'endroit ces massacres n'ont pas été spontanés et immediats, mais provoqués par les cadres FLN rapatriés de métropole ou de l'exterieur et qui coupés des réalités algériennes essayent de gagner à retardement leurs galons de combattant..
Le gouvernement français a continué à payer le F.L.N. sans faiblir jusqu'à fin 62.
Plusieurs européens assassinés à Rovigo.

"16 Octobre 1962.
Un couple européen assassiné près de Ténés.

"Courant Octobre 1962.
Un harki de Paris, ancien parachutiste, qui avait cru possible d'aller voir sa famille, immolé avec les barbaries habituelles à Alger.

"18 Octobre 1962.
Bataille rangée à Toulouse. Deux OAS, sont interpellés par des policiers.
Ils sortent des colts et couvrent leur fuite. Deux policiers sont blessés, l'un à la jambe l'autre à l'épaule, mais un OAS parchutiste du Nord, élevé par une famille d'accueil,au 1/22 RIMA il déserte et rejoint l'OAS.
Il sera des deltas, du maquis Albert, du maquis de l'Ouarsenis, passera en métropole après l'independance, est également blessé, il s'écroule après quelques mètres; un policier le rejoint et l'achéve d'une balle dans la nuque.

"19 Octobre 1962.
Le conseil d'état déclare illégale la cour militaire de justice car elle constitue "une grave atteinte aux principes généraux du droit";En particulier l'impossibilité du droit de recours.
Les gaullistes créeront immédiatement une nouvelle cour de justice, après avoir mis bon ordre au conseil d'état.
Cette décision sauve la vie d'André Canal, industriel algérois, membre du commando du petit Clamart, qui devait être exécuté ce même soir, et par contre coup celle de Jouhaud.
Mais ne ressuscite ni Piegst et Dovecar, ni Degueldre.
De gaulle furieux commente cette décision "anormale" et qui "encourage la subversion".
Il fit créer une nouvelle juridiction la Cour de Sûreté de l'état, destinée en principe à la pérennité, et dans la loi fit figurer une disposition disant que "les ordonnances passées ont et conservent force de loi depuis leur publication".
Cette loi (20 février 1963, J.O. du 25) est votée, et Canal est en application de cette loi de nouveau condamné à mort légalement,
De gaulle est content, il le gracie.
Par contre, les accusés du petit clamart qui étaient en cours de jugement continuent à être jugés, et De gaulle ne graciera pas Bastien Thiry.

"20 Octobre 1962.
Le général de Brébisson transmet la note suivante, concernant les harkis, qui gaillardement continuent à être éradiqués du paysage algérien:
"difficultés présentées par l'arrivée en france des ex-supplétifs…
n'accorder l'asile que dans des cas exceptionnels…
plus de 6.000 personnes dans nos camps malgré le départ vers la métropole de 1.300 en septembre et octobre…
le ministre (Messmer, de l'académie française) m'a fait savoir que cet hiver la capacité d'absorption serait largement saturée…on craint que le gouvernement algérien ne prenne ombrage de nos centres ouverts à ses opposants…
interrompre le courant…la situation politique est suffisamment fluide pour que tout supplétif puisse se sentir menacé…
j'ai eu l'accord du gouvernement pour que 800 célibataires soient prochainement envoyés en france ouvrir des camps pour les autres…
en conséquence vous voudrez bien premièrement vérifier que tout le personnel présent dans les camps correspond aux critères des notes …
deuxièmement interrompre toute nouvelle admission les cas exceptionnels me seront personnellement soumis. "


"22 Octobre 1962.
Peyrefitte qui a pris en Août la succession du désastreux Boulin (l'homme des vacanciers qui ont avancé leurs vacances d'un mois) au ministère des rapatriés, explique la situation à De gaulle.
"N'essayez pas de m'apitoyer", sa seule réponse.
A Alger Ben Bela signe un décret confiant les terres "vacantes" (c'est à dire soit abandonnées, soit données en location, soit mises en gerance par les propriétaires pieds noirs y compris celles dont le proprietaire a été enlevé) à des "comités de gestion provisoire", l'ébauche de l'autogestion.

"23 Octobre 1962.
Note du ministre des armées Mesmer:
"Ne plus faire de promesse de rapatriement en métropole".

"En Conclusion une déclaration":
Le Maréchal JUIN déclarait :

( Né le 16 décembre 1888 à Bône (Algérie) dans une famille relativement modeste (fils et petit-fils de gendarmes).
Après ses études aux lycées d’Alger et Constantine, il intégrera Saint-Cyr en 1910 d’où il ressortira major de sa promotion en 1912.
En 1952, JUIN est élevé à la dignité de Maréchal de France et élu à l’Académie Française. Bien qu’hostile à la politique algérienne du Général de Gaulle, il demeura fidèle à la République.)
" Que les Français en grande majorité aient, par réferendum, confirmé, approuvé l'abandon de l'Algérie, ce morceau de la France, trahie et livrée à l'ennemi.
Qu'ils aient été ainsi complices du pillage, de la ruine, du massacre des Français d'Algérie, de leurs familles, de nos frères musulmans, de nos anciens soldats qui avaient une confiance totale en nous et ont été torturés, égorgés, dans des conditions abominables, sans que rien n'ait été fait pour les protéger :
cela je ne le pardonnerai jamais à mes compatriotes.
La France est en état de péché mortel.
Elle connaîtra un jour, tôt ou tard, le châtiment."







NOVEMBRE 1962

"1 Novembre 1962.

Dans un grand discours, Ben Bella annonce qu'il transfère 2,7 millions d'hectares au "secteur socialiste" en commençant par les terres abandonnés par les européens.
Il annonce ainsi dès ce jour, les futures expropriations. De gaulle, imperturbable continue à payer les fins de mois de l'Algérie.

"3 Novembre 1962.
A Lisbonne où ils bénéficient à la fois d'une certaine complaisance du régime de Salazar et d'une surveillance étroite des services spéciaux Français, Bidault, Soustelle, Argoud, Rossfelder sont rejoint par des rescapés de l'O.A.S.

"9 Novembre 1962.
Un député UNR (gaulliste, immédiatement démissionné) publie dans un rapport que "le camp de saint Maurice l'ardoise présente toutes les caractéristiques des camps de concentration… fer barbelé, tour de guets, chiens etc...
64% des 11.000 internés n'ont jamais été inculpé (mise en examen de l'époque) 22% auraient dû être en liberté provisoire, les juges ayant ainsi jugé, 14% avaient été acquittés.
" On y trouvait des journalistes, des députés ou d'anciens députés, des professeurs d'université, le Général Vanuxem y passa deux ans sans jugements.
Tout ce que la France comptait de sourcilleux amateurs des droits de l'homme et tous les amis de la liberté qui avaient remplis les journaux de leurs protestations d'indignation quand il s'agissait de leurs amis du FLN trouvaient ça très bien.

"10 Novembre 1962.
Un colonel est égorgé dans sa villa à Alger, une dame dans sa charcuterie, ainsi que plusieurs hommes et femmes, ancien député MRP de Kabylie, et ou chevalier de la légion d'honneur.
Un député, maire d'Akbou, lynché par la foule.
A Saint Cyprien des Attafs, les pères blancs, sont retrouvés au bord du Cheliff, abattus d'une rafale de pistolet mitrailleur,
. La plupart de ces assassinats sont réalisés par des officiels de la nouvelle république.

"13 Novembre 1962.
Le Monde se réveille et publie l'article suivant: "Du 19 mars au 1 novembre 1962, plus de 10 000 harkis auraient été tués en Algérie.
Le gouvernement de M. Ben Bella préparerait actuellement un texte frappant d'indignité nationale, les anciens harkis et plus généralement
Les « Musulmans Algériens » ayant combattu aux côtés de l'Armée française.
De quelque façon que l'on apprécie cette initiative, rapporte l'envoyé spécial du Monde à Alger, Jean Lacouture, notamment par rapport aux accords d'Evian, il faudrait y voir la première intervention officielle du pouvoir d'Alger dans un domaine où jusqu'alors régnait l'arbitraire et qui a donné lieu aux pires excès d'une période qui en a connu de nombreux.
D'autre part, de nouvelles tueries ont eu lieu à l'occasion de la célébration du 1er novembre.
On cite dans le Constantinois des cas de harkis tués en public sur la place du village.
Ce faire-part officiel de la mort de plus de 10000 harkis qui ont eu droit à la rubrique nécrologique du Monde, inséré juste au-dessous de la phrase historique de M. Ben Bella: "Il n'y a pas de place pour la haine dans ce pays,".
En fait et à sa manière hypocrite habituelle, le Monde a refusé de parler du problème tant que ce fut possible, le temps que ça devienne irréversible, puis quand il en parle c'est pour le minimiser.
Rappelons ces paroles de Camus, dont la mort a eu une influence décisive sur l'avenir de l'Algérie, en supprimant une voix de paix:
"Quand le destin des hommes et des femmes se trouve lié, directement ou non, à ces articles que l'on écrit si facilement dans le confort du bureau, on a le devoir d'hésiter et de peser le pour et le contre".

"14 Novembre 1962.
Le fils du grand explorateur Savorgnan de Brazza, conservateur du musée de son père dans la maison familiale des hauts d'Alger, qui a voué sa vie au souvenir de son père, se suicide de désespoir, le musée ayant été à plusieurs reprises pillé et vandalisé, dans l'indifférence des autorités françaises.
Selon une autre version, il est mort des suites des blessures, agressé qu'il fût, pour la seconde fois, alors qu'il se rendait du musée à sa maison de la colonne Voirol. Une voisine raconte que les collections du musée (du moins la partie en bois) servirent de combustible aux factionnaires algériens cet hiver-là.

"16 Novembre 1962.
La réunion du comité des affaires Algériennes de ce jour est celui du désenchantement.
La réalité apparaît crûment.
De Gaulle y déclare: "Les réalités apparaissent face aux illusions de l'Algérie Française. Nous n'avons aucun intérêt à maintenir une situation anormale; le désengagement est notre règle d'or.
Il n'y a pas d'état, il n'y en a jamais eu. Les turcs pendaient les gens dans les coins.
L'armée algérienne est la seule réalité, elle n'a jamais combattue, restera-t-elle cohérente?
les français ne seront que des souffre douleurs, il faut ramener l'armée au plus vite, il n'y a plus rien à faire; reste la magma algérien."
Le comité "doit tenir compte de l'incapacité actuelle du gouvernement Algérien à assumer la marche de l'état."
On y enregistre 2800 pieds noirs disparus, les harkis torturés, les biens spoliés, les déménagements empêchés, le statut d'Alger et d'Oran non mis en œuvre, la cour des garanties non constituée.
Le comité mettra l'Algérie "en face de ses responsabilités et tendra à lui faire accepter l'indemnisation des victimes de ces mesures"
(il s'agit des spoliations). Les pieds noirs attendent toujours.

Le 16 novembre enfin, le Comité prend "en considération les importants changements survenus depuis la signature des accords d'Evian
... et l'incapacité actuelle du gouvernement Algérien à assurer la marche de l'Etat" .
Face à ce qui apparaît comme un échec de la politique d'Evian, il est décidé de prendre des mesures conservatoires:
"veiller à la sécurité des retours d'européens en métropole... revoir les plans de rapatriement de l'armée française, et limiter dans les plus brefs délais l'immigration Algérienne en France" .


. "28 Novembre 1962.
Le général Jouhaud est gracié il sera resté 229 jours dans la cellule des condamnés à mort l'attendant quotidiennement.
Sa femme attendait jusqu'au petit matin le coup de téléphone de l'avocat.
Elle allait à la première messe, puis revenait dormir.
Il est transféré à Tulle où il retrouve ses compagnons de combat.



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MEMOIRES D'UN EXODE:


Intervention Lionel LUCA (Député) sur les Français d'Algérie:



Dernière modification : 01/11/2015 à 16:01